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raissaient soudain à l'état de sulfure jaune miroitant. La double réaction du chlore gazeux et de l'acide sulfhydrique sur les taches a été indiquée par l'un de nous (M. Devergie).

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A l'ensemble de ces caractères, il était impossible déjà de ne pas reconnaître l'arsenic.

« Inscrit sous le n° 1, le tube de verre dans lequel se trouve le dépôt d'arsenic métallique est remis comme pièce à conviction à M. le juge d'instruction. Telle est la quantité d'arsenic qu'il renferme, qu'il pourra servir pour renouveler devant la justice toute la série des réactions propres à caractériser ce corps, et à le faire distinguer chimiqueinent d'avec toute autre substance. Sous le n° 2 est une des soucoupes dans laquelle ont été conservées quelques taches.

« Assurés par ce résultat que le foie contenait une substance toxique, et que cette substance était l'arsenic, le charbon sulfurique de la seconde moitié des 155 grammes du foie a été repris, comme l'avait été le précédent, par l'acide chloro-nitrique et par l'eau, et le liquide traité cette fois dans l'appareil de MM. Danger et Flandin. L'appareil, qui du reste était neuf, a été préalablement essayé, et le tube à combustion pesé exactement. Le liquide suspect introduit dans le flacon d'où se dégageait l'hydrogène, la flamme n'a pas tardé à devenir arsenicale, et Lientôt aussi un dépôt blanc d'acide arsénieux s'est formé dans l'intérieur et particulièrement à la partie supérieure du tube coudé. En même temps l'eau de combustion s'est écoulée goutte à goutte du condenseur par la petite ouverture ménagée à l'extrémité pour la recevoir. Elle était complétement incolore et d'une transparence parfaite.

«< Au fur et à mesure de l'écoulement, le liquide a été soumis à diverses réactions. 1o Il a été précipité en jaune serin (sulfure d'arsenic) par l'acide sulfhydrique. Le précipité s'est dissous dans l'ammoniaque sans la colorer; il a repris naissance par l'addition de l'acide chlorhydrique, puis a été réduit en métal au moyen du flux noir (Voir le tube no 3). 2o Il a été précipité en vert (arsénite de cuivre ou vert de Schéele) par le sulfate de cuivre ammoniacal. Le précipité s'est dissous dans l'ammoniaque. 3o Évapore dans une petite capsule en porcelaine, le liquide a laissé un résidu blanc sec (acide arsénieux). Humecté par trois gouttes d'acide azotique et une goutte d'acide chlorhydrique, acides qu'on a ensuite fait évaporer, le résidu a paru déliquescent à l'air (acide-arsénique). Repris par l'eau, il s'est dissous et a précipité en rouge-brique par le nitrate d'argent neutre arséniate d'argent). Ce précipité s'est dissous dans l'ammoniaque. Le

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dépôt blanc d'acide arsénieux recueilli dans le tube à combustion a été pesé avec soin. Son poids dépassait deux milligrammes. On l'a divisé en deux parties à peu près égales, dont l'une a servi à reconnaître de nouveau les propriétés que nous venons de signaler dans la liqueur de condensation, et dont l'autre a été réservée pour produire des taches, en l'introduisant dans l'appareil de Marsh. On a constaté: 1o la volatilité; 2° la solubilité dans l'eau et dans l'acide chlorhydrique; 3° la précipitation par l'acide sulfhydrique en une poudre jaune soluble, sans résidu et sans coloration dans l'ammoniaque, d'où l'acide chlorhydrique la séparait de nouveau sous la forme de flocons jaunes; 4o la précipitation en rouge-brique par le nitrate d'argent neutre, lorsqu'après l'avoir traitée par l'acide azotique mêlé d'un peu d'acide chlorhydrique, on avait évaporé à sec la liqueur et dissous le résidu dans l'eau. Après avoir reconnu successivement et de la manière la plus nette les caractères dont nous venons de donner l'indication et dont l'ensemble ne pouvait désormais laisser de doute dans notre esprit sur la présence de l'arsenic dans la partie du foie envoyée à notre examen, nous avons soumis à l'appareil de Marsh la seconde partie de l'acide arsénieux mise en réserve, certains que nous devions avoir des taches arsenicales complétement dépouillées de tout vestige de substance animale. L'appareil avait été essayé et l'acide arsénieux transformé par l'acide chloro-nitrique en acide arsénique. Immédiatement l'odeur du gaz arsenical s'est manifestée. Le gaz allumé, la flamme a pris la coloration propre à l'arsenic qui brûle; des taches brillantes et métalliques ont été recueillies sur plusieurs soucoupes en porcelaines. Soumises à diverses réactions, ces nouvelles taches ont présenté tous les caractères de l'arsenic le plus pur. Brûlées au chalumeau, elles ont donné en se volatilisant l'odeur de l'arsenic : touchées par le chlore, elle sont été dissoutes instantanément sans laisser de résidu; le chlorure ainsi formé a donné par le gaz acide sulfhydrique une couleur jaune de sulfure d'arsenic. Nous remettons à M. le juge d'instruction deux soucoupes contenant le reste des taches sur lesquelles nous avons opéré les réac tions précitées. Ces soucoupes portent les no 4 ct 4 bis.

