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toute la partie supérieure de la clavicule, et coupe la précédente à angle droit; 4° deux incisions partant de chaque côté du tiers externe de la clavicule, et se rendant obliquement en dehors, à la base de la poitrine, vers l'extrémité antérieure de la quatrième fausse côte; disséquez les lambeaux de la peau du cou et rejetez-les en dehors; sciez l'os maxillaire inférieure à sa partie moyenne, pour examiner la langue, la bouche et le pharynx; coupez les muscles du cou; sciez les clavicules et toutes les côtes dans les parties correspondantes aux deux incisions, et rabattez le lambeau sur l'abdomen. Après avoir noté l'état des poumons, du cœur, des plèvres, des liquides épanchés, incisez le péricarde, puis les deux cavités du cœur par deux incisions parallèles à leur axe; enlevez le cœur et le péricarde; incisez perpendiculairement le larynx, la trachée artère, les bronches; coupez en divers points le tissu pulmonaire pour en observer les altérations.

3. Examen des organes abdominaux.-Examinez avec soin l'abdomen à l'extérieur, s'il est tendu, bosselé, contracté, etc. Divisez-en les parois dans toute leur circonférence inférieure et latérale, en longeant l'épine antérieure et supérieure, la crête des os des iles et des branches du pubis; relevez le lambeau sur la poitrine; notcz l'état des divers organes, du péritoine, des matières liquides qu'il peut contenir, et qu'on recueille dans un vase à l'aide d'éponges bien propres ou d'une petite secoupe. Enveloppez d'une compresse assez large et fixez à l'aide de deux ligatures les portions du tube intestinal qui seraient perforées. Examinez le foie, la rate, la vessie, les reins, le vagin, la matrice. Divisez le diaphragme; liez à leur terminaison inférieure l'œsophage, l'estomac, les petits et les gros intestins; détachez tout le tube intestinal; étendez-le sur une table ou sur une planche bien propres ; incisez longitudinalement et successivement chacune de ces parties, pour en observer les altérations pathologiques et les matières qu'elles contiennent. Enfin, examinez le sang des gros vaisseaux artériels et veineux de la poitrine, de l'abdomen et des membres; s'il était nécessaire de le recueillir liez les vaisseaux avant de les isoler des organes.

4o Examen de la moelle épinière. - Retournez le corps et placez sous l'abdomen un billot ou pavé, afin de rendre le dos bombé: incisez profondément les muscles des gouttières vertébrales, depuis l'occiput jusqu'au sacrum; divisez avec une scie convexe ou un rachitome les lames vertébrales aussi près que possible des apophyses transverses;

enlevez les portions qui ont été sciées; incisez longitudinalement la dure-mère, et, après avoir examiné en place la moelle épinière, ses membranes, coupez les racines antérieures et postérieures des nerfs, pour l'enlever en totalité et l'examiner dans chacune de ses parties.

Dans les autopsies toxicologiques, l'examen porte habituellement sur le tube intestinal, les organes abdominaux et thoraciques. On peut s'en tenir à ces parties lorsqu'elles offrent des lésions suffisantes pour expliquer la mort. Dans tout autre cas, surtout lorsque le malade a présenté des symptômes narcotiques, convulsifs ou tétaniques, l'examen du système nerveux est nécessaire. Il faut aussi ne pas négliger les organes génitaux dans les cas d'empoisonnements par le vagin, d'avortement attribué à l'ingestion des substances abortives, l'état des parties externes, des seins, etc., sur lesquelles le poison a été appliqué. Après l'autopsie, les organes ou partics d'organes qui ne doivent pas être soumis à l'analyse, seront placés en leur lieu et place, et le corps exactement renfermé dans le cercueil.

EXHUMATIONS.

Il est inutile de faire ressortir l'utilité des exhumations juridiques, puisque le poison a été décélé dans le détritus, les os du cadavre après plusieurs années d'inhumation. Aux assises de la Haute-Vienne, un des coupables ayant révélé le crime après dix ans, le squelette de la victime donna de l'arsenic on n'en retira pas d'un autre squelette placé à côté. Aux assises de la Meurