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considérés, par les toxicologistes français, les toxicologistes français, comme suffisants, pour affirmer qu'on a opéré sur une préparation arsénicale. En effet, dans l'état actuel de la science, on ne connaît pas de corps métallique qui offre ces caractères réunis. Berzelius, pour caractériser l'arsenic ainsi obtenu, retranche la partie inférieure du tube, chauffe ensuite à la lampe à alcool la partie sur laquelle est déposé le métal; celui-ci se vaporise, passe à l'état d'oxyde blanc, lequel se condense un peu plus haut en cristaux octaédriques, brillants, très-appréciables, lorsque le tube est placé entre l'œil et la lumière, et surtout avec une loupe de quatre puissances. En approchant le nez de la partie effilée du tube, on perçoit l'odeur alliacée. Christison, dans des cas d'expertise légale, ou les caractères physiques du métal étaient douteux, a pu le reconnaître, en le faisant passer à l'état d'oxyde. Pourquoi ne pas constater en même temps les réactions indiquées par les chimistes français et suédois? On aurait ainsi un caractère de plus, celui de l'oxydation, et on ne perdrait pas la portion d'arsenic destinée à constater l'odeur alliacée.

Nous indiquerons encore quelques autres réactions propres à l'arsenic, mais beaucoup moins importantes, et que, par conséquent, on ne doit employer que lorsqu'on a obtenu une quantité suffisante de métal; 3o l'arsenic ou les portions du tube sur lesquelles il est déposé, étant pulvérisés et suspendus dans de l'eau, si on fait bouillir ce liquide, ou si l'on fait passer au travers un courant d'air, ou mieux encore d'oxygène, à l'aide d'une vessie qui en est remplie, passe, aux dépens de l'oxygène et de l'hydrogène de l'eau, à l'état d'hydrate d'arsenic, qui se dépose en poudre noire, et d'acide arsénieux, qui se dissout dans l'eau. Le soluté, filtré, offre toutes les réactions des dissolutions d'oxyde blanc d'arsenic ; 2o l'arsenic, ou les portions du tube sur lesquelles il est incrusté, grossièrement pulvérisés, et placés dans un soluté de sulfate de cuivre ammoniacal, étendu de trois ou quatre parties d'eau, devient grisâtre, le liquide se décolore, et, au bout d'un certain temps, il se forme un précipité vert-pré (arsénite d'oxyde de cuivre). L'arsenic passe à l'état d'acide arsénieux aux dépens de l'oxy

gène de l'air et de l'eau, et se combine ensuite avec l'oxyde de cuivre. Comme cet arsénite est soluble dans l'ammoniaque, le précipité n'aurait pas lieu, si l'ammoniaque était en excès dans le sulfate; aussi, par ce motif et par d'autres que nous indiquerons ci-après, ce réactif est-il infidèle. 3o M. Boutigny propose de placer les incrustations arsénicales dans de l'acide chlorique étendu d'eau. L'arsenic se combine avec l'oxygène de cet acide, devient acide arsénieux, lequel se dissout dans l'eau, et le soluté offre les caractères des dissolutions d'oxyde d'arsenic.

Manuel opératoire pour réduire l'acide arsénieux. Mêlez exactement, dans un mortier d'agate, de porcelaine ou de verre, l'acide arsénieux en poudre avec 2 ou 3 parties de flux noir bien sec. Introduisez le mélange dans un tube de verre blanc, parfaitement transparent, de 30 à 35 centimètres de long, de 4 millimètres de diamètre, et garni à l'intérieur d'un tuyau en papier collé et lisse, afin de ne pas en salir les parois; ajoutez ensuite une légère couche de flux noir ou de charbon bien desséchés. Enlevez le tuyau en papier, et, si quelque peu de mélange arsénical ou de charbon salissent les parois du tube, on les en détache et on les pousse au fond, à l'aide d'une plume. Chauffez graduellement le mélange à la lampe à alcool pour le dessécher sans cependant le décomposer, et absorbez l'humidité au fur et à mesure qu'elle se forme, à l'aide d'une languette de papier non collé et roulée, qu'on promène dans l'intérieur du tube. Le mélange étant bien desséché, effilez la partie supérieure du tube, en la chauffant au rouge blanc, soit à la lampe à émailleur, soit entre des charbons, et étirant cette extrémité en sens inverse à l'aide de pinces; donnez ensuite plus d'étendue à la flamme de la lampe à alcool; chauffez au rouge, d'abord la portion du tube correspondante au charbon, puis celle qui correspond au mélange arsénial, et continuez ainsi jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus d'arsenic. Si le tube est tenu, soit verticalement, soit obliquement ou horizontalement, mais alors tourné entre les doigts, l'arsenic se condense en anneaux, et au contraire en incrustations déjetées d'un seul côté, si le tube

dans ces deux derniers cas est maintenu dans une position fixe. Cette dernière manière de procéder est peut être préférable, parce qu'on peut ainsi mieux apprécier les caractères physiques de l'arsenic sur les parois mêmes du tube. Lorsqu'on opère sur de faibles quantités de poison, et même dans le cas contraire, il faut volatiliser l'arsenic jusque dans la partie effilée du tube, en le chauffant progressivement de bas en haut. Après avoir retranché cette extrémité du tube et constaté les caractères sur une portion d'arsenic, on en ferme les deux ouvertures, soit à la lampe à émailleur, soit avec deux petites boulettes de cire, dans le but, non-seulement d'empêcher l'oxydation du métal, mais encore afin qu'il serve de preuve aux jurés, ou que, d'autres experts, puissent en constater les caractères.

