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de sulfure d'antimoine par l'ammoniaque, en a retiré 30 centigr. (6 grains) de sulfure d'arsenic. Cette même quantité étant bouillie dans 500 gram. (1 livre) d'eau jusqu'à réduction à moitié, le décocté filtré et précipité par l'acide sulfhydrique, a donné 1 grain 6/10 de sulfure d'arsenic, ou 1 grain 44/100 d'acide arsénieux. M. Rayer a administré à plusieurs malades 16 grani. (1/2 once) de sulfure d'antimoine, pendant plusieurs jours, sans le plus léger effet, tandis qu'ils étaient assez fortement purgés par le décocté, préparé avec 8 gram. (2 gros). En effet, les malades ne pouvaient pas prendre impunément 4 centigr. ou 5/4 de grain d'acide arsénieux. Ce décocté est inconstant dans ses effets, selon qu'il est préparé avec le sulfure en poudre plus ou moins fine, qu'il a été passé à travers un linge plus ou moins serré, que le sulfure a été déjà épuisé par des décoctés précédents, circonstances que le médecin expert doit prendre en considération. La nature des substances végétales qui servent à composer ces tisanes doit aussi avoir une certaine influence sur la transformation de sulfure d'arsenic en acide arsénieux, comme l'a démontré M. Decourdemanche.

Le verre, les cendres d'antimoine, et le safran des métaux, encore usités dans la médecine vétérinaire, sont des éméto-cathartiques violents, à la dose de 10 à 40 centigr. et peut-être toxiques à dose plus élevée, mais nous manquons d'observations bien détaillées. Fabrice de Hilden parle d'une femme affectée de douleurs d'estomac, qui eut des vomissements abondants et répétés, devint sourde de l'oreille droite, pour avoir pris du verre d'antimoine dans une potion. Une femme met à digérer, pendant 1 heure, quelques grains de verre d'antimoine dans du vin blanc et avale le tout: vomissements abondants, perte de connaissance, mouvements convulsifs, etc.; elle commençait à reprendre des forces, lorsqu'il se déclara une douleur vive au pied droit, suivie de gangrène qui nécessita l'amputation. Presque guérie des suites de l'amputation, elle succomba 17 jours après à un catharre suffocant. A l'autopsie, on trouva des concrétions polypeuses dans le cœur, les poumons tachetés, les bronches remplies d'un mucus écumeux, des adhé

rences, avec épanchement dans la cavité pleurale, le foie de couleurjaune bigarrée, la rate volumineuse(Manget). Frédéric Hoffmann dit avoir observé plusieurs exemples d'empoisonnements mortels par le verre d'antimoine, entre autres, celui d'un individu à qui on fit prendre du verre d'antimoine quelques instants avant un accès de fièvre intermittente, et qui fut pris de vomisseinents abondants, de déjections fréquentes, de convulsions, d'un tremblement général avec grande anxiété, accidents qui cessèrent pendant le stade de la chaleur; le lendemain il survint un nouvel accès, et le malade succomba. L'estomac était enflammé, sphacélé. Dans des cas semblabies, le médecin expert aurait à faire la part de l'état morbide antérieur ou actuel, dans l'appréciation des effets du poison.

VIN ANTIMONIE, STIBIÉ OU ÉMÉTIQUE. Préparé, comme autrefois, par macération, avec le verre d'antimoine et le vin de Malaga, il est jaune-rougeâtre, éméto cathartique violent, mais variable dans ses effets. La formule actuelle du codex est de 10 centigr. (2 grains) émétique dissous dans 32 gram. (1 once) de vin de Malaga. Le vin, par un contact assez prolongé avec un alliage d'étain et d'antimoine, avec les préparations antimonialesoxydées, acquiert aussi des propriétés éméto-cathartiques. Il se forme probablement de tartrate de potasse et d'antimoine. Soumis à la distillation dans une cornue, ces vins antimoniés donnent de l'alcool et laissent un résidu qui, dissous dans l'eau aiguisée d'acide tartrique et filtré, offre les réactions de l'émétique, et fournit de l'antimoine à l'appareil de Marsh.

KERMES, Oxysulfure d'antimoine hydraté.-SOUFRE DORÉ D'ANTIMOINE, Oxysulfure d'antimoine hydraté sulfuré. Le premier est en poudre floconneuse d'un rouge-brun foncé, velouté, et le second de couleur orange-rougeâtre. Ces deux produits, 1o sont solubles à chaud dans un soluté concentré de potasse, dont ils sont précipités par un acide; 2o décomposés à chaud par le gaz hydrogène ou procédé de Turner, page 478, en antimoine et en gaz hydrogène sulfuré; 3o l'acide chlorhydrique les transforme en chlorure, et en dégage aussi du gaz sulfhydrique; 4omêlés à du flux noir et chauffés dans un tube de verre

ou entre deux charbons, ils donnent des globules d'antimoine. Le soufre doré d'antimoine se distingue du kermès par sa couleur et en ce qu'il brûle sur les charbons ardents avec une flamme bleu pâle à odeur d'acide sulfureux.

Dans les cas où ces médicaments seraient sophistiqués avec les sesqui-oxydes de fer, la brique, les terres bolaires pilées, des poudres végétales, etc., on les séparerait de ces corps par un soluté de potasse, lesquels sont insolubles dans cet alcali, et on les précipiterait ensuite de ce soluté par un acide.

