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grand affaissement, la dilatation des pupilles et la mort en quatre heures, précédée de léger mouvement convulsif des extrémités postérieures. La muqueuse stomacale était d'un rouge foncé dans toute son étendue, ecchimosée près du pylore. 4 gram. de carbonate pulvérisé, occasionnent des plaintes, un grand abattement, la mort en cinq heures, et les mêmes altérations que la baryte (Orfila). D'après Pelletier, 75 centigr. de carbonate seraient toxiques en huit ou quinze heures. Plusieurs animaux domestiques sont morts, pour avoir léché le carbonate de baryte naturel, si commun dans le Lanskarsire (Christison). On explique l'effet de ce sel par son passage à l'état d'acétate d'hydrochlorate par les acides de l'estomac. Cependant, d'après Campbell, 60 centig., appliqués sur le tissu cellulaire du cou des chats, seraient mortels, et, d'après Orfila, 4 gram. déposés sur le tissu cellulaire du dos d'un chien occasionnent des selles, des vomissements, des secousses convulsives très-fortes et presque générales, de l'insensibilité, de l'affaissement et la mort en quatre heures. Un soluté concentré d'hydrochlorate de baryte donné à un chat, produisent des vomissements, des vertiges, l'insensibilité, le décubitus sur le côté, la dilatation des pupilles, des mouvements convulsifs, l'anéantissement du pouls et la mort en soixante-dix-sept minutes. 50 centig. appliqués sur le tissu cellulaire du dos d'un chien, occasionnent les mêmes accidents et la mort en vingt ou vingt-cinq minutes. Le sulfate de baryte ne serait pas toxique à la dose de 24 gram. (Orfila).

Traitement. Donner des boissons mucilagineuses dans lesquelles on dissoudra, par verre, 4 gram. du sulfate de soude, comme contre-poison. Faire la médecine du symptôme.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIONS AMMONIACALES.

Trois préparations, l'ammoniaque, le sesqui-carbonate et l'hydrochlorate, sont considérées comme toxiques.

A. L'ammoniaque liquide, alcali volatil, est une dissolution de gaz ammoniaque dans l'eau, liquide, qui peut en dissoudre 340 fois son volume. Limpide, incolore, elle laisse dégager le gaz à l'air, dont l'impression sur la muqueuse nasale, oculaire

et bronchique est piquante, irritante, suffocante, ammoniacale et caractéristique. Sa saveur est âcre, caustique. Elle verdit le sirop de violettes, ramène au bleu le papier rouge de tournesol et perd ces propriétés en partie à l'air, complétement par la chaleur, qui, en dégage le gaz, ainsi que par les acides.

B. Sesqui-carbonate d'ammoniaque, sel volatil concret ou d'An gleterre. En petites masses ou pains allongés, blanc, fibreux, efflorescent et volatil à l'air, ainsi que sur les charbons ardents. Du reste, ce sel offre l'odeur, la saveur, la réaction alcaline de l'ammoniaque, dont il se distingue, lorsqu'il est dissous dans l'eau, parce qu'il laisse dégager, avec effervescence, le gaz acide carbonique par les acides, et qu'il précipite les sels de chaux, de baryte, etc., à l'état de carbonate blanc.

C. Hydrochlorate d'ammoniaque, chlorure d'ammonium, sel ammoniac. En masses fibreuses, compactes, translucides, grisàtres, ou en poudre blanche, d'une saveur piquante, inodore. Il dégage l'odeur caractéristique d'ammoniaque lorsqu'il est mêlé à de la chaux, se volatilise complétement en vapeurs blanches, piquantes, sur les charbons ardents. Il est soluble dans l'eau, et son soluté donne, par le nitrate d'argent, un précipité caractéristique de chlorure d'argent, et dégage de l'ammoniaque par la potasse. Tous les solutés ammoniacaux précipitent, comme les solutés de potasse, en jaune-serin (chlorure de platine et d'ammonium) par l'hydrochlorate de platine, en jaune par l'acide carbazotique (carbazotate de potasse), mais ne précipitent pas par l'acide perchlorique.

Préparations ammoniacales et matières organiques. L'ammoniaque et le sesqui-carbonate, verdissent les infusés bleus végétaux ; troublent le vin et lui donnent une couleur vert-brunâtre; saturent les acides sécrétés par l'estomac ou ceux que contiennent les liquides organiques; transforment en phosphates doubles le phosphate de magnésie. Le sesqui-carbonate précipite, par double décomposition, les sels terreux. Mais, ainsi que l'hydrochlorate, ces deux poisons n'ont que peu ou pas d'action sur les matières organiques elles-mêmes. Analyse. On peut isoler ces trois préparations des matières organiques, du

tube intestinal, etc. par macération dans l'eau; on distille ensuite les liqueurs dans une cornue, comme nous l'avons indiqué à l'acide hydrochlorique, et on condense l'ammoniaque ou le sesqui-carbonate dans un vase contenant un peu d'eau et entouré constamment d'eau froide. Quant à l'hydrochlorate, les liqueurs évaporées jusqu'à consistance sirupeuse, laissent cristalliser ce sel par le repos; ou bien encore, on pourrait les évaporer jusqu'à siccité et en retirer le sel par sublimation dans un petit matras. On agirait de même sur les liqueurs dont les caractères de l'ammoniaque auraient été masqués par des acides. D'ailleurs, le résidu de l'évaporation, mêlé à de la chaux, à de la potasse, dégagerait l'odeur ammoniacale. Dans une expertise légale, il faut ne pas oublier que, l'ammoniaque, le carbonate et l'hydrochlorate se forment par la décomposition spontanée ou par le feu des matières organiques (voyez acide hydrochlorique), que ce dernier sel fait partie de nos organes, des liquides sécrétés, que, ce n'est que par la quantité comparative des produits obtenus, et sur des réactions bien tranchées qu'on doit établir ses convictions. Ajoutons que l'usage des préparations ammoniacales est assez fréquent en médecine.

