Images de page
PDF
ePub

dégagent, lorsqu'ils sont chauffés avec de la limaille de cuivre : le sulfurique, du gaz acide sulfureux; le nitrique et l'eau régale, des vapeurs nitreuses; l'hypophosphorique, du gaz hydrogène phosphoré l'acide phosphorique n'est point décomposé.

Si ces acides étaient étendus, on les distinguerait par le nitrate d'argent, réactif, qui ne précipite pas l'acétique et le nitrique, et précipite, en brun-noirâtre, l'hypophosphorique, en jaune, le phosphorique, en blanc, les acides sulfurique, hydrochlorique, chloro-nitrique, oxalique, tartrique et citrique. Le précipité blanc, lavé, desséché ét chauffé sur une plaque de verre, se décompose en argent et en acide sulfureux, si c'est l'acide sulfurique, fond sans se décomposer, avec les deux suivants, se volatilise, complétement avec l'oxalique, enfin, noircit et laisse de l'argent pour résidu avec les deux derniers acides. L'acide nitrique se distingue de l'acétique, à ce que, un peu de liquide, déposé à la surface de 4 a 8 gram. d'acide sulfurique pur et concentré, sil'on projette dessus quelques fragments de brucine ou de morphine, le mélange se colore en rouge.

Lorque les acides sont mélés aux matières organiques, on les en sépare d'abord par l'eau, et ensuite on les isole de ce liquide, l'acétique et l'hydrochlorique par la distillation, le sulfurique et phosphorique par l'éther, le nitrique en saturant les liqueurs par le carbonate de potasse, évaporant à sicité, et analysant le résidu dans l'appareil à morphine. Les acides oxalique, tartrique, citrique, seraient précipités à l'état d'oxalates de plomb par l'acétate de cette base, et, ces oxalates réduits par un courant d'hydrogène sulfuré. Dans tous les cas on constate les caractères spéciaux de l'acide.

SECTION III.

POISONS ALCALINS.

Des préparations de potasse, de soude, de chaux, de baryte et d'ammoniaque composent les poisons de cette section. Nous les réunissons, non, comme MM. Orfila, Devergie et Christison, d'après leurs effets toxiques, mais plutôt, d'après leur analogie chimique; car, ces poisons different beaucoup entre eux par leur mode d'action : ainsi, les préparations de potasse n'agissent pas comme celles de baryte. Cette diversité d'action qui s'observe aussi entre les préparations de même base, par exemple, entre la potasse, son sulfure et son nitrate, prouve combien, dans l'état actuel de la science, la classification des poisons, d'après leurs effets, est arbitraire.

Ces poisons se distinguent des autres poisons minéraux par leur réaction alcaline ou par la propriété de ramener au bleu le papier rouge de tournesol, de brunir le papier de curcuma, de verdir le sirop de violettes, de ne pas précipiter par lá potasse, la soude, l'ammoniaque, l'acide hydrosulfurique; par leur saveur âcre, caustique, urineuse, salée et amère, mais non acide, comme celle des poisons de la deuxième section, et non métallique, styptique, cuivreuse, comme celle des poisons de la quatrième. Cependant, ces caractères ne sont point absolus, puisque, le nitrate de potasse, l'hydrochlorate de baryte et d'ammoniaque sont neutres, et que, l'alun a une réaction. acide. L'intoxication par ces poisons a presque toujours lieu par imprudence ou par erreur.

EMPOISONNEMENT PAR LA POTASSE.

Sous cette dénomination générale on comprend les potasses des pharmacies, à l'alcool, à la chaux, ainsi les que polasses du commerce, celles de Russie, d'Allemague, d'Amérique, etc., auxquelles nous réunirons le carbonate de potasse, comme ayant des caractères chimiques et toxiques identiques.

Caractères communs à ces potasses. Toutes sont solides, d'une saveur âcre, caustique, urineuse, très-déliquescentes et par conséquent très solubles dans l'eau ; leur soluté offre les caractères suivants: 1o il est savonneux au toucher et a l'odeur de lessive; 2° il verdit le sirop de violettes, ramène au bleu le papier rouge de tournesol et brunit celui de curcuma; 30 il ne précipite pas par un courant de gaz acide carbonique ou d'air expiré qu'on fait passer au travers, à l'aide d'un tube; 40 il donne, avec l'hydrochlorate de platine, un précipité jaune-serein, grenu, pesant, non floconneux (perchlorure de platine et de potassium), qui se dépose promptement au fond du vase; 5o avec l'acide tartrique en excès, un précipité blanc, grenu (tartrate acide de potasse), lequel, se forme plus promptement par quelques frictions sur les parois du vase; 6o avec l'acide per-chlorique, un précipité blanc (per-chlorate de potasse) soluble dans 60 à 65 part. d'eau; 7o avec l'acide carbazotique, un précipité jaunâtre, cristallin, brillant (carbazotate de potasse) soluble dans 260 fois son poids d'eau; 8° l'acide fluo-silicique, donne, avec les solutés de potasse, un précipité blanc en masses gélatineuses, n'offrant pas de texture cristalline au microscope, comme celui de soude; 9" un fil de platine, imprégné de ce soluté, placé dans la flamme d'une lampe à alcool, la colore en violet. On peat constater ce dernier caractère avec un soluté qui ne contient que 11100 de potasse.

De tous ces réactifs, le plus délicat, est, sans contredit, l'acide carbazotique; mais, outre qu'il est très-rare, il a l'inconvénient de précipiter en jaune plusieurs dissolutions salines, et même par l'eau, lorsqu'il est employé à l'état de concentration; et, si on n'avait égard qu'à la couleur du précipité, non à son aspect cristallin et brillant, on pourrait le confondre avec celui que donne la potasse. Presque toujours, après avoir constaté la réaction alcaline, on se contente des réactions fournies par l'hydrochlorate de platine et l'acide tartrique, qui, donnent des résultats plus nets. Cependant, il faut que les solutés ne soient pas trop étendus, car le premier réactif n'a plus d'action sur un soluté à 17205 et le second sur un soluté à 17220. Ces ca

ractères distinguent la potasse de la soude. On pourrait encore ajouter que la potasse forme avec l'acide acétique un sel déliquescent et avec l'acide sulfurique un sel non efflores

cent.

Caractères distinctifs des polasses. La potasse à l'alcool, ainsi désignée, par ce qu'on s'est servi d'alcool pour la préparer, est un hydrate de protoxyde de potassium pur, en plaques blanches,dures, à cassure fibreuse, très-caustique et très-hygrométrique. Comme elle ne contient ni chlorures ni sulfates, son soluté ne précipite pas par une dissolution étendue de baryte; il donne, par le nitrate d'argent, un précipité brun olive d'oxyde. d'argent, complétement soluble dans l'acide nitrique.

A. La pierre à cautère, potasse caustique, potasse à la chaux, est un hydrate de protoxyde de potassium impur; très-caustique et très hygrométrique, elle est sous forme de plaques comme la potasse à l'alcool, en petits cylindres (potasse en baguettes ) ou en gouttelettes semi - sphériques (potasse à la goutte). Comme elle contient des chlorures et des sulfates, elle se distingue de la potasse à l'alcool, parce qu'elle donne, par la baryte, un précipité blanc insoluble dans l'eau et l'acide nitrique, et par le nitrate d'argent, un précipité gris-blanchâtre mélange d'oxyde et de chlorure d'argent, lequel, disparaît en partie dans l'acide nitrique, qui dissout seulement l'oxyde d'argent, non le chlorure. Les potasses à l'alcool et à la chaux se distinguent des potasses du commerce et du carbonate en ce qu'elles ne font pas effervescence avec les acides.

B. Carbonate de potasse. Il est en poudre blanche, cristalline, très-caustique et très-hygrométrique; lorsqu'il est pur, il fait effervescence avec les acides, dégage du gaz acide carbonique sans mélange de vapeurs, et donne, par le nitrate d'argent et par les sels de baryte, des précipités blancs (carbonates de baryte et d'argent) complétement solubles et avec effervescence dans l'acide nitrique.

C. Potasses du commerce. Il en est de plusieurs sortes. Toutes ont pour base le carbonate de potasse, et sont d'autant plus caustiques et plus hygrométriques qu'elles en contiennent da

vantage. Elles renferment, en outre, des sulfates, des chlorures, de la silice, de l'oxyde de manganèse, etc. Elles sont en poudre grossière, en fragments friables, ou en masses fondues plus ou moins compactes, blanches, grisâtres, bleuâtres ou rougeâtres. D'après le lieu d'où elles viennent, on les distingue en potasses 1o de Russie, qui renferme 65 à 60 pour 0/0 de carbonate; 2o d'Allemagne, qui en contient 40 à 45; 5° d'4mérique, dites potasse perlasse, qui en fournit 55, et polasses rouges, qui en donnent 60. Les potasses du commerce se distinguent de celles à l'alcool, à la chaux et du carbonate, en ce qu'elles laissent dégager avec effervescence du gaz acide carbonique mêlé à des vapeurs blanches d'acide hydrochlorique. Elles donnent par le nitrate de baryte un précipité blanc de carbonate et de sulfate de baryte, soluble en partie et avec effervescence dans l'acide nitrique; par le nitrate d'argent un précipité blanc de carbonate et de chlorure d'argent, soluble aussi en partie et avec effervescence dans l'acide nitrique et complétement soluble dans l'ammoniaque.

D. Huile de tartre par défaillance. Dénomination fort oncienne qui s'applique aux potasses et en particulier à celles du commerce et au carbonate tombées en deliquium ou passées à l'état liquide en absorbant l'eau hygrométrique de l'air. Le liquide qui en résulte est de consistance sirupeuse, savonneux au toucher, d'une odeur de lessive, ordinairement coloré en brun-jaunâtre. Il offre du reste les caractères chimiques des solutés de potasse.

Potasse et matières organiques liquides et solides.

La potasse communique à ces matières sa aveur àcre, caustique, son odeur de lessive, son onctuosité au toucher, ainsi que sa réaction alcaline. Elle colore le vin en gris-vert-noirâtre, et les infusés végétaux bleus ou violets en vert. Le thé, le café, la bière, le cidre, l'eau sucrée n'en éprouvent pas de modifications appréciables dans leurs couleurs. Comme la potasse dissout l'albumine, le caseum, non seulement, elle ne trouble pas le sang, le lait, les solutés de gélatine, le bouillon, mais elle empêche

« PrécédentContinuer »