Reflexions. Le procédé de réduction par le flux noir est dû à Brandt. Il est généralement adopté par les toxicologistes français et anglais. Cependant, le flux noir qu'on vend chez les fabricants de produits chimiques, est souvent humide et laisse dégager une matière fuligineuse, qui masque l'aspect métallique de l'arsenic. Il est vrai que par un petit coup de feu bien ménagé, on peut l'en dégager. Un mélange de 2 parties de carbonate de soude effleuri ou privé de son eau de cristallisation, et de 1 partie de charbon bien sec, n'offre pas ces inconvénients; seulement, il faut ménager un peu la chaleur, autrement le gaz acide carbonique se dégagerait trop promptement et projetterait la matière sur les parois du tube. Christison et Boutigny préfèrent aussi ce dernier mélange réductible. Boutigny, à l'exemple de Black, entoure la partie inférieure du tube d'une couche de lut, épaisse de 2 à 3 millimètres, composé de parties égales de terre de pipe, de brique pilée, délayées dans de l'eau, et chauffe jusqu'au rouge pendant 112 heure. Bostoch se servait d'un mélange de charbon et d'huile. Berzelius, ayant remarqué que l'oxyde blanc d'arsenic n'était pas complétement réduit par le flux noir, probablement parce qu'une portion reste combinée avec la potasse, conseille le moyen de réduction suivant : Dans un tube barométrique, effilé à la lampe dans le 113 environ de son étendue, en un tube plus étroit du dia

mètre environ d'une aiguille à tricoter et fermé à cette extrémité, il introduit l'acide arsénieux qu'il couvre d'une couche de charbon récemminent chauffé, de 5 à 6 millimètres de hauteur, couche sur laquelle il place quelques fragments de charbon aussi bien sec, afin d'empêcher le soulèvement de la poudre du charbon par les gaz. Il chauffe au rouge et à la lampe à esprit de vin, d'abord la portion du tube correspondante au charbon, puis celle qui renferme l'acide arsénieux. Celui-ci se vaporise, se réduit en passant à travers le charbon, et l'arsenic se condense en anneaux métalliques brillants et foncés en couleur, à l'endroit où le tube sort de la flamme. On peut en le chauffant doucement le pousser plus loin et lui donner plus d'éclat. Il retranche ensuite la partie inférieure du tube et constate les caractères du métal, comme nous l'avons indiqué, ou par son procédé d'oxydation. En opérant ainsi, il obtient des résultats certains avec 11190m. de grain ou environ 176me de milligr. d'acide arsénieux, ou toute quantité minime de poison pouvant être enlevée de place et introduite dans le tube.

Dans tous ces procédés de réduction le charbon agit comme corps désoxydant, ou en se combinant avec l'oxygène de l'acide arsénieux et passant à l'état d'acide carbonique, et l'arsenic, métal volatil, se condense sur la partie froide du tube. La potasse du flux noir, la soude du carbonate, servent à fixer l'acide arsénieux, afin qu'il ne puisse se volatiser avant sa réduction. Mais ces bases empêchent que la réduction soit complète : ainsi, d'après Christison, on n'obtient environ que la moitié du métal, lorsqu'on opère sur de petites quantités d'acide arsé— nieux; aussi ce toxicologiste recommande-t-il en ce cas le procédé de réduction de Berzelius.

Il importe, dans toutes ces expériences, de s'assurer avant de la pureté des réactifs et des tubes de verre, en opérant préalablement à blanc, c'est-à-dire, sans préparation arsénicale. Dans une expertise légale, faite, après sept ans d'inhumation, par Idt et Ozanam de Lyon, ces chimistes ayant retiré de l'arsenic, par le procédé de réduction, d'une matière noire ou cambouis placée au devant de la colonne vertébrale, et qui, pro

bablement, était le détritus du tube intestinal, conclurent qu'il y avait eu empoisonnement. Idt ayant cru remarquer que les tubes de verre, chauffés avec du flux noir, donnaient des croûtes arsenicales, se rétracta, tandis que Ozanam persista dans son affirmation. Sur la demande de M. le garde des sceaux, une commission de l'Académie de Médecine fut nommée, à l'effet de s'assurer si les tubes à expérience renfermaient de l'arsenic, et dans l'affirmative, si ce métal pouvait en être obtenu par le procédé de réduction. D'un certain nombre d'expériences, cette commission déduisit les conclusions suivantes : 1o L'acide arsénieux n'est pas ordinairement employé en France dans la fabrication du verre; 2o six tubes de verre, pris chez divers fabricants, n'ont pas donné d'arsenic par le procédé de réduction, non plus que des tubes fabriqués avec 11500m, 11600m d'acide arsénieux; 3o enfin, les tubes en verre blanc, parfaitement transparents ne sont pas sujets à erreur; cependant il importe de les essayer auparavant.

Plusieurs chimistes anglais, allemands et français ont objecté que le charbon, les préparations antimoniales, le plomb que contient le verre, les préparations de zinc, de potassium, de cadmium, le sulfure de mercure, etc. donnaient, par le procédé de réduction, des incrustations analogues à celles de l'arsenic. Nous dirons ici seulement qu'elles n'en offrent pas les caractères physiques et chimiques, nous proposant, en parlant des taches arsénicales, d'indiquer comment on peut éviter ces causes d'erreur et plusieurs autres que nous signalerons.

Acide arsénieux dissous.

L'acide arsénieux solide et en petits fragments, jeté sur l'eau, se dépose immédiatement au fond du vase; mais, s'il est en poudre un peu fine, il se pelotonne comme de la farine, en petites masses arrondies, qui surnagent l'eau ou adhèrent aux parois libres du vase, et qui ne se mêlent à ce liquide et ne se déposent qu'après une agitation et un contact assez prolongés. Ce fait est très-important à connaître dans les expertises légales. La solubilité de l'acide arsénieux varie selon qu'il est opaque ou trans

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