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à dégagement, droit ou coudé, ensuite, et avec plus de raison, par un flacon A, à deux tubulures; à l'une des tubulures est adapté un tube droit B, évasé supérieurement en entonnoir et plongeant par son extrémité inférieure au fond du flacon. A l'autre tubulure est fixé le tube C à dégagement, coudé et effilé à son extrémité, en une ouverture arrondie, de 2 ou 3 millimètre de diamètre.

B

Introduisez dans le flacon, des lames de zinc, de l'eau et s. q. d'acide sulfurique pour obtenir une bonne réaction, adaptez-y ensuite les deux tubes. Lorsque l'air de l'appareil sera chassé par le gaz hydrogène, ce qui demande 4 ou 5 minutes de réaction (on peut d'ailleurs s'en assurer en approchant les lèvres de l'extrémité effilée du tube; on éprouve alors l'impression d'un petit vent frais), couvrez le flacon d'un torchon, crainte qu'il n'y ait explosion, et enflammez le gaz. La réaction est bonne, lorsque la flamme a 5 à 6 millim. Versez une portion de la liqueur arsenicale par le tube évasé en entonnoir, en ayant soin de la faire couler sur les parois, pour ne pas entraîner de l'air (il importe, par conséquent, que le tube soit assez large). La flamme de rougeâtre qu'elle était, se colore ordinairement en blanc-opalin-bleuâtre. On la reçoit sur une capsule de porcelaine, qu'on tient perpendiculairement, et qu'on approche progressivement de l'orifice du tube, et on la maintient dans la partie de la flamme où elle se ternit le plus, où elle se couvre de taches, c'est à dire, dans la flamme de réduction. Cependant,

cette partie varie selon la quantité d'arsenic, l'étendue de la flamme, l'époque de l'opération. De sorte que, trois ou quatre essais préliminaires, en apprendront autant à l'expert que tous les détails dans lesquels nous pourrions entrer à cet égard. Lorsque les taches paraissent assez intenses, on reçoit la flamme sur un autre point de la capsule, et on continue ainsi jusqu'à épuisement complet de la liqueur arsenicale. Il faut activer la réaction, si elle est trop modéree, par l'addition de quelques gouttes d'acide sulfurique, ou la ralentir, si elle est trop active, par l'addition d'eau, si la liqueur arsenicale est insuffisante. Les taches se montrent, le plus ordinairement, immédiatement après l'introduction de la liqueur arsenicale, quelquefois après un temps plus ou moins long. Elles peuvent s'interrompre pour reparaître de nouveau, sans qu'on puisse en savoir la cause. Par conséquent, dans ce système, il faut de la persévé

rance.

Caractères des taches arsenicales. Elles varient dans leur aspect, leur étendue, leur épaisseur, leur forme, leur circonscription, et selon la manière de les recevoir, le degré de pureté des liqueurs et la quantité d'arsenic qu'elles renferment, l'époque de l'opération, etc.; 10 leur couleur est ordinairement d'un brun fauve, brun-chocolat, gris-ardoisé, ou gorge de pigeon. Non hygrométriques à l'air, elles s'y ternissent promptement; cependant, nous en avons conservé pendant plusieurs jours avec leur brillant. Elles ne rougissent pas le papier bleu de tournesol humide, et se détachent par le simple grattage; 2o elles ne se volatilisent pas à la température ordinaire, mais promptement et complétement à chaud, sans s'étendre préalablement, et répandent l'odeur alliacée; 5o elles se vaporisent aussi promptement, complétement et sans s'étendre à la flamme oxydante du gaz hydrogène; 40 sc dissolvent rapidement à froid dans quelques gouttes d'acide azotique pur. Le soluté, évaporé lentement jusqu'à siccité, laisse un résidu blanc-sale ou blanc-jaunâtre d'acide arsénique, qui, délayé dans une ou deux gouttes d'eau, précipite en rouge-brique (arséniate d'argent), par quelques gouttes de soluté ou un

fragment de nitrate neutre d'argent. Quelquefois, d'après M. Orfila, le précipité rouge-brique est mélangé de jaune ou d'arsénite d'argent; aussi, MM. Devergie, Flandin et Danger, préferent-ils l'eau régale à l'acide nitrique, laquelle, transforme plus promptement et complétement l'arsenic en acide arsénique. Quelquefois aussi les taches, surtout quand elles sont ép isses, se détachent par petites lamelles qui, surnagent l'acide nitrique, et ne se dissolvent qu'à chaud. MM. les membres de la commission de l'Institut pensent que dans ce dernier cas l'arsenic est mêlé avec des matières charbonneuses, 5o Enfin, le précipité rouge-brique ou arséniate d'argent, mêlé avec du flux noir, et chauffé dans un tube à réduction (voy. p. 294), donne de l'arsenic métal. Les taches arsenicales peuvent être recouvertes, quoique assez rarement, par une matière charbonneuse qui en masque le brillant et leur donne un aspect noirâtre, et qui, d'ailleurs, s'enlève par un léger frottement. M. Orfila, a signalė aussi des taches jaunes arsenicales, composées d'arsenic et de matière organique, et qui, d'après MM. Fordos et Gelis, seraient de sulfure jaune d'arsenic plus ou moins pur. D'un jaune clair ou sombre; l'ammoniaque les dissout instantanément et elles reparaissent par l'évaporation. Difficilement soluble dans l'acide azotique, même à chaud, le soluté évaporé à siccité, laisse un résidu qui se colore en rouge-brique par l'azotate neutre d'argent.

