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Dissolvez à chaud les matières arsenicales dans de l'acide azotique affaibli, séparez la inatière grasse, lavez-la; évaporez les liqueurs à siccité; mêlez le résidu à environ 2 parties et 1/2 de nitrate de potasse privé de chlorures; dissolvez le mélange dans l'eau; évaporez-le à siccité, de manière à l'étendre sur une grande surface; opérez la déflagration en chauffant fortement l'un des points de la capsule; calcinez le résidu et soumettez le produit, composé de nitrate, d'hypo-nitrile, de carbonate, d'arséniate de potasse, etc., à l'une des réactions suivantes: A-Chauffez-le avec son poids égal d'acide sulfurique, jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus de gaz, des vapeurs nitreuses, dissolvez le résidu dans l'eau, traitez-le par un excès d'acide sulfureux, chauffez pour dégager l'excès de cet acide, précipitez les liqueurs par le gaz sulfhydrique, et réduisezle sulfure comme l'acide arsénieux, page 294; B mieux encore, mêlez le produit de la calcination avec 1 partie et 1/2 d'hydrochlorate d'ammoniaque, chauffez au rouge le mélange dans une cornue de verre. Le chlore du sel ammoniaque se combine au potassium de l'arséniate de potasse, l'hydrogène réduit l'acide arsénique en acide arsénieux, qui se sublime avec l'hydrochlorate d'ammoniaque indécomposé. Dissolvez le produit sublimé dans de l'eau fortement acidulée par de l'acide hydrochlorique, et précipitez le soluté, comme ci-dessus, par le gaz sulfhydrique.

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Procédé de Reinch. L'idée de précipiter les métaux de leurs dissolutions par un autre métal, seul ou aidé de la pile, avait déjà été appliquée aux recherches toxicologiques. Reinch a fructifié cette idée et a établi, en quelque sorte, une nouvelle méthode qu'il a appliquée à plusieurs poisons métalliques. Dans le cas qui nous occupe, elle est fondée sur ce que le cuivre, à chaud et sous l'influence de l'acide chlorhydrique, précipite l'arsenic de ses dissolutions, et sur ce que ce dernier métal, étant volatil, on peut le séparer du cuivre par sublimation. Nous donnons le manuel opératoire, tel que M. Gaultier de Claubry la exécuté, et à l'obligeance duquel nous le devons.

Manuel opératoire. Délayez peu à peu les matières suspectes dans suffisante quantité d'eau distillée, additionnée de 1/15me d'acide chlorhydrique pur; (les matières sèches, dures, résistantes, seront préala blement divisées et même mises à macérer); faites bouillir pendant demi-heure; remplacez l'eau qui s'évapore de manière à ce que les

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matières nagent librement; filtrez à travers un filtre préalablement mouillé, afin d'intercepter le passage des matières grasses; lavez les résidus, d'abord à l'eau aiguisée d'acide hydrochlorique, puis à l'eau chaude. Dans les liqueurs filtrées, convenablement concentrées et encore chaudes, immergez des lames de cuivre parfaitement décapées. Au bout de quelques instants, ces lames perdent de leur éclat, se couvrent d'une couche arsenicale gris-de-fer, et si la quantité d'arsenic est un peu forte, surtout si les liqueurs sont portées à l'ébullition, cette couche devient plus foncée, s'exfolie en petites écailles. Reinch a observé que, par un contact prolongé, surtout quand on opère à l'air, les lames se colorent en brun-noirâtre; alors les résultats étant moins nets ou négatifs, il conseille de ne pas prolonger l'immersion au delà de deni-heure, temps suffisant pour précipiter complétement l'arsenic.

Pour séparer l'arsenic du cuivre, on laye les lames, on les dessèche à une douce chaleur, on les traite même par l'éther si elles sont couvertes de matière grasse, et on les chauffe dans un tube, comme pour la réduction de l'acide arsénieux, pour l'obtenir à l'état de métal, ou dans un tube horizontal, ouvert à ses deux extrémités et effilé à l'une d'elles pour l'avoir à l'état d'oxyde.

