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fisamment les effets toxiques du nitre. Cependant, Tourtelie pense, 1o que ce sel n'est pas plus poison que les sels neutres ou purgatifs ainsi, à Besançon, il est souvent employé pour remplir cette dernière indication, et sans accidents, à la dose de 30 à 45 gram. ; 2o qu'on doit attribuer les accidents à l'idrosyncrasie, comme dans les expériences d'Alexandre, ou à l'état morbide, comme dans les observations citées. Il cite, à cet effet, deux hommes, dont l'un sujet à des attaques de goutte, qui prit la médecine noire pour s'assurer s'il était guéri, et puis après un vomitif, et qui succomba; et l'autre qui, pour une ascite, prenait tous les jours 4 gram. (1 gros) de nitre dans une tisane apertive, et qui, en trouvant l'effet trop lent, en avala 60 gram. (2 onces) dissous dans deux verres d'eau, eut des évacuations alvines et urinaires très abondantes et fut guéri de sa maladie. Il est à remarquer que, dans les observations citées, les urines n'ont point été augmentées, et que dans quelques cas elles ont même été plus rares. Cet effet a été aussi observé sur les chevaux par Huart. Nous pourrions ajouter que le nitre est fréquemment usité comme contre-stimulant dans le rhumatisme articulaire aigu, à la dose de 15 à 50 gram. Ces faits démontrent bien que les effets du nitre different selon son mode d'administration, son degré de dilution et l'état morbide, que dans quelques cas, il peut être pris à la dose de 30 gram. sans accident, comine l'a observé Christison; mais ils ne détruisent pas la véracité des faits. Quant aux expériences sur les animaux, elles ne nous apprennent pas plus que les observations chez l'homme. Dailleurs elles ne nous paraissent pas assez variées, assez multipliées pour en déduire des conclusions générales.

EMPOISONNEMENT PAR LES SULFURES ALCALINS.

Le potassium, le sodium, le calcium se combinent en plusienrs proportions avec le soufre, forment des mono-ct-polysulfures, dont les plus importants, comme toxiques, sont, les polysulfures de potassium sec et liquide, les mono-el-polysulfures de so

dium et le sulfure de chaux. Les eaux minérales hydrosulfureuses pour boissons et pour bains, ont aussi pour base ces

sulfures.

Polysulfure de potassium. Foie de soufre.

On le trouve dans les pharmacies sous deux états: 1° solide, en plaques, en masses, plus ou moins épaisses, dures, compactes, d'une odeur d'œuf couvi, d'une saveur âcre, caustique, nidoreuse. Sa couleur, d'abord d'un brun-rouge de foie, passe immédiatement au jaune-verdâtre, dans les parties exposées à l'air, couleur qui s'étend progressivement à toute la masse, et, après un temps plus ou moins long, le sulfure devient d'un gris-sale, et perd complétement ses propriétés médicales et toxiques. Ces divers changements sont dus à sa transformation en hyposulfite et sulfate de potasse par l'oxygène et l'humidité de l'air. 20 Liquide, hydrosulfate de potasse, qui s'obtient, soit en dissolvant le sulfure sec dans environ2 parties d'eau, c'est celui dont on se sert dans les hôpitaux, soit en faisant bouillir 1 partie de soufre dans 3 parties de soluté de potasse marquant 35o aréom. Ces deux sulfures liquides sont de couleur jaune-verdâtre ou rougeâtre, de consistance sirupeuse, et offrent, du reste, la saveur, l'odeur, du sulfure sec et subissent les mêmes altérations à l'air.

Caract. chim. Les sulfures de potassium solides ou liquides, offrent les caractères suivants : 1o doués d'une odeur d'œuf couvi ou d'hydrogène sulfuré, ils colorent l'épiderme en brun noirâtre; 2° ils dégagent, par l'acide hydrochlorique, du gaz hydrogène sulfuré, reconnaissable à son odeur, à ce qu'il colore en noir un papier imprégne d'acétate de plomb, et laissent déposer du soufre à l'état d'hydrate blanc, qui, lavé, desséché et projeté sur les charbons ardents, brûle avec une flamme d'un bleu pâle et répand l'odeur d'acide sulfureux. Le liquide filtré et suffisamment concentré, donne, par l'hydrochlorate de platine, le précipité jaune caractéristique des sels de potasse. Si on traitait directement le sulfure de potassium par ce réactif, il se formerait un précipité noir de sulfure de platine; il faut donc avant, le transformer en chlorure par l'acide hydrochlorique,

dont l'hydrogène se combine avec une portion de soufre, tandis que l'autre portion se dépose à l'état d'hydrate; le chlore forme, avec le potassium, un chlorure qui reste en dissolution; 3° le chlore, versé sur les sulfures de potassium liquide en détruit complétement l'odeur, en se combinant avec le potassium, et le soufre se dépose à l'état d'hydrate blanc; 4° enfin ce poison noircit les métaux blancs, le papier imprégné d'acétate de plomb, et précipite les dissolutions salines des cinq dernières sections en brun, noir, jaune, etc.

Sulfures de sodium: Le mono-sulfure, est en cristaux incolores, translucides, très-déliquescent, d'une faible odeur d'hydrogène sulfuré. Il sert à composer les eaux sulfureuses artificielles, et à préparer les bains de barége dits inodores: dans ce dernier cas on masque son odeur par des huiles essentielles. Les polysulfures de sodium solide ou liquide, offrent les mêmes caractères physiques que ceux de potassium. Le sulfure de chaux est solide, en masses grisâtres, poreuses, en partie soluble dans l'eau, sans colorer ce liquide; ou liquide, jaune-rougeâtre, qu'on prépare par voie humide. Les sulfures de sodium et de calcium offrent les mêmes caractères chimiques que ceux de potassium dont ils diffèrent seulement par la base. Il faut pour constater les caractères de celle-ci les transformer préalablement en chlorures par l'acide hydrochlorique.

Les eaux minérales sulfureuses pour boisson se préparent avec le mono-sulfure de sodium (10 cent. par litre), et celles pour bains avec les polysulfures de potassium, de sodium, ou de calcium solides ou liquides (60 à 120 gram.). Ces proportions sont cependant variables. Ces préparations offrent les caractères chimiques des sulfures. M. Dupasquier de Lyon, emploie la teinture d'iode graduée, comme réactif très-délicat, pour décéler et doser le soufre dans les eaux minérales.

Sulfures et matières organiques. Peu de matières organiques réagissent par elles-mêmes sur les sulfures alcalins; mais, par les acides qu'elles contiennent, elles peuvent les décomposer en totalité ou en partie, en dégager du gaz hydrogène sulfuré et précipiter le soufre à l'état d'hydrate blanc. C'est ce qui a lieu

avec les liquides organiques acides, le vin, le cidre, la bière, le vinaigre, les sucs gastriques, etc. Ce genre d'altération s'opère aussi par l'exposition des matières à l'air. Le soufre en se déposant peut entraîner une portion de la matière organique ou colorante. La consistance du lait, des liquides albumineux, gélatineux, n'est pas sensiblement modifiée par les sulfures. Ces poisons se trouveront donc dans les parties liquides à l'état de sulfures ou indécomposés, mêlés aux dépôts, aux matières solides, déposés sur le tube intestinal, à l'état de poudre blanche ou d'hydrate de soufre.

Analyse. Après avoir constaté les caractères physiques des mélanges organiques, et surtout, l'odeur d'œuf couvi, et si elles ne contiennent pas une poudre blanche de soufre hydraté, on sépare les parties liquides par décantation, par filtration ou en les passant à travers un linge assez serré; et, s'ils renferment les sulfures en nature, on constatera la présence du soufre et de la base, comme nous l'avons indiqué pour les sulfures liquides. Si les sulfures étaient complétement décomposés, les liqueurs ne contiendraient que la base à l'état d'acétate d'hydrochlorate, dont on démontrerait la présence par l'un des trois procédés que nous avons donnés en parlant de la potasse. Quant aux dépôts, aux parties solides, après les avoir délayés avec suffisante quantité d'eau, dans un vase conique, on laisse reposer, et on décante lorsque les matières organiques sont déposées au fond du vase, et que le soufre est encore en suspension. On sépare ensuite facilement celui-ci par filtration ou décantation, pour en constater les caractères. Si le soufre adhérait au filtre de manière à ne pouvoir en être séparé, on dessécherait le filtre, on l'enflammerait, et il. brûlerait en répandant l'odeur d'acide sulfureux. Si le soufre hydraté se trouvait en trop petite quantité pour être isolé par ce procédé, et même dans le cas contraire, on ferait bouillir les matières avec un soluté de potasse. Le soufre serait transformé en sulfure de potassium, lequel serait dissous par l'eau, et dont on constaterait ensuite les caractères. Enfin, on séparerait par les lavages à l'eau, les matières déposées sur le tube intestinal, et on agi

rait sur les matières des lavages, comme sur les matières des vomissements. Les matières fécales seraient traitées de même.

La présence du soufre à l'état d'hydrate blanc, dans les matières alimentaires, fécales, ou à la surface du tube intestinal, concordant avec une plus grande quantité de potasse, de soude, de chaux dans les parties liquides, qu'elles n'en contiennent habituellement, est-elle une preuve suffisante pour affirmer qu'il y a empoisonnement par un sulfure? MM. Orfila et Devergie, répondent affirmativement. Mais, qui ne voit que les matières auxquelles on aurait mêlé du magistère de soufre, et de l'acétate, de l'hydrochlorate de potasse, de soude, etc., donneraient absolument les mêmes résultats?

Effets toxiques. Les empoisonnements par les sulfures alcalins, sont assez fréquents, et ont presque toujours lieu par erreur, ou, parce que l'eau de Barèges pour bains, est prise en boisson, ou parce que le médecin aura prescrit, le pharmacien aura donné les sulfures de potassium, de sodium, pour du sulfate de potasse ou de soude, sels employés comme purgatifs. Ces erreurs assez souvent funestes, sont quelquefois le sujet d'une enquête judiciaire. Les observations chez l'homme, les expériences sur les animaux, démontrent que les sulfures alcalins ont une action locale, âcre, irritante, qu'ils peuvent produire l'inflammation du tube intestinal, et même l'exfoliation, l'ulcération de la muqueuse; mais ce n'est point à cette cause seule qu'il faut attribuer leur effet toxique; car, quelquefois, et surtout, lorsque la mort a été prompte, cette inflammation est nulle ou peu intense. C'est plutôt à leur action stupéfiante sur le système nerveux ou circulatoire, due, soit aux sulfures absorbés en nature, comme le démontrent les expériences de Væhler, qui les a retrouvés dans l'urine des chiens auxquels il les avait administrés, soit à l'hydrogène sulfuré, dégagé des sulfures par les acides de l'estomac, des aliments, lequel peut alors agir aussi commie gaz asphyxiant.

Les signes caractéristiques de cet empoisonnement, sont plutôt chimiques que pathologiques. Tels sont, l'odeur d'œuf couvi ou de gaz hydrogène sulfuré, répandue dans l'appartement,

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