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ANALYSE DES INTESTINS. — « La portion du tubé digestif qui se trou. vait parmi les matières à conviction pesait 245 grammes (environ 8 onces) elle se composait d'une très-petite portion d'intestins grêles et d'une quantité beaucoup plus considérable de méséntère. — On a prélevé sur la masse, pour une première opération, 100 grammes qu'on a carbonisés dans une capsule de porcelaine neuve de Sèvres, avec 33

grammes d'acide sulfurique. La carbonisation s'est faite avec régularité et rapidité; le charbon était sec et friable. On l'a réduit en poudre, puis traité par l'acide chloro-nitrique et ensuite par l'eau, d'après la méthode déjà suivie. Introduit dans l'appareil de Marsh (procédé de l'Institut), tenu en activité depuis trois quarts d'heure sans qu'il se fût produit de dépôt dans le tube le liquide a donné, au bout de quelques minutes, un anneau miroitant, peu intense il est vrai, mais auquel on a reconnu les propriétés de l'arsenic. 1o Cet anneau était déplacé dans le tube par l'approche de la flamme d'une lampe à alcool; 2o en contact de l'air chaud il a été transformé dans le tube même en une poudre blanche volatile (acide arsénieux); 3° après le refroidissement du tube, l'acide arsénieux a été dissous instantanément par le gaz dégagé d'un flacon de chlore; 4° le contact du gaz acide sulfhydrique a transformé le chlorure en sulfure jaune d'arsenic volatil; 5° le sulfure jaune repris avec du flux noir dans le tube effilé à la lampe a été ramené à l'état d'arsenic métallique (Voir le tube no 5). - Répétée sur les 145 grammes d'intestins restants, la même opération a donné des résultats identiques, mais mieux tranchés encore, l'anneau métallique étant plus considérable, en raison de la plus grande quantité de matières brûlées. Analyse de la chair musculaire. « On a carbonisé en deux fois, par l'acide sulfurique, 250 grammes des muscles de la cuisse. Au terme de l'opération, qui a été conduite absolument comme l'avaient été les opérations précédentes, on a obtenu dans le tube à condensation (appa -reil de l'Institut) un anneau métallique très-apparent, très-caractéristique. Cet anneau, déplacé dans le tube à l'aide de la flamme d'une lampe. à alcool, a passé, au contact de l'air chaud, à l'état d'acide arsénieux qui, dissous par l'ean, a été transformé par le gaz acide sulfhydrique en sulfure jaune d'arsenic. Ce sulfure jaune a été décoloré et rendu soluble par l'ammoniaque.

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Analyse des terres du cimetière.—« Pour nous conformer à l'ordonnance de M. le juge d'instruction, nous avons procédé à l'analyse des terres recueillies soit au-dessus soit au-dessous de la bière de Henry Lacoste. Il a été pris, dans chacun des deux bocaux qui nous avaient été remis, un kilogramme de matière que l'on a traitée isolément dans une grande capsule en porcelaine dure de Sèvres, par 20 grammes d'acide nitrique et 210 grammes d'acide sulfurique, légèrement étendu d'eau. L'effervescence produite par la décomposition des sels calcaires étant apaisée, et la masse restant fortement acide, on l'a fait chauffer à petit feu pendant un quart-d'heure, après quoi on l'a étendue d'eau et

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maintenue à l'ébullition pendant une heure, en ayant soin de remplacer de temps en temps l'eau évaporée. Après la filtration, les liqueurs. étaient limpides, d'un jaune-rougeâtre. Elles ont été rapprochées par concentration. Un appareil de Marsh (procédé de l'Institut) a été mis en activité et essayé. Le tube à condensation restant pur de toute tache, on a introduit par fractions l'un des liquides dans le flacon à hydrogène, et l'on a entretenu le dégagement du gaz durant une heure.

