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Car, chim. L'acide hydrochlorique, qu'il soit pur ou du commerce, offre les caractères chimiques suivants : 1° Il colore en rouge clair la teinture de tournesol; 2o Donne avec l'azotate d'argent un précipité blanc, lourd, pesant, cailleboté (chlorure d'argent), insoluble dans l'eau, l'acide azotique à froid et à chaud, et complétement soluble dans l'ammoniaque. Ce précipité, lavé, desséché et chauffé dans un tube de verre, à une chaleur rouge, fond sans se décomposer, et se prend ensuite en masse cristalline par le refroidissement; 3o Chauffé dans un petit tube avec du sesqui-oxyde de manganèse, l'acide hydrochlorique dégage du gaz chlore, reconnaissable à son odeur, à sa couleur jaune verdâtre, à ce qu'il décolore le papier bleu de tournesol qu'on place à l'entrée du tube.

L'acide hydrochlorique du commerce, connu aussi sous les noms d'acide muriatique, d'esprit de sel, se distingue de l'acide pur, d'abord par sa couleur. Etendu d'eau et traité par le cyanure jaune de potassium et de fer, il se colore en bleu et donne un précipité de la même couleur (bleu de Prusse), ce qui indique la présence du fer; évaporé jusqu'a siccité, il laisse un résidu blanc de chlorure de plomb, lorsqu'il contient de ce métal. Il renferme quelquefois de l'acide sulfureux, qu'on reconnaît, à ce que, si l'on dissout 8 à 10 gramm. de proto-chlorure d'étain dans environ 16 gramm. d'acide, il se trouble immédiatement, devient jaune, et, si l'on ajoute trois ou quatre fois son volume d'eau distillée, il se dégage du gaz hydrogène sulfuré, le mélange prend une teinte brune, laisse déposer une poudre de la même couleur, composée de proto-sulfure et de bi-oxyde d'étain (Girardin).

Acide hydrochlorique étendu.

L'acide hydrochlorique se mêle en toutes proportions avec l'eau. La solution qui est incolore, donne ou non, selon qu'elle est plus ou moins étendue, de vapeurs à l'air, ou lorsqu'on promène à sa surface un bouchon imprégné d'ammoniaque. Elle rougit le tournesol, forme avec le nitrate d'argent un précipité caractéristique; mais, ne dégage pas de chlore par le sesqui

oxyde de manganèse. Les deux premiers réactifs seraient certainement suffisants, cependant, un liquide tenant en solution un chlorure et un tout autre acide, donnerait les mêmes réactions. Il faut, afin d'éviter toute cause d'erreur, retirer l'acide hydrochlorique par la distillation, les chlorures, si ce n'est l'hydrochlorate d'ammoniaque, n'étant pas volatils à cette température. On introduit les liquides dans une cornue de verre, à laquelle est adapté un récipient contenant un peu d'eau distillée et constamment entouré d'eau froide; on distille à feu nu, ou au bain de sable, jusqu'à ce que les vapeurs n'offrent plus de réaction acide, et on constate l'acide hydrochlorique dans le produit distillé, par le papier tournesol et le nitrate d'argent ; une portion saturée par la potasse, ne doit pas donner d'odeur ammoniacale; évaporé ensuite à siccité, le résidu chauffé avec du sesquioxyde de manganèse et de l'acide sulfurique, laissera dégager du chlore. Le liquide de la cornue complétement évaporé, ne doit pas laisser un résidu plus abondant que n'en laisserait l'acide hydrochlorique du commerce, ramené au même degré de dilution. Si par la distillation simple, on n'obtenait pas assez d'acide hydrochlorique, pour en bien constater les caractères, on opérerait la distillation au bain de chlorure de calcium. (Voyez ci-après.)

Acide hydrochlorique et matières organiques.

L'acide hydrochlorique avive un peu la couleur du vin; il n'altère pas la bière, le cidre, le thé, le café, l'eau sucrée; rougit les infusés végétaux, bleus et violets; coagule le lait, surtout à chaud; un excès d'acide dissout le coagulum, en partic a froid, complétement à chaud, et communique au lait une couleur brune. Il noircit et coagule le sang; précipite les liquides albumineux en flocons blancs, qu'un excès d'acide redissout, en se colorant en bleu. Il ne trouble pas les dissolutions de gélatine. L'acide hydrochlorique divise, ramollit les aliments, les réduit en une bouillie pultacée, noirâtre. Il produit sur les muqueuses et les tissus mous des escarres grisâtres, qui passent au brun noirâtre et se dissolvent dans un excès

d'acide. Enfin il précipite la matière jaune et verte de la bile.

Analyse. Pour démontrer l'acide hydrochlorique dans ces matières organiques, il faut d'abord constater leur réaction acide par le papier de tournesol, leurs caractères physiques, et si elles donnent ou non des vapeurs blanches à l'air, ou à l'approche d'un bouchon imprégné d'ammoniaque.

Lorsque les matières sont solides comme le tube intestinal, ou solides et liquides comme celles des vomissements, ou contenues dans les organes gastriques, on les met à macérer, à deux reprises différentes, dans s. q. d'eau distillée, dans le but de dissoudre, d'en séparer l'acide hydrochlorique. M. Devergie conseille de faire bouillir, et qu'ainsi, on les épuise plus complétement de cet acide. On passe ensuite à travers un linge serré, on filtre même si la filtration en est facile, et l'on soumet le liquide à la distillation. Si on opérait sur des liquides organiques, le vin, le cidre, la bière, on les soumettrait à la distillation sans opération préliminaire.

