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chargés de l'analyse, font remarquer que, dans l'intoxication par ce dernier acide, le mucus répandu sur les bords des lèvres et les ailes du nez est constamment humide, et les tissus sousjacents altérés, ce qui leur a fait présumer qu'ils n'avaient pas affaire à cette espèce. On pourrait ajouter que la muqueuse buccale, gastrique, etc., offre non-seulement des ecchymoses, de colorations brones ou noires, mais encore des altérations de texture ou chimiques, c'est à dire, qu'elle est ramollie, dissoute, ou s'enlève par plaques. Ces chimistes ont retiré environ 12 gram. (3 gros) d'acide acétique, des liquides de l'estomac. Ces liquides, quoiqu'ayant une réaction acide, ne faisaient plus effervescence avec le carbonate de chaux, comme à l'époque de l'autopsie.

Des expériences sur les chiens, M. Orfila conclut : 1o que les diverses sortes d'acide acétique, lorsque l'œsophage est lié, sont toxiques, mais à des doses différentes, le vinaigre radical et de Mollerat à celle de 15 à 30 grammes, et le vinaigre ordinaire à celle de 120 à 150 gram.; 2° que les symptômes et les altérations sont les mêmes que celles des autres acides. Il a noté des ecchymoses, la coloration en brun noiràtre des matières alimentaires et de la membrane muqueuse, sa transformation en matière gelatiniforme, et, quelquefois, la perforation de l'estomac, quoique cependant moins fréquente. D'après le docteur Pommer, une quantité assez considérable (15 à 30 gram.), de vinaigre distillé et délayé pourrait être injecté dans les veines jugulaire ou femorale, sans autre inconvénient qu'une gêne de la respiration.

EMPOISONNEMENT PAR L L'ACIDE OXALIQUE.

L'acide oxalique, acide de l'oseille, existe dans plusieurs plantes à l'état d'oxalate acide de potasse ou de chaux. D'abord retiré de l'oseille, celui qu'on emploie dans les arts s'obtient par la réaction de l'acide nitrique sur le sucre, l'amidon, etc. Cet acide peut être : 1o à l'état solide; 2o dissous ;

3o mêlé avec les matières des vomissements, les tissus du tube intestinal; 4o à l'état d'oxalate acide de potasse.

Acide oxalique solide.

Car. phys. et chim. Cristallisé en aiguilles ou en petits prismes aplatis, quadrilataires, à sommets dièdres, transparents, incolores, inodores, d'une saveur acide, piquante, agaçant fortement les dents. Il s'effleurit à l'air, et perd une portion de son eau de cristallisation. Il rougit fortement un papier bleu de tournesol humide. Sur les charbons ardents, il fond aussitôt, et se volatilise complétement en vapeurs blanches très-acides et très-irritantes. Si l'expérience est faite dans un tube ou dans une fiole, ces vapeurs se condensent sur les parois du vase en aiguilles nacrées, très-longues. Ces deux caractères le distinguent du sulfate de magnésie ou sel depsum, avec lequel il est confondu assez souvent. Chauffé avec 4 ou 5 parties d'acide sulfurique, dans une fiole à laquelle est adapté un tube rempli de mercuré, l'acide oxalique se décompose en gaz acide carbonique et gaz oxyde de carbone mêlés à volumes égaux. On constate la proportion de ces deux gaz en absorbant l'acide carbonique par l'eau de chaux. Le gaz oxyde de carbone qui reste, brûle avec une flamme bleuâtre, lorsqu'il est enflammé. L'acide oxalique peut être considéré comme un composé intermédiaire au gaz oxyde de carbone et au gazacide carbonique, ou comme formé à vol. égal de ces deux gaz et d'eau. L'acide sulfurique agirait donc en s'emparant de l'eau. Acide oxalique dissous.

L'acide oxalique se dissout dans environ 9 parties d'eau : il est très-soluble dans l'alcool. Le soluté aqueux est limpide, incolore, à saveur et à réaction fortement acide. Il se déconipose au bout d'un certain temps. Saturé par l'ammoniaque et convenablement évaporé, il forme une cristallisation radiée qui le distinguerait de tout autre acide, d'après O. Saugnessey. Les réactifs suivants, surtout lorsqu'il a été préalablement saturé par un alcali, donnent des réactions caractéristiques.

1o L'eau de chaux, l'hydrochlorate de chaux, forment un

précipité blanc (oxalate de chaux), soluble dans une ou deux gouttes d'acide azotique, ce qui le distingue du sulfate de chaux, qui, est insoluble à froid dans cette quantité d'acide, ainsi que dans l'acide hydrochlorique, à moins que celui-ci ne soit en grand excès, et des tartrates, des citrates, des carbonates, des phosphates de chaux, lesquels, sont solubles dans une ou deux gouttes de ces acides; 20 le sulfate de cuivre, donne un précipité blanc-bleuâtre (oxalate de cuivre), insoluble dans l'acide hydrochlorique, si ce n'est dans un grand excès, ce qui le distingue des citrates, des tartrates, des carbonates, des phosphates d'oxyde de cuivre, qui sont solubles dans cet acide; 3o le nitrate d'argent, forme, avec l'acide oxalique, un précipité blanc épais (oxalate d'argent) qui, lavé, desséché, chauffé sur une lame de verre, brunit et se vaporise complétement avec légère explosion en vapeurs brunâtres. Le citrate et le tartrate d'argent se décomposent aussi avec ou sans détonnation, mais laissent pour résidu de l'argent pur. Si la quantité de précipité était trop petite pour être isolée du filtre, celui-ci, étant desséché, brûle avec déflagration, lorsqu'il est enflammé; mais ce caractère appartient aussi au papier imprégné d'azotate, d'iodate de potasse, etc.