Le kermès, le soufre doré sont si peu importants, que nous nous contenterons des détails suivants: 4 ou 8 gramm. (1 ou 2 gros) déposés sur le tissu cellulaire de la cuisse d'un lapiu sont sans effet (Rayer). 10 à 40 centigr. agissent chez l'homme comme éméto-cathartiques. Cet effet, d'ailleurs très-inconstant, n'a pas lieu à dose plus élevée (Toulmouche). La dose a été portée progressivement chez l'homme, jusqu'à 20, 60, 100 grains et souvent sans accidents. De la diarrhée, des coliques sourdes et surtout des gargouillements se manifestent quelquefois, lorsque le kermès est administré à la dose de 5 à 15 centigrainmes dans un looch, une potion.

CHLORURE OU proto-chlorure d'antimoINE. Beurre d'anmoine, De consistance butireuse, blanc, cristallin, fusible et complétement volatil au-dessous de 100°, ainsi que sur les charbons ardents, en vapeurs blanches, épaisses, il se liquéfie et se transforme à l'air en un liquide oléagineux jaune-brunâtre. L'eau le convertit en chlorhydrate acide d'antimoine soluble et en sous-oxychlorure d'antimoine, qui, se dépose en flocons blanchâtres, et qui, desséché, forme la poudre d'Algaroth, mercure de vie. La liqueur, ainsi que le dépôt, se colorent en jaune, orangé-rougeâtre par l'acide sulfhydrique. Le chlorure et sous-oxychlorure mêlés à du flux noir et chauffés dans un tube, se réduisent en antimoine et en chlorure de potassium, qui, dissous dans l'eau, offre les réactions caractéristiques du chlore par l'azotate d'argent.

Dans le cas où le proto-chlorure d'antimoine aurait été donné comme poison, aurait produit des accidents graves par suite de

son emploi à l'extérieur, comme il est décomposé par l'eau, et qu'il forme des composés insolubles avec les matières organiques astringentes,caséeuses, albumineuses, etc.,on le trouverait, 1⚫en dissolution à l'état de chlorhydrate acide d'antimoine dans les liquides; 2o mêlé aux matières solides ou déposé sur le tube intestinal à l'état de poudre blanche floconneuse qu'il serait facile d'isoler par les lavages, et probablement aussi combiné en partie à ces matières, surtout avec les parties scarifiées. Ces caractères et les lésions spéciales serviraient peut-être à faire connaître si ce n'est point le sous-oxychlorure qui a été administré. Celui ci serait à l'état de mélange sous forme de poudre jaunâtre qu'on pourrait séparer complétement par les lavages, et les liqueurs n'offriraient pas, ou que fort peu, les réactions des sels d'antimoine.

Le chlorure d'antimoine est un caustique très-énergique, difficile à limiter, à effet prompt et profond, les escarres sont blanches, épaisses et molles. Probablement que son effet serait affaibli par la décomposition qu'il subirait de la part des liquides de l'estomac, mais il ne laisserait pas que de produire son effet caustique sur la muqueuse buccale, pharyngée, etc. Nous ne connaissons pas d'exemple d'empoisonnement. Dans la Lancette médicale (1843), on en rapporte un cas, mais si obscur, que nous n'osons le donner. La poudre d'algaroth serait un émétocathartique violent à la dose de quelques centigr., et inconstant dans ses effets, d'après Desbois de Rochefort.

L'antimoine, les oxydes, les sulfures, les oxysulfures et le chlorure étant insolubles dans l'eau ou décomposables par ce liquide (le chlorure), dans un cas d'expertise légale, on les séparerait facilement des matières alimentaires et du tube intestinal

par des lavages; mais comme ces préparations peuvent aussi former des composés insolubles avec les matières organiques, être dissoutes par les acides de l'estomac, des aliments ou des boissons, et par conséquent absorbées, il faudrait ensuite agir sur les liquides, les matières solides et les organes, comme dans l'empoisonnement par l'émétique.

Faits pratiques.

Le sulfure d'antimoine est la préparation la plus anciennement connue; il servait de cosmétique chez les Grecs, usage encore suivi des Orientaux, pour noircir les cheveux et donner plus d'éclat à l'œil. L'antimoine a été retiré du sulfure, au 12e siècle, par Basile Valentin; l'émétique, découvert en 168} par Adrien de Mynsicht, et le kermès par Glauber en 1670. Il n'est pas de préparations dont les propriétés médicales et toxiques aient été aussi contestées. Exclues d'abord du cadre pharmaceutique, en 1566, par les anciens membres de l'École de médecine et par arrêt parlementaire, elles ont été réhabilitées, en 1666, par la même école et par un nouvel arrêt.

L'intoxication par les préparations antimoniales et en particulier par l'émétique, peut avoir lieu par toutes les voies; mais c'est presque toujours par ingestion, et, le plus souvent, par suicide ou par inadvertance, aussi intéressent-elles davantage sous le rapport médical que légal.

Quant à l'intoxication par les voies de la respiration, dans les observations que nous possédons, il n'est pas bien démontré que les effets dépendent exclusivement des vapeurs antimoniales. Cependant, d'après les expériences de MM. Flandin et Danger sur les chiens, l'inspiration du gaz hydrogène antimonié serait toxique. Le docteur Lohmeier, pendant l'été de 1839, a observé les effets suivants sur 4 personnes qui travaillaient dans un établissement où se préparaient en grand l'émétique, le beurre et le verre d'antimoine, où l'on fondait la poudre d'algaroth: douleurs de tête, difficulté de respirer, point-de-côté, douleur pongitive dans le dos, râle muqueux et sifflant, sueurs abondantes, abattement général, anorexie, diarrhée, dysurie avec écoulement de mucosités causant un sentiment douloureux dans l'urèthre, flaccidité de la verge, dégoût pour le coït et même impuissance complète, pustules sur les différentes parties du corps et principalement sur les cuisses et le scrotum, douleurs dans les testicules, atrophie de ces organes ainsi que du pénis (Gazette médicale, 1839). Les homœopathes

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