La méthode de Reinch est simple, facile, aussi délicate que l'appareil de Marsh, puisque on peut déceler ainsi un millième d'acide arsenieux, retirer enfin, d'après M. Gaultier de Claubry, tout ce poison; ensuite, elle est moins sujette à erreur par le moins grand nombre de réactifs employés. Ce chimiste s'est assuré que de l'acide arsénieux et du sulfure d'arsenic étant mêlés à des matières organiques, le premier seul était décomposé. Reinch et Christison ont retiré de l'arsenic de divers mélanges organiques additionnés de 0,025 d'acide arsénieux. Le premier s'est assuré, par ce procédé, que quelques échantillons d'acide hydrochlorique renfermaient 5 cent. d'acide arsénieux par 30 gram.; il importe donc qu'il soit pur. Si les expériences de Reinch, de M. Gaultier de Claubry sont reconnues exactes, nul doute que ce procédé ne soit préféré à tous les autres dans les recherches toxicologiques. Christison l'a appliqué avec succès dans deux cas de médecine légale. · MM. Orfila, Lassaigne, Audouard de Beziers, ont obtenu cependant des résultats différents et même négatifs. Le premier aurait retiré de l'arsenic par le procédé d'incinération d'un foie arsenical, préalablement traité par la méthode de Reinch. M. Audouard aurait retiré de l'arsenic des urines d'un homme par le procédé d'incinéra ion, nou par le procédé de Reinch. M. Gaultier de Claubry pense

que ces chimistes n'ont pas suivi exactement le mode opératoire de Reinch, qu'ils auront trop acidulé les liqueurs, trop prolongé l'immersion des lames de cuivre. En effet, celles-ci étaient fortement colorées, car ces messieurs sont fort peu explicites à cet égard. M. Orfila, sans accorder beaucoup de valeur toxicologique au procédé de Reinch, croit cependant qu'il serait avantageux d'essayer une portion de matières suspectes par ce procédé.

Procédé de Jacquelain. Le chlore avait déjà été proposé pour les recherches de l'acide arsénieux; M. Jacquelain a repris de nouveau ce procédé et l'a combiné avec l'appareil de Marsh. Il consiste à détruire les matières organiques par le chlore, à filtrer, à chauffer pour dégager l'excès de chlore, à soumettre les liqueurs à l'appareil de Marsh, et à décomposer complétement le gaz hydrogène arsénié par le chlorure d'or.

Manuel opératoire. Si les matières suspectes ne sont pas liquides, ou en bouillie, telles que le foie, les muscles, le tube intestinal, etc. broyez-les dans un mortier avec du sable fin purifié à l'acide hydrochlorique et calciné; délayez-les dans 1/2 litre d'eau distillée pour 100 gram. de matière ; faites passer à travers un courant de chlore, préalablement lavé dans un soluté de potasse, jusqu'à ce qu'elles aient acquis la blancheur du caseum, ce qui exige plusieurs heures; bouchez le flacon, et, après un contact de 12 heures, filtrez au papier Berzelius; chauffez les liqueurs pour chasser l'excès de chlore, et soumettezles à l'appareil de Marsh de l'Institut (page 348), à l'extrémité duquel est adapté un appareil laveur de Liebig, formé de six boules à moitié remplies de dissolution de chlorure d'or, représentant 0,5 d'or environ. Le gaz hydrogène arsénié, non réduit en passant à travers le tube à décomposition E, l'est complétement par le chlorure d'or en acides hydrochlorique, arsénieux et en or. L'opération terminée, réunissez les liqueurs auriferes, réduisez le chlorure excédant par l'acide sulfureux; chauffez pour chasser l'excès de cet acide; filtrez, distillez les liqueurs dans une cornue bouchée à l'émeri, munie d'un récipient afin de décomposer complétement le chlorure d'or, lavez la cornue avec de l'eau aiguisée d'acide hydrochlorique, et soumettez l'eau des lavages, réunie au produit distillé, à un courant de gaz sulfhydrique; chassez l'excès de gaz par ébullition; lavez le sulfure à l'eau chaude et desséchezJe à 100°. Son poids donne la quantité d'arsenic métal, et, par suite, celle d'acide arsénieux que contenaient les matières organiques, en te

nant compte toutefois de l'arsenic condensé dans le tube à décomposition. Le sulfure est réduit par le flux noir.

M. Jacquelain remplace le tube droit à entonnoir B, page 348, par un tube en S, lute l'appareil avec la cire d'Espagne, emploie 80 gram. de zing par 100 gram. de matière organique. Par cette disposition, il n'y a pas déperdition, et on retire la totalité de l'arsenic ajouté aux

matières.