Ces derniers chimistes expliquent la formation de ces taches. comme il suit. Par la réaction du zinc sur l'acide sulfurique concentré, il se forme de l'acide sulfureux, qui, par l'hydrogène est transformé en acide sulfhydrique, lequel en brûlant avec le gaz arsenié donne des taches de sulfure.

Réflexions. L'appareil de Marsh, ainsi modifié, est simple, à la portée de tous les médecins experts; il permet d'agir sur la totalité des liqueurs sans interrompre l'opération; mais il offre les inconvénients déjà signalés, c'est-à-dire, la formation de la mousse et l'impureté du gaz hydrogène arsenié, lorsqu'on opère sur! out avec des liqueurs incomplétement dépouillées de matière o ganique, comme le sont celles obtenues par décocté,

ou par le procédé de la carbonisation par l'acide azotique. C'est cependant avec ces liqueurs qu'on a opéré primitivement dans le système des taches. Ne pouvant empêcher la formation de la mousse par l'huile, l'alcool, ou l'essence de térébenthine, les toxicologistes y remédiaient, en versant les liqueurs dans un entonnoir, et, lorsque, par reposition, la mousse était séparée, ils reversaient la liqueur dans l'appareil. Cette manœuvre était répétée autant de fois que cela était nécessaire. Par ces manipulations ordinairement fort longues, on perdait beaucoup de gaz arsenié et même on était exposé à une détonation par l'introduction de l'air dans l'appareil. C'est cependant ainsi que les toxicologistes français ont opéré dans plusieurs expertises judiciaires, ainsi que dans les cours, dans les démonstrations publiques, avant que le procédé de l'incinération par l'azotate de potasse ou de carbonisation par l'acide sulfurique fussent adoptés. Le flacon à un seul tube à dégagement est peu convenable, parce que, s'il est nécessaire de ralentir ou d'activer la réaction, il faut le déboucher, suspendre l'opération, et l'on perd ainsi beaucoup de gaz arsenié. Un flacon à large goulot, pourvu d'un bouchon à deux trous, peut trèsbien remplacer celui à deux tubulures; il convient même mieux, parce qu'il est plus simple et permet plus facilement l'introduction des lames de zinc. L'extrémité effilée du tube en verre fond assez souvent, se rétrécit, s'oblitère même quelquefois, et, dans ces deux cas, il est nécessaire de retrancher cette extrémité par un trait de lime; mais alors, il n'est pas facile d'avoir une ouverture arrondie. Marsh, se servait d'un tube en métal, peut-être pour éviter cet inconvénient. M. Braconnot, dans un cas d'expertise légale, a remplacé le flacon par une bouteille-à-encre, et le tube en verre par un tuyau de pipe, qui, serait d'ailleurs très-convenable, s'il était possible de l'effiler. Les capsules de porcelaine, pour recevoir les taches, ont été quelquefois remplacées par des capsules ou lames de verre, qui, à la vérité, offrent l'inconvénient d'éclater, ainsi que par des lames de mica.

Mais, les principales objections qu'il importe de signaler,

dans le système des taches, sont les suivantes, car, à la rigueur, on pourrait obvier à la formation de la mousse, en se servant de liqueurs obtenues des matières organiques incinérées par l'azotate de potasse, ou carbonisées par l'acide sulfurique. A. le gaz hydrogène arsenié, peut même, avec des liqueurs arsenicales assez pures, en entraîner une portion, et donner des taches impures, telles que les taches jaunes indiquées par M. Orfila, ou bien encore des taches d'oxy-sulfure de zinc. B. le gaz hydrogène qui se produit dans des liqueurs organiques, peut, à l'appareil de Marsh, donner des taches non arsenicales ou pseudo-taches. M. Orfila a signalé les trois variétés suivantes: 1° Taches de crasse: larges, ternes, miroitantes, d'un brun plus ou moius foncé, difficilement volatiles à la flamme du gaz hydrogène, non solubles instantanément dans l'acide azotique; elles se produisent lorsqu'on opère avec une flamme un peu forte sur des liquides organiques. 2 Les deux autres variétés se forment surtout avec des liqueurs non arsenicales provenant de la carbonisation des matières animales par l'acide azotique : les unes sont blanches, opaques, immédiatement volatiles à la flamme du gaz hydrogène, et disparaissent entièrement au bout de quelques heures à l'air. Les autres sont jaunes ou d'un brun clair, brillantes, avec reflet bleuâtre ou couleur de rouille, ne se dissolvent qu'a chaud dans l'acide azotique, et le résidu de l'évaporation ne se colore pas en rouge-brique par le nitrate d'argent. L'essence de térébenthine (et probablement aussi les autres huiles essentielles) donne des taches noires, miroitantee, en couches minces, de nature charbonneuse. MM. Flandin et Danger, comparant entre eux les divers procédés de carbonisation et opérant dans des vaisseaux fermés, ont obtenu un produit sublimé, composé de sulfite, de phosphite d'ammoniaque et de matière organique, qui, soumis à l'appareil de Marsh, donnait des taches absolument semblables aux taches arsenicales dans leurs caractères physiques et chimiques. Ils ont obtenu de semblables taches avec un composé artificiel de sulfite, de phosphite d'ammoniaque et d'essence de térébenthine. Cependant, d'après MM. les

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