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faudra pour former une bouillie claire, après avoir séparé les parties les plus grosses; ajoutez au mélange environ 1120° de son poids de carbonate de potasse; faites bouillir pendant deux heures, ou jusqu'à ce que la matière organique soit complétement dissoute; laissez refroidir; filtrez; acidulez faiblement les liqueurs avec l'acide azotique; filtrez; rendez-les légèrement alcalines par le carbonate de le carbonate de potasse; filtrez de nouveau; recueillez toutes les liqueurs; versez-y de l'acétate de p'omb dissous, jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de précipité (par double décomposition il se produit de l'acétate de potasse soluble et de l'oxalate de plomb insoluble); filtrez; lavez le précipité; séchezle par la compression entre deux feuilles de papier brouillard ; délayez-le encore humide dans un mortier avec un peu d'eau ; faites passer à travers et pendant une demi-heure un courant d'hydrogène sulfuré; faites bouillir et filtrez. Par l'évaporation du liquide, on obtient l'acide oxalique assez pur pour en constater les caractères. On pourrait d'ailleurs l'obtenir plus pur en évaporant le liquide jusqu'à siccité, dissolvant le résidu dans l'eau et le faisant cristalliser après filtration.

Par son procédé, Christison a pu déceler dans un décocté fait avec 30 gramm. (1 once) de bœuf et 180 gramm. (6 onces) d'eau, 5 centigr. (1 grain) d'acide oxalique, et, dans la même quantité de décocté, dans lequel on avait suspendu quelques fragments de bœuf, 10 centigr. (2 grains) d'oxalate de chaux. Ce procédé, quoique un peu long, est préférable à celui d'Orfila, parce qu'il donne des résultats plus nets, plus certains, puisqu'on obtient l'acide oxalique cristallisé et presque complétement dépouillé de matières organiques.

Dans l'un et l'autre procédé, on démontre bien les maque tières contiennent de l'acide oxalique, mais non s'il s'y trouve à l'état libre ou à celui d'oxalate acide; et, qui ne voit que les matières vomies ou contenues dans le tube intestinal d'une personne qui aurait mangé de l'oseille, donneraient les mêmes réactions; c'est ce dont nous nous sommes assurés par l'analyse d'une soupe à l'oseille. La présence de l'oxalate de chaux dans ces matières, ne prouverait pas non plus, que l'acide oxa

lique a été donné comme poison, puisque, comme le fait remarquer Christison, les rhubarbes ainsi que d'autres médicaments et des aliments en contiennent des quantités assez notables, 'quelques-uns même 33 p. %. A la vérité, dans ces derniers cas, on ne pourrait pas séparer l'oxalate de chaux par reposition et décantation, mais l'objection n'en est pas moins fondée.

Effets toxiques. Les empoisonnements par l'acide oxalique sont extrêmement rares en France, et, au contraire, très-communs en Angleterre; car, sur cinq cent quarante-trois cas d'empoisonnements mortels, observés dans ce dernier pays, en 1838 et 1839, dix-neuf sont dus à ce poison. Cela tient, sans doute, à ce que, l'acide oxalique étant employé dans les arts, dans la fabrication des toiles peintes, du cirage, pour enlever les taches d'encre, de rouille sur le linge, on peut se le procurer facilement; ou plutôt, cet acide ressemblant beaucoup au sulfate de magnésie (sel Depsum, de seldlitz), dont l'usage est si fréquent en Angleterre, des méprises peuvent être commises; en effet, presque toujours ainsi qu'ont lieu la plupart des empoisonnements. On en cite peu par suicide et encore moins par homicide.

c'est

Des expériences sur les chats les chiens et les lapins, faites par les docteurs Thompson, Perey, Christison, Coïndet et Pommer, il résulte que, les effets de l'acide oxalique varient selon la dose et son degré de dilution. D'après Coïndet et Christison, à dose faible et étendu de beaucoup d'eau, il n'irrite pas l'estomac, ne laisse pas de traces de son action locale et agit sur le système nerveux à la manière des narcotiques, de l'opium : l'animal paraît s'éteindre en dormant. A dose plus élevée et moins étendu, il ne corrode pas non plus l'estomac, ou l'irrite à peine, porte son action sur le cœur ou sur la moelle épinière, et produit la mort, soit en frappant le premier organe de paralysie (le cœur perd, en ce cas, sa contractilité, et renferme du sang artériel dans sa cavité gauche ; c'est ce qui a lieu lorsque la dose est un peu forte); soit par une attaque violente de tétanos, qui affecte les muscles respirateurs, détermine une fixité spasmodique de la poitrine, et l'animal meurt

asphyxié. Enfin, à dose élevée et peu délayé (8 à 15 gram.), l'acide oxalique, irrite, corrode l'estomac; l'animal crie, s'agite, se débat, a de violents efforts de vomissements, puis un abattement soudain, de la langueur, une grande faiblesse, et meurt sans convulsions dans l'espace de deux à vingt minutes. A l'autopsie, l'estomac contient du sang noir extravasé; sa muqueuse est d'un rouge vif, pointillée, tachée de noir, et, dans quelques places, convertie en gelée. Cette dernière altération est due à l'action chimique de l'acide, car on ne l'observe pas immédiatement après la mort.

D'après Thompson, l'acide oxalique, à la dose de 2 à 4 gram., est mortel en 10 ou 20 minutes pour les chats, les lapins et les chiens. Il note, parmi les effets les plus remarquables, des convulsions tétaniques, qui se manifestent par accès, la dilatation des pupilles chez les chats, le ramollissement de la muqueuse de l'estomac, et la transformation des parois de cet organe en une espèce de pulpe gélatiniforme, transparente: les gros vaisseaux et le cœur sont gorgés d'un sang noir à réaction acide; les poumons très-enflammés; les vaisseaux de la dure-mère injectés, et le plexus choroïde de couleur écarlate.

