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membres de la commission de l'Institut, MM. Fordos et Gelis, etc., si ces taches ressemblent aux arsenicales par leurs caractères chimiques, il n'en est point ainsi quant aux caractères chimiques. MM. Morh, Liébig, Berzelius et les chimistes français, ont observé aussi que des préparations de fer, de zinc, de tellure, de phosphore, de soufre, d'iode, de brome et sur— tout d'antimoine, donnaient, à l'appareil de Marsh, des taches métalliques ou métalloïdes, qui peuvent en imposer pour des les taches arsenicales. Afin d'abréger, nous n'indiquerons pas caractères de chacune d'elles, nous dirons seulement qu'elles n'offrent pas les caractères réunis des taches arsenicales (voy. d'ailleurs les Préparations antimoniales, et ci-après, les Erreurs d éviter dans l'appareil de Marsh). Les capsules de porcelaine et de verre donnent aussi des taches métalliques par la réduction de l'oxyde plombique qui entre dans le vernis, par le gaz hydrogene. Probablement enfin, que toutes les circonstances dans lesquelles il peut se former des taches métalliques, ou de ma tière charbonneuse, ou pyrogénée, mais non arsenicales, ne sont point encore prévues ou connues.

Ces causes d'erreurs, d'autant plus graves que l'appareil de Marsh est maintenant adopté dans les expertises judiciaires, out fixé l'attention, exercé la sagacité des toxicologistes et des chimistes. Chacun a apporté son tribut scientifique, et proposé des modifications à l'appareil de Marsh, au système des taches, modifications qu'il nous reste à développer. Morh, Liébig. Berzélius, conseillent de décomposer le gaz hydrogène arsenié, en le faisant passer à travers un tube de verre chauffé au rouge brun, dans le double but de détruire les matières organiques et de séparer l'arsenic des métaux qui, comme lui, forment un composé gazeux avec l'hydrogène. Ces derniers métaux, plus fixes, se condensent sur la partie chauffée du tube, tandis que l'arsenic se sublime sous forme d'anneau au delà. Berzélius, propose d'introduire dans la partie chauffée du tube des fragments de cuivre. Il se forme alors un arseniure de cuivre, dont le poids donne la quantité d'arsenic renfermé dans la liqueur. M. Chevalier, a proposé d'y introdu're des fragmen's de porcelaine,

afin de diviser le gaz arsenié et que sa décomposition soit plus complète. MM. Kæppelin et Kampmann, avant d'opérer la décomposition du gaz, le dessèchent préalablement, en le faisant passer à travers une couche de chlorure de calcium. M. Lassaigne, au lieu de brûler le gaz pour en retirer des taches, de le décomposer dans un tube pour obtenir l'anneau arsenical, le reçoit dans un soluté d'azotate d'argent: par la réaction du gaz hydrogène arsenié sur l'oxyde d'argent, il se forme de l'eau, de l'acide arsenicux, qui reste dissous; l'argent se dépose. Il ajoute ensuite de l'acide chlorhydrique pour précipiter complétement l'azotate d'argent en chlorure, filtre, évapore jusqu'à siccité, et obtient pour résidu de l'acide arsénique, dont il constate les caractères. M. Meillet remplace l'azotate d'argent par l'acide azotique: la réaction a lieu alors entre l'oxygène de l'acide et le gaz arsenié, d'où résulte de l'eau, de l'acide arsenieux, qui, par l'évaporation, passe à l'état d'acide arsenique, dont la quantité indique, pondérablement, celle que renfermait la liqueur suspecte. MM. Flandin et Danger, toujours préoccupés de l'inconvénient que présentent les matières organiques, même dans les liqueurs les plus limpides et qui ne moussent point, ainsi que de ce produit sublimé (sulfite, phosphite d'ammoniaque, etc.), qui peut se former dans les carbonisations ordinaires, et qui donne des taches analogues aux taches arsenicales, proposent, dans le but de détruire ces matières, de brûler le gaz arsenié, et de recevoir le produit de la combustion ou l'acide arsenieux, dans un récipient particulier ou condensateur. MM. les membres de la commission de l'Institut, décomposent le gaz arsenié en le faisant passer à travers un tube chauffé au rouge brun, comme l'indiquent Liébig et Berzélius, mais après l'avoir préalablement purifié à travers une couche d'amiante, au lieu de chlorure de calcium, recommandé par MM. Koeppelin et Kampmann, afin de ne pas multiplier le nombre des réactifs, et, par suite, les causes d'erreur. M. Orfila, adopte à la fois le système de l'anneau et celui des taches, c'est-à-dire, qu'après avoir décomposé le gaz arsenié a travers un tube chauffé à la lampe à alcool et renfermant de

l'amiante, il enflamme le gaz qui a échappé à l'action de la chaleur, pour en retirer des taches, ou bien encore, avec Chevalier, reçoit la flamme et le produit de la combustion dans un ballon bitubulé. Enfin, M. Morton, voulant éviter les erreurs qu'on peut commettre avec l'acide sulfurique et le zinc arsenicaux, développe le gaz hydrogène arsenié, à l'aide de la pile galvanique, dont les deux pôles plongent dans la liqueur suspecte. Après cet exposé rapide, il nous reste à développer les modifications les plus importantes, ou plutôt, à décrire les appareils qui les résument en quelque sorte, c'est-à-dire, l'appareil de Marsh, modifié par MM. Flandin et Danger, par MM. les membres de la commission de l'Institut, et par M. Orfila.