·Aucun dépôt ne s'est formé dans le tube à condensation ; le charbon retiré, le gaz n'a exhalé aucune odeur d'arsenic; l'hydrogène enflammé, la flamine n'a pris aucune coloration, et elle n'a donné aucune tache. Traité dans le même appareil et pendant un temps égal, le second liquide n'a pas donné non plus la moindre tache d'arsenic.

« Il nous a paru démontré par cette double analyse que la terre du cimetière, prise soit au-dessus soit au-dessous de la bière de Henry Lacoste, ne recélait aucune trace d'un composé arsenical.

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---- « Bien qu'il ne nous restât aucun doute sur les résultats de pos analyses, nous avons jugé convenable de mettre en regard de l'expérience capitale de notre expertise une opération faite absolument dans les mêmes conditions. A cet effet, il a été pris 77 grammes de foie d'un cadavre humain, que l'on a carbonisés avec 30 grammes d'acide sulfurique. Le charbon, réduit en poudre, a été humecté par 15 grammes d'acide chloro nitrique, desséché au feu, puis repris par l'eau qu'on a portée à l'ébullition, lavé à diverses reprises, et le liquide convenable ment concentré a été introduit dans un appareil de Marsh (procédé de l'Institut). L'appareil a été maintenu en activité pendant une heure, sans qu'il se déposât la plus légère trace d'arsenic dans le tube à condensation. Le charbon retiré, le gaz n'exhalait que l'odeur d'hydrogène; enflammé, il n'a pris aucune couleur, ni donné aucune tache sur la porcelaine.

« CONCLUSIONS. Les analyses dont nous venons de rendre compte se prêtent un mutuel controle, nous en concluons,

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1° «Que la partie du foie de Henry Lacoste sur laquelle nous ayons opéré contenait une quantité très-notable d'arsenic si nous avions à évaluer cette quantité en poids, nous ne craindrions porter à plus de cinq milligrammes;

pas de la

2° « Que les portions d'intestins et de chair musculaire soumises à notre examen en contenaient également des traces appréciables, quoique en proportions moindres que le foie, ce qui s'accorde, du reste, avec ce que l'on sait d'un empoisonnement par l'arsenic;

3° « Qu'il n'existait aucune apparence de cet élément toxicologique dans les terres recueillies, soit en dessus, soit en dessous de la bière dudit Lacoste.

- « Nous joignons à ce rapport, comme pièces de conviction : sous le n° 1, un tube de verre dans lequel se voit un dépôt d'arsenic métallique extrait du foie; sous le n° 2, une soucoupe de taches d'arsenic provenant de la même source; sous le no 3, un petit tube de verre contenant un anneau d'arsenic également retiré du foie, mais réduit à l'état métallique après avoir subi diverses réactions successives; — sous les numéros 4 et 4 bis, deux soucoupes de taches d'arsenic recueillies dans les mêmes conditions que le petit anneau précédent; sous le no 5, un petit tube renfermant un anneau d'arsenic provenant des intestins, mais ramené à l'état de métal pour la seconde fois, après une série de réactions intermédiaires. Nous croyons devoir annexer à ces pièces un échantillon, ou les restes mêmes des divers réactifs employés dans nos recherches. En voici l'énumération : Un flacon contenant de l'acide sulfurique; idem, de l'acide azotique; idem, de l'acide chlorhydrique; idem, de l'eau distillée; idem, du zinc; quelques feuilles de papier Berzelius. Nous remettons également à M. le juge d'instruction les quatre bocaux en verre noir renfermant les restes des matières dans lesquelles nous avons opéré

«Fait à Paris, dans le laboratoire de chimie du Collège de France, le 26 mars 1844.

« Les soussignés réclament pour le temps employé à ladite expertise, et pour chacun d'eux, la somme de 255 fr., montant de trentesix vacations de jour et de dix vacations de nuit; en outre, les dépenses faites par l'un d'eux pour achat de réactifs, capsules en porcelaine, tubes en verre des appareils, etc., s'élevant à 60 fr. »

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Il n'est pas de préparations aussi nombreuses, aussi variables dans leur composition que les antimoniales. Les plus inportantes à connaître sont : l'antimoine, les oxydes, les sulfures, les oxy-sulfures, les chlorures, et surtout l'émétique. Emétique.

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Le tartre émétique ou stibié, tartrate de potasse et d'antimoine, tartrate antimoniaco-potassique, peut être,” 10 à l'état solide; 20 dissous; 5o mêlé ou combine avec les

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