L'acide oxalique est toxique et produit à peu près les mêmes effets par presque toutes les voies, seulement, la mort est plus ou moins prompte. 40 centigram. (8 grains), injectés dans la veine jugulaire d'un chien, produisent la mort immédiatement. 165 centigram. (33 grains), injectés dans le péritoine, sont toxiques en 14 minutes. La même quantité ingérée dans l'estomac n'a pas été mortelle, quoique l'œsophage ait été lié, mais il y eut des symptômes très-graves. 800 centigram. (160 grains), déposés sous la peau de la cuisse et du ventre, n'ont point été mortels en 10 heures. MM. Christison et Coïndet pensent que l'acide oxalique, lorsqu'il n'est point concentré, agit sur le système nerveux par l'intermédiaire du sang; cependant, ces chimistes en ayant injecté 40 centigram. (8 grains) dans la veine fémorale, n'ont pu le déceler 30 secondes après dans le sang de la veine iliaque et de la veine cave. Le docteur Pommer a obtenu de semblables résultats. A la vérité, Thomp

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con a constaté que le sang des vaisseaux abdominaux des chiens empoisonnés par l'acide oxalique avait une réaction acide, mais ce caractère seul est insuffisant. Ces faits démontreraient que l'acide oxalique subit dans le sang une modification particulière qui nous est inconnue. Cependant, Vohler ayant fait manger à un chien à jeun une pâtée de pain et de viande, contenant 8 gram. d'acide oxalique pulvérisé, a retrouvé cet acide, huit heures après, dans les urines, à l'état d'acide oxalique et d'oxalate de chaux. Le chien n'a pas été incommiodé.

Effets chez l'homme. Presque tous les empoisonnements observés chez l'homme l'ont été par l'acide oxalique pris à haute dose, à celle de 15 à 30 gram. et plus. Nul doute, qu'une dose moindre, ne fût mortelle. La plupart des malades ont succombé dans l'espace de 10 minutes à 1 heure; quelques-uns ont résisté aux effets primitifs et ont succombé aux effets consécutifs; fort peu se sont complétement rétablis. Les symptômes qui, du reste, dans la majorité de ces cas, ont offert la plus grande analogie, indiquent une action irritante et corrosive sur l'estomac, et un effet hyposthénisant des plus marqués sur les organes de la circulation. Dans quelques cas assez rares, il s'est manifesté des accidents nerveux et des symptômes d'irritation des intestins; c'est lorsque l'effet du poison a été lent à se manifester, ou lorsqu'il a été donné à faible dose et étendu de beaucoup d'eau. Immédiatement après l'ingestion du poison, on observe les effets suivants : douleur brûlante, déchirante, dans la région épigastrique, et, assez souvent, dans la gorge et dans l'œsophage; vomissements violents et répétés, persistant ordinairement jusqu'à la mort, de matières brunâtres, sanguinolentes, à réaction acide. Cependant, ils manquent quelquefois ou sont remplacés par de grands efforts de vomissements. Chez un malade de Helb, ils ne se sont manifestés que 7 heures après l'administration du poison et par l'emploi d'un vomitif. L'acide avait été donné très-délayé. Les douleurs épigastriques sont aussi, en ce cas, plus longtemps à se déclarer. Le pouls devient petit, très faible, le plus souvent insensible.

Christison a cependant observé un cas où les battements du cœur étaient si forts qu'on les entendait à distance. La peau est froide, visqueuse; les ongles des doigts prennent quelquefois une teinte cyanique. Enfin, l'état hyposthénique se prononce de plus en plus, et le patient succombe ordinairement dans l'espace de 10 minutes à 1 heure, en conservant l'intégrité des facultés intellectuelles. La mort peut être précédée ou non de mouvements convulsifs. Les effets meurtriers du poison sont si prompts, que rarement il atteint les intestins. Il n'en est point ainsi lorsque la vie se prolonge. Des malades de Held, d'Arrowsmith, qui vécurent 13 heures, l'un éprouva des douleurs abdominales très-vives, de fréquentes envies d'aller à la selle, et l'autre eut des selles involontaires fluides et sanguinolentes. La diarrhée sanguinolente est commune chez le chien. Lorsque les effets du poison sont lents à se manifester, on observe aussi quelques symptômes nerveux, tels que insensibilité de la peau; sentiment d'engourdissement, de fourmillement aux extrémités; douleurs, lassitudes dans les reins, s'étendant jusqu'aux membres inférieurs. Parmi les effets de l'acide oxalique, Arrowsmith a noté une éruption à la peau de taches circulaires d'un rouge foncé, et l'intoxication prompte de 6 sangsues appliquées à la région épigastrique, six heures après l'administration du poison. Ce dernier fait a été aussi observé parVernière, qui, avait appliqué les sangsues quel ques heures après l'ingestion de l'acide oxalique très délayé (Journ. des Progrès des scienc. méd., 1827, tome IV).

Altérations pathologiques. Elles offrent la plus grande analogie avec celles qu'on observe chez les animaux empoisonnés par de fortes doses d'acide oxalique. L'estomac congestionné, très-irrité, quelquefois perforé ou contracté, ainsi que les petits intestins, renferme une plus ou moins grande quantité de liquide noirâtre, épais, ressemblant à du café, formé probablement par du sang extravasé. Sa muqueuse est d'un rouge vif, boursoufflée, ecchimosée, ramollie, et réduite en pulpe, ou en une matière gélatiniforme. Frazer a observé une semblable altération sur la muqueuse œsophagienne, le plan mus

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