Effets toxiques. Les accidents graves ou mortels, par les préparations ammoniacales volatiles (ammoniaque et sesquicarbonate), sont assez fréquents. Plenk, Majault, Sédillot, Nysten, Percy, Souchard, etc., en rapportent des exemples. Comme ces accidents, dans la plupart des cas, ont lieu par la pénétration du gaz ammoniaque dans les organes pulmonaires, ce qu'indiquent les symptômes et les lésions, et qu'il est plusieurs circonstances où ces poisons peuvent se développer spontanément et occasionner ces mêmes accidents, nous renverrons à l'asphyxie par les matières gazeuses pour la symptomatologie et les altérations pathologiques de cette espèce d'empoisonnement. Dans cet article nous donnerons seulement le résultat des expériences sur les chiens, et nous dirons que les préparations ammoniacales, ont une action locale de nature âcre, irritante, quelles enflamment, vésiquent, cautérisent les tissus qui en reçoivent le contact.

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Injectée dans la veine jugulaire, à la dose de 500 centigr., l'ammoniaque liquide, produit des mouvements convulsifs tétaniques, et la mort en 10 minutes; et 2 gramm. ingérés dans l'estomac (œsophage lié), l'insensibilité générale, sans paralysie ni convulsions, et la mort en 23 heures. 5 gramm. de sesqui-carbonate pulvérisé, ingéré dans l'estomac, occasionnent des vomissements sanguinolents, des convulsions tétaniques violentes générales, et la mort en 12 minutes. Dans ces deux dernières expériences, la muqueuse gastrique était plus ou moins enflammée (Orfila).

Nous ne connaissons pas d'empoisonnement chez l'homme par l'hydrochlorate d'ammoniaque, sel qui a pu être donné, comme agent thérapeutique, soit seul, soit associé à d'autres médicaments, à la dose de 4 gram. et plus par jour, sans inconvénient. Cependant, d'après Smith, 5 gramm. de ce sel en poudre, déposés sur le tissu cellulaire de la cuisse d'un chien, déterminent du malaise, des vomissements muqueux, écumeux, un affaiblissement progressif, et la mort en 12 heures. Autopsie. Pas de traces de sel sur la plaie; beaucoup de petites ulcérations de la muqueuse gastrique splénique; celle de l'extrémité pylorique enflammée; liquide noirâtre très-fétide dans l'estomac et les intestins grêles. 8 gram. de ce sel, dissous dans 60 gram. d'eau, ingérés dans l'estomac (œsophage lié), produisent de grands efforts de vomissements, une grande faiblesse, des cris aigus, des mouvements convulsifs, des accès tétaniques violents, et la mort en 1 heure. Le tube intestinal, le foie, la rate, le cœur étaient sains; les vaisseaux du cerveau et les poumons un peu engorgés. 6 gram. à l'état solide, ont développé les mêmes symptômes et altérations, et la mort en 5 heures. La muqueuse gastrique était un peu enflammée. Orfila conclut de ces expériences, que les préparations ammoniacales sont des poisons énergiques, et qu'elles ont une action spéciale sur l'estomac et sur le système nerveux.

Traitement. Provoquer le vomissement par les boissons mucilagineuses, acidulées par le vinaigre, le jus de citron, dans le but de saturer l'ammoniaque pour l'hydrochlorate, il n'y a

pas de contre-poison. Faire ensuite la médecine du symptôme. Les médecins rasoriens, qui considèrent l'ammoniaque comme poison stimulant ou hypersthénisant cardiaco-vasculaire, proposent les agents hyposthéniques.(Voyez asphyxie par les gaz.) Résumé sur les poisons alcalins.

La potasse, la soude, l'ammoniaque, la chaux et la baryte se distinguent des autres poisons mineraux par leur réaction fortement alcaline. Les deux dernières bases précipitent par l'acide carbonique ou un carbonate soluble, non les trois premières; mais, la baryte donne, par l'acide sulfurique, un précipité caractéristique, tandis que la chaux ne précipite point par ce réactif. L'ammoniaqne se reconnaît à son odeur, et la potasse se distingue de la soude, en ce qu'elle précipite (en jaune) par l'hydrochlorate de platine. Lorsque ces bases sont combinées à un acide, on peut encore les distinguer par les mêmes réactifs; cependant les sels de chaux précipitent aussi par l'acide sulfurique, comme les sels de Baryte, mais le précipité est soluble dans un excès d'acide, et, pour dégager l'ammoniaque des sels ammonicaux, il faut les mêler ou les chauffer avec de la chaux. On reconnaîtrait les acides combinés avec ces bases par l'acide sulfurique, qui dégagerait du chlore des hypochlorites ou chlorures d'oxydes, de l'hydrogène sulfuré des sulfures, des vapeurs blanches d'acide hydrochlorique des chlorures métalliques, des vapeurs nitreuses des nitrates, surtout par l'addition de la limaille de cuivre; enfin l'acide sulfurique des sulfates se reconnaîtrait par la baryte.

Les poisons de cette section ont, en général, une action locale acre, irritante, et un effet hyposthénisant sur l'organisme, sur les organes circulatoires; mais les sulfures alcalins, le nitrate de potasse, les préparations de baryte et ammoniacales, modifient en outre le système nerveux. Les contre-poisons sont, pour les bases alcalines, les boissons acides; pour les sulfures alcalins, le chlore ou les chlorures d'oxyde; pour les préparations de baryte, les sulfates de potasse, de soude ou de magnésie.

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