De tous ces réactifs, le meilleur, serait d'obtenir, par évaporation, l'acide oxalique cristallisé, pour ensuite en constater les caractères physiques et chimiques. Si la dissolution était trop étendue pour donner de bonnes réactions, il faudrait la concentrer par évaporation, ou bien, précipiter l'acide oxalique par l'eau de chaux à l'état d'oxalate de chaux, qu'on transformerait ensuite en oxalate de potasse soluble par le carbonate de potasse, ou bien mieux encore, on en retirerait l'acide oxalique par le procédé Christison.

Acide oxalique dans les mélanges organiques, solides et liquides.

L'acide oxalique ne modifie pas sensiblement les matières organiques liquides et solides. Il rougit les infusés végétaux bleus ou violets; dissout la gélatine sans l'altérer et sans en être altéré; coagule les liquides albumineux, le lait excepté. Il

rougit les vêtements verts, noirs, sans les corroder d'une manière aussi marquée que les acides minéraux; détruit la couleur de quelques matières colorantes végétales, et enlève les taches d'encre et de rouille sur ledinge. Enfin, il corrode les tissus organiques, surtout les membranes muqueuses, et les réduit en une espèce de matière gélatiniforme. Il coagule et noircit le sang.

Analyse. Avant d'exposer les procédés suivis, rappelons : 1o que cet acide, lorsqu'il est dissous dans l'eau, et surtout, dans des liquides organiques, peut se décomposer spontanément ; 2o qu'en se combinant avec la chaux des sels que contiennent les matières organiques, ou avec la chaux ou la magnésie qui auraient été données comme contre-poisons, il forme des oxalates insolubles ou peu solubles; 30 qu'il est promptement absorbé et altéré par les organes et les liquides vivants, puisque, Christison et Coïndet, en ayant déposé 15 gram. dans le péritoine, n'en ont trouvé qu'environ 1 gram. quelques minutes après, et que, 40 centigram. étant injectés dans les veines, ils n'ont pu le déceler immédiatement après dans le sang. De tous ces faits, concluons que, l'acide oxalique, peut se trouver dans les matières organiques, à l'état libre ou à l'état d'oxalates de chaux ou de magnésie, que l'analyse ne donnera pas toujours la quantité qui a été administrée, que la science a été jusqu'ici impuissante pour déceler ce poison daus les organes autres que ceux où il a été appliqué. Cependant les expériences de Væhler, citées ci-après, démontreraient le contraire.

Procédé Orfila.Faites bouillir les matières vomies, celles contenues dans l'estomac, les tissus du canal digestif, dans une certaine quantité d'eau distillée; filtrez et traitez les liquides filtrés par le papier de tournesol, l'hydrochlorate de chaux, le sulfate de cuivre et le nitrate d'argent, comme il a été indiqué. Si les liqueurs sont fortement colorées, ou mélangées à beaucoup de matières gélatineuses, précipitez l'acide oxalique par l'hydrochlorate de chaux, à l'état d'oxalate de chaux insoluble; faites bouillir ce dernier sel, pendant une demi-heure, avec du carbonate de potasse, pour le transformer, par double décom

position, en oxalate de potasse soluble; filtrez et traitez le liquide filtré par les trois réactifs indiqués.

Si de la chaux ou de la magnésie avaient été données comme contre-poisons, si enfin, l'acide oxalique se trouvait dans ces matières, à l'état d'oxalate de chaux ou de magnésie, delayez le tout dans une suffisante quantité d'eau distillée, séparez les parties les plus grosses; laissez reposer, et décantez, lorsque les matières étant déposées au fond du vase, ces oxalates sont encore en suspension dans l'eau, sous forme de poudre blanche. Séparez ces oxalates par reposition et décantation, faites les bouillir avec du carbonate de potasse, pour les transformer en oxalate de potasse soluble. Dans les cas où il ne serait pas facile d'isoler ces oxalates des matières organiques, on ferait bouillir le tout avec un soluté de carbonate de potasse; on filtrerait; ét, le liquide filtré, qui contiendrait, dans les deux cas, de l'oxalate de potasse, serait soumis aux trois réactifs indiqués.

Tel est, à quelques modifications près, le procédé de M. Orfila. Le but en est facile à comprendre. Cependant, comme le fait très-bien remarquer Christison, les réactions ne sont pas aussi nettes, aussi tranchées lorsque l'acide oxalique est mêlé à des matières organiques. Ajoutons que les phosphates, les chlorures, que contiennent les liquides organiques, donnent, par les réactifs de l'acide oxalique, des précipités de même couleur, et qu'il n'est pas toujours facile de distinguer; ainsi, le précipité obtenu par le nitrate d'argent ne détonnera pas s'il est mêlé à des matières organiques, ne se vaporisera pas complétement puisqu'il sera mêlé à du chlorure d'argent, etc.

Procédé Christison. Si les matières contiennent de l'acide oxalique libre, ce qui est indiqué par leur réaction fortement acide, mettez-les à macérer, pendant quelques heures, dans de l'eau; filtrez, et saturez les liqueurs par du carbonate de potasse. Si de la chaux ou de la magnésie ont été données comme contre-poison (les matières sont mêlées alors à une poudre blanche), laissez reposer; décantez; et, si les liquides ne sont point acides, rejetez-les; s'ils le sont, saturez-les par le carbonate de potasse. Délayez les matières solides dans autant d'eau qu'il en

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