Appareil de Marsh modifié par MM. Flandin et Danger.

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Cet appareil est composé 1o d'un flacon en verre A, à large goulot, fermé par un bouchon à deux trous: à l'un des trons, est adapté un tube B, destiné à introduire les liqueurs, et à l'autre, un tube C à dégagement, droit, effilé; 2o un tube D, coudé à angle droit, communique avec la tubulure latérale d'un condensateur E, conique, lequel offre une petite ouverture à son sommet; 30 un refrigérant F, conique, rempli d'eau distillée froide, est placé dans ce condensateur, et en ferme momentanément l'ouverture inférieure: 4° l'appareil est soutenu par un support G, H, sur le pied duquel est une petite capsule I, destinée à recevoir le produit liquide du condensa

teur.

L'appareil étant ainsi disposé, introduisez le zinc, l'eau et l'acide sulfurique dans le flacon; laissez réagir jusqu'à ce que le gaz hydrogène ait chassé l'air; enflammez alors le gaz, et engagez peu à peu le tiers environ de la flamme dans l'ouverture inférieure du tube à combustion; ajoutez ensuite la liqueur arsenicale; réglez la réaction de manière à ce que la flamme offre 5 à 6 millim., et continuez ainsi jusqu'à complet épuisement de la liqueur. L'hydrogène arsenié est transformé, aux dépens de de l'oxygène de l'air, en eau et en acide arsenieux, lequel se condense en partie sous forme de poudre blanche, nuageuse, dans le tube à combustion, et en partie à l'état liquide, entraîné et dissous par la vapeur d'eau, dans le condensateur, L'opération terminée, on constate les caractères de l'acide arsenieux. A cet effet, faites bouillir, pendant quelques instants, un peu d'acide azotique ou d'eau régale dans le tube à com bustion; lavez le tube; évaporez les liqueurs à siccité, et, dans le résidu (acide arsenique), préalablement dissous dans quelques gouttes d'eau distilléc, placez un fragment de nitrate neutre d'argent cristallisé: aussitôt, il se forme un précipité rouge-brique d'arséniate d'argent, >e! qui, mêlé avec du flux noir et chauffé dans un tube a réduction, donne de l'arsenic métal. D'un autre côté, on soulève le réfrigérant, afin de faire écouler l'acide arsenieux liquide du condensateur dans la petite capsule, et, sur ce liquide fractionné en plusieurs parties, on

constate les réactions par l'acide sulfhydrique, le sulfate de cuiere ammoniacal et le nitrate d'argent ammoniacal.

MM. Flandin et Danger, par leur procédé, ont obtenu des résultats très-nets, en opérant seulement sur 50 grammes de chairs d'un animal empoisonné, carbonisées par l'acide sulfurique. Ils pensent que, dans la plupart des expertises légales, on arriverait à des résultats certains, en agissant seulement sur 500 grammes de viscères ou de chair musculaire. Ce procédé, est, en quelque sorte, une modification du tube à combustion de Marsh; mais la disposition de MM. Flandin et Danger, permet de condenser plus complétement l'acide arsenieux, car, d'après ces chimistes, il n'y aurait pas de déperdition. MM. les membres de la commission de l'Institut et de l'académie de médecine reconnaissent que l'appareil de MM. Flandin et Danger est très-ingénieux; ils ne l'adoptent pas cependant, en raison de sa complication. Un reproche qu'on pourrait peut-être adresser à cet appareil, c'est que l'hydrogène arsenié, étant complétement brûlé en acide arsenieux, il faut ensuite réduire cet acide en métal, ce qui multiplie les opérations. Mais cette objection est de peu d'importance, puisque, dans le système des taches ou de l'anneau, les auteurs conseillent cette réduction, quoique non absolument indispensable.

Appareil de Marsh modifié par les membres de la commission de l'Institut.

MM. les membres de la commission de l'Institut (Boussingault, Dumas, gnaud et Thénard: Regnaud rapporteur), après avoir essayé comparativement les divers procédés de carbonisation, ainsi que le degré de sensibilité de l'appareil de Marsh, adoptent le procédé de carbonisation par l'acide sulfurique, comme étant plus simple, plus prompt et moins sujet à la déperdition de l'arsenic. Ils ont trouvé, 1o qu'une liqueur renfermant d'acide arsenieux, donnait des taches caractéristiques à l'appareil de Marsh, et que des taches commençaient même à paraître dans une liqueur à 1000000; 2o que les taches se formaient tout aussi bien dans une liqueur

1000000

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