Manière de procéder. M. Orfila distille les liquides organiques dans une cornue, à feu nu, ou au bain de sable, comme nous l'avons indiqué en parlant de l'acide étendu. M. Christison, ayant remarqué, qu'on n'obtenait ainsi qu'une faible portion d'acide, lequel, en ce cas, est retenu par les matières organiques, fait qui a été confirmé par les expériences de M. Devergie, opère la distillation au bain de chlorure de calcium, c'est-à-dire, à une température de 240 °. A cet effet, on introduit les matières organiques dans un matras, auquel est adapté un tube coudé assez large, communiquant avec un récipient contenant un peu d'eau et constamment entouré d'eau froide. La branche du tube qui communique au matras, offre un renflement en boule. On plonge le matras jusqu'à son col, dans un bain composé de parties égales d'eau et de chiorure de calcium; on le fixe; on chauffe jusqu'à ébullition; on continue la distillation jusqu'à ce que le liquide du matras soit évaporé presque à siccité; on délaie le résidu dans de l'eau distillée, et l'on procède à une nouvelle distillation. On peut aussi opérer la distillation dans une cornue ordinaire.

On reconnaît l'acide hydrochlorique dans le produit de la distillation, par le papier de tournesol qui est rongi, par le nitrate d'argent qui donne un précipité caractéristique: une portion saturée par la potasse ne doit pas donner d'odeur ammoniacale (preuve qu'il n'y a pas d'hydrochlorate d'ammoniaque); évaporée ensuite jusqu'à siccité, le résidu chauffé dans un tube avec du sesqui-oxyde de manganèse et d'acide sulfurique, dégagera du chlore. Avant de soumettre le liquide à ces expériences, on s'assure par l'odeur, s'il ne s'est pas dégagé d'autres produits volatils. (Alcool, éther, acides acétique, hydrocyanique.

par ce

Comme le nitrate d'argent est le réactif commun de l'acide kydrochlorique et des chlorures, et que les matières organiques solides et liquides contiennent du chlorure de sodium, on pourrait commettre une erreur, si on les traitait directement réactif. La distillation a pour but de séparer non-seulement l'acide hydrochlorique des matières organiques, mais encore des chlorures non volatils. Quoiqu'on opère à une température très-élevée, on ne parvient pas d'après M. Devergie à les en dépouiller complétement. Dans ces recherches, il y a un certain nombre d'erreurs à éviter et qu'il est bon de signaler.

1o Les liquides organiques tenant en solution du chlorure de sodium, de potassium, etc. et un acide fort, le sulfurique, le phosphorique, donneraient à la distillation un produit qui offrirait les mêmes réactions. Aussi, faut-ils'assurer, si le résidu de la cornue, après avoir été délayé dans de l'eau distillée et filtré, ne contient pas ces acides ou leurs sels, soit par l'eau de baryte, la potasse, l'acide hydrosulfurique, soit en l'évaporant jusqu'à siccité. On constaterait alors la nature et la quantité du précipité.

2o L'hydrochlorate d'ammoniaque est volatil; il existe dans la salive, le suc gastrique et plusieurs autres liquides; il se forme par la décomposition spontanée ou par le feu des matières organiques, surtout en présence du chlorure de sodium; il est d'ailleurs donné comme médicament. Si les liquides renfermaient en même temps un acide volatil, l'acétique par

exemple (le suc gastrique en contient), le produit distillé présenterait les mêmes réactions que celui qui proviendrait de l'acide hydrochlorique et des mélanges organiques.

5° L'acide hydrocyanique sert de médicament : il se forme dans quelques circonstances particulières que nous indiquerons plus tard; il est volatil; il donne par l'azotate d'argent un cyanure d'argent analogue au chlorure, mais qui en diffère parce qu'il est soluble à chaud dans l'acide azotique, et qu'il est décomposable par la chaleur : il faudrait donc constater ces caractères distinctifs.

4o L'acide hydrochlorique existe naturellement d'ans l'estomac, ou plutôt, d'après les expériences de Tiedmann, Gmelin, Children, etc., il est sécrété durant l'acte de la digestion, et même en quantité assez notable dans certains états morbides de cet organe. Prout, dans le pyrosis, en a retiré jusqu'à 2 gram. L'estomac et les matières qu'il contient, pourraient donc donner un produit distillé, contenant de l'acide hydrochlorique, quoique cet acide n'ait pas été donné comme poison.

Ces circonstances étant connues, on ne devra se prononcer affirmativement, dans une expertise légale, qu'autant qu'on aura évité ces causes d'erreurs, que les réactions seront très-manifestes, et que, surtout, la symptomatologic et les altérations pathologiques viendront corroborer le résultat des analyses.

Taches d'acide hydrochlorique sur les vêtements.

L'acide hydrochlorique rougit les vêtements verts, bleus, marrons, noirs, etc., dont la couleur n'est point solide. Les taches, si elles sont récentes, donnent des vapeurs à l'air ou avec l'ammoniaque; elles sont d'un rouge plus clair et ne sont point humides comme celles de l'acide sulfurique, et ne deviennent pas jaunes comme celles de l'acide azotique. Les tissus ne sont point corrodés, ne se déchirent pas aussi facilement par l'extension, comme lorsqu'ils ont été atteints par les deux acides précités. Pour démontrer la nature de ces taches, on constate leur réaction acide, leurs caractères physiques; on les sépare des parties non tachées; on les divise par petits morceaux; on les

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