MM. Orfila et Jacquelain ont essayé comparativement le procédé par le chlore et par l'azotate de potasse, sur des portions égales d'un foie d'un chien empoisonné, en faisant passer, dans les deux cas et pendant plusieurs heures, le gaz arsénié à travers le chlorure d'or. Le premier procédé a donné plus de sulfure d'arsenic; aussi, d'après M. Orfila, est-il plus délicat et préférable aux procédés de carbonisation par l'acide sulfurique, et d'incinération par l'azotate de potasse, surtout lorsqu'il faut doser l'arsenic. Ce chimiste pense cependant, et nous sommes de son avis, qu'il ne sera guère possible de l'appliquer aux expertises judiciaires, à cause de sa complication, de ses nombreuses manipulations. Il l'a essayé sur le foie d'un homme inhumé depuis trois semaines, par conséquent en partie putréfié. Les liqueurs ont donné une telle quantité de mousse à l'appareil de Marsh, qu'il a été impossible de continuer l'expérience; aussi, et afin de généraliser ce procédé, M. Orfila propose de mêler les liqueurs, préalablement traitées par le chlore, filtrées et concentrées, avec de d'alcool à 38 ou 40°, dans le but de précipiter la matière organique; il filtre, fait passer un courant de gaz sulfhydrique, porte les liqueurs à l'ébullition, sépare le sulfure, soumet les liqueurs à l'appareil, chauffe le sulfure à plusieurs reprises avec de l'acide azotique pour l'oxyder et détruire la matière organique, évapore, reprend le résidu par l'eau et le soumet à l'appareil de Marsh.

Nous avons exposé succinctement ces divers procédés, plutôt sous le point de vue historique, et en raison de l'importance du poison, car, de nos jours, ils ne sont pas employés dans les expertises judiciaires; et dans les recherches de l'acide arsénieux dans les matières alimentaires, le tube intestinal, lorsque le procédé ordinaire n'est pas applicable, c'est-à-dire, lorsque leur décomposition est trop avancée, qu'elles donnent des liqueurs colorées, chargées enfin de beaucoup matière organique, on a ordinairement recours, comme pour l'acide arsénieux absorbé, au procédé de carbonisation par l'acide sulfurique, en

opérant toutefois avec les précautions que nous indiquerons ci-après, et surtout dans des vaisseaux fermés.

Acide arsenieux absorbé.- Acide arsénieux dans le sang, les poumons, le foie, la rate, les reins, le cerveau, les muscles, les urines, etc.

L'absorption de l'acide arsénieux, ne serait pas admise pathologiquement, thérapeutiquement, et même expérimentalement, puisque la chair des animaux empoisonnés par ce poison est toxique pour d'autres animaux, qu'on devrait l'admettre par induction ou par analogie. Flusieurs expériences avaient été tentées pour démontrer chimiquement ce fait, mais sans résultat satisfaisant. Fodére, chez des personnes soumises à un traite. ment arsénial, a obtenu deux fois des indices de ce poison dans les urines par le nitrate d'argent et l'acide sulfhydrique, réactifs qui, produisirent l'un et l'autre dans ce liquide un nuage d'un jaune-blanc-pâle. Le peu de valeur de ces réactifs, les erreurs auxquelles ils peuvent induire, ne permettent pas de tirer des conclusions de ces résultats. Emmert, dit que, des différentes parties des animaux empoisonnés par l'arsenic, la moëlle épinière seule produit des effets fàcheux sur d'autres animaux, et que, du poison injecté, que l'on ne peut retrouver même dans les vaisseaux sanguins, a été découvert dans la partie postérieure du cerveau et la moëlle épinière. Mais le docteur Marx n'a trouvé dans les mémoires d'Emmert rien qui puisse servir de fondement à cette assertion. Chez des chats empoisonnés par l'arsenic, les uns lentement, les autres promptement, le docteur Harderg ne l'a pas trouvé, par les réactifs liquides, dans le sang, le cerveau, et la moëlle épinière. Sur un cheval, qui avait pris onze drachmes et demi ou environ 46 grammes d'arsenic, dans l'espace de 60 heures, et qui mourut 36 heures après la dernière dose, le docteur Schubarth, n'a pu non plus, par le procédé de Rose, décéler ce poison dans le foie, les poumons, les muscles, le cœur, les reins, la rate, le sang, le cerveau, etc. Le docteur Hombron et M. Souillé pharmacien, sont arrivés aux mêmes résultats négatifs pour

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