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près du pylore. Cet orifice était tellement rétréci qu'il pouvait admettre au plus un tuyau de plume (Christison).

Dewar cite un malade, chez lequel, dans la période des effets consécutifs, le principal symptôme était la constriction de l'œsophage, et qui succomba par suite de son intempérance des liqueurs, lorsque tout faisait espérer un heureux rétablissement. On trouva l'œsophage à 54 millimètres ou 2 pouces du cardia tellement rétréci, qu'il donnait passage, tout au plus, à un tuyau de plume ordinaire; sa muqueuse était détruite çà et là. Charles Bell a trouvé les mêmes lésions sur une personne qui succomba deux ans après l'intoxication, et en quelque sorte de faim, par suite de la constriction de l'œsophage. L'observation suivante, malheureusement fort peu détaillée, quant aux symptômes, donne cependant une assez bonne idée des altérations pathologiques de l'empoisonnement aigu par la potasse.

Observation II. Hurel, âgé de trois ans, croyant boire de la bière, avala du carbonate de potasse tombé en deliquium ( la quantité n'est pas indiquée): une heure après, les lèvres, la langue et la gorge étaient tuméfiées, la respiration laborieuse, le râle très-fort, le pouls petit, fréquent, la peau froide. On prescrivit de l'émétique, du suc de citron étendu d'eau pour boisson, et un vésicatoire sur l'épigastre. Il n'y eut pas de vomissements. La malade s'affaiblit progressivement, eut des convulsions et succomba vingt-quatre heures après. Autopsie, quatorze heures après: muqueuse des lèvres, de la langue et de la gorge gangreneuse; tissu cellulaire de ces régions très-ramolli; larynx et ouverture de la glotte rétrécis par une congestion vasculaire et une forte inflammation du tissu cellulaire sousmuqueux; trachée-artère et poumons sains. L'œsophage et l'estomac sont de couleur chocolat dans toute leur étendue; on dirait que leur muqueuse est détruite; mais un examen attentif prouve que tout autour de la muqueuse attaquée existe un bourrelet saillant produit par une injection vasculaire. (Docteur Cox, Gaz. med., 1855.)

Les lésions du larynx et de la glotte, ainsi que la gêne de la respiration, démontrent qu'une portion de poison avait atteint

ces parties. Dewar rapporte le cas d'un enfant qui mourut en vingt heures et avant l'époque de la diarrhée, comme le sujet de cette observation, après avoir pris environ 90 gram. (3 onces) de solution de carbonate de potasse. Cependant, Plenk cite un malade, fortement constitué, qui se rétablit complétement, après avoir pris 30 gram. ou 1 once de sel de tartre (carbonate de potasse). Il eut des vomissements violents, qui durèrent pendant quarante-huit heures, et tous les symptômes d'une violente inflammation de l'estomac (tossicologia).

Expériences sur les animaux. 25 centigr. de potasse caustique, dissoute dans 4 gram. d'eau, injectée dans la veine jugulaire d'un chien, produit la mort en 2 minutes. Ouvert sur-lechamp, les deux ventricules étaient pleins de caillots de sang noir, ce qui est en opposition avec la théorie, puisque la potasse empêche la coagulation du sang. 150 centig. de potasse caustique solide, ingérée dans l'estomac, occasionne des vomissements violents de matières spumeuses, sanguinolentes, alcalines, des douleurs atroces, de l'abattement et la mort en trois jours. La muqueuse œsophagienne, gastrique duodénale et jejunale étaient généralement rouges, tachées de noir; près du pylore, il y avait une perforation circulaire. 8 gram, de carbonate de potasse, donné à un chien à jeun, amènent la mort en vingtcinq minutes (Orfila). M. Bretonneau, qui a fait aussi ces expériences, ayant cru remarquer que le marasme et la mort étaient occasionnés par l'ulcération de l'œsophage et la destruction de sa tunique épidermique, injecta 120 centigr., et une heure après, la même dose de potasse caustique dans l'estomac, sans intéresser l'œsophage. Les chiens eurent des vomissements spumeux, savonneux, alcalins et ensanglantés, des selles de même nature; mais deux jours après, pendant lesquels ils ont montré seulement peu d'avidité pour les aliments, sans autres troubles des fonctions de la vie animale et organique, ils étaient parfaitement rétablis: étranglés plusieurs semaines après; chez plusieurs, la muqueuse gastrique était détruite dans la plus grande partie de son étendue, et, dans quelques points, la musculeuse et la péritonéale formaient des cicatrices épaisses, rugeuses, en

foncées. 50 à 75 centigr. de potasse caustique injectée dans le rectum, occasionnent des douleurs atroces, et font périr l'animal beaucoup plus promptement qu'une dose triple de la même substance administrée par la bouche.

M. Bretonneau, voulant connaitre les effets de l'eau bouillante, injecta dans l'estomac d'un chien 250 gram. de ce liquide, sans intéresser l'esophage: mêmes accidents qu'avec la potasse, mais, en trois jours, l'animal était parfaitement rétabli. Etranglé quelque temps après, on trouva les mêmes lésions qu'avec la potasse caustique. Ces faits tendraient donc à démontrer, que la muqueuse stomacale pourrait être remplacée dans ses fonctions par la muqueuse de nouvelle formation.

Des observations chez l'homme et des expériences sur les animaux, on peut conclure que la potasse offre la plus grande analogie toxique avec les acides minéraux, quelle en diffère par la saveur urineuse, la réaction alcaline, l'odeur de lessive et l'onctuosité qu'elle communique aux matières des vomissements; parce que l'exfoliation de la muqueuse gastro-intestinale est plus prompte; parce qu'elle provoque ordinairement des selles de nature alcaline et sanguinolentes; tandis que, dans l'empoisonnement par les acides, il y a presque toujours constipation. Enfin, d'après Orfila, le sang des vaisseaux du tube intestinal ne serait point coagulé.

Traitement. Provoquer, faciliter les vomissements par l'administration des boissons aqueuses, mucilagineuses, ou albumineuses, ou plutôt huileuses, lesquelles ont, non seulement pour avantage de faciliter le vomissement ou l'expulsion du poison par les selles, mais encore d'agir comme contre-poisons en le saponifiant; mais les véritables contre-poisons de la potasse sont les boissons acides, le vinaigre, le suc de citron, plus ou moins étendus d'eau, la limonade citrique, tartrique, etc. Barruel, voulant décanter une dissolution alcoolique de potasse, à l'aide d'une pipette, en introduisit une portion dans la bouche; les douleurs atroces disparurent assez promptement par un gargarisme d'eau vinaigrée, et l'inflammation buccale fut très-légère. M. Orfila ayant donné du vinaigre aux chiens em

poisonnés par la potasse, les douleurs ont été moins intenses et le tube intestinal n'a pas été ulcéré.

EMPOISONNEMENT PAR LES Hypochlorites d'oxydes alcALINS.

L'hypochlorite de potasse, de soude et de chaux, sont presque les seuls employés dans les arts et en médecine, ou qui aient été étudiés comme poisons. Considérés d'abord comme des chlorures d'oxydes, puis comme des hypochlorites, ils renferment une certaine quantité de chlorures métalliques.

A. Chlorure ou hypochlorite de potasse. Eau de javelle.

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Car, phys. et chim. Il s'obtient en faisant passer un courant de chlore à travers une dissolution de potasse du commerce, marquant à 10 degrés, contient par litre 125 gram, de cet alcali, et, lorsqu'il est saturé de chlore, décolore quinze divisions chlorométriques ou une fois et demi son volume de sulfate d'indigo. Il est liquide, incolore, jaune verdâtre, et très souvent coloré en rose-clair par l'oxyde de manganèse que contient la potasse, d'une odeur à la fois de lessive et de chlore, mais moins forte, moins irritante. 4° Il ramène au bleu le papier rouge de tournesol, et le décolore ensuite; 2o dégage, par l'acide sulfurique, du gaz chlore, reconnaissable à son odeur, à sa couleur jaune verdâtre, à ce qu'il décolore le papier bleu de tournesol; 5° il décolore le bleu de composition, l'iodure d'amidon; 4o évaporé jusqu'à siccité, le résidu dissous dans un peu d'eau, donne, par l'hydrochlorate de platine, un précipité jaune caractéristique de la potasse. Ces caractères sont certainement suffisants pour démontrer la présence du chlore. Cepen dant, pour les corroborer, on pourrait faire usage d'une lame d'argent, comme nous l'indiquerons ci-après. L'eau de javelle se décompose à l'air et à la lumière, laisse dégager une portion de chlore, passe à l'état de chlorure de potassium et de carbonate de potasse, en absorbant l'acide carbonique de l'air, et perd en totalité ou en partie, les caractères qui appartiennent au chlore. Le nitrate d'argent

ne convient pas comme réactif du chlore, parce qu'on ne saurait, si c'est le chlore du chlorure d'oxyde ou du chlorure métallique qui est précipité.

Eau de javelle et matières organiques. L'eau de javelle agit sur ces matières par le chlore et par la potasse. Elle trouble et brunit le vin, le café, les fait passer au jaune-paillet, ainsi que les autres liquides organiques colorés. Elle ne change pas sensiblement l'aspect du lait, du café au lait, aussi pourrait-on l'administrer dans es boissons. Enfin, elle communique aux matières organiques les caractères propres au chlore et à la potasse. Cependant, par un contact peu prolongé, les caractères du chlore disparaissent assez promptement. Ayant mêlé du lait ou du café au lait avec parties égales d'eau de javelle, l'odeur du chlore avait completement disparu, environ une demiheure après, et on ne pouvait plus y reconnaître ce corps par le papier tournesol, et même par l'addition d'un acide.

Analyse. On peut constater directement le chlore de l'eau de javelle dans les mélanges organiques, par l'odeur, le papier tournesol et l'acide sulfurique, comme nous l'avons indiqué. M. Orfila, propose de plonger dans ces matières une pièce d'argent pur et parfaitement décapée, jusqu'à ce quelle soit brunie ou noircie; alors, on la sort, on la lave avec de l'eau distillée, et on l'immerge dans de l'ammoniaque, jusqu'à ce que la couche noire soit complétement dissoute; ensuite, l'ammoniaque, saturée par un acide, dépose un précipité blanc qui offre tous les caractères du chlorure d'argent. La théorie et le but de cette opération sont faciles à comprendre. L'argent se combine avec le chloredu chlorure d'oxyde et non avec celui du chlorure métallique que contiennent habituellement les mélanges organiques (ce qui aurait lieu avec le nitrate d'argent), forme un chlorure noir (couleur attribuée à une disposition moléculaire), qui est dissous par l'ammoniaque, et précipité ensuite par un acide à l'état blanc. Lorsque la quantité d'eau de javelle est faible, ou que le chlore s'est combiné en partie avec les matières organiques, il est nécessaire de prolonger l'immersion de la lame d'argent, pendant quatre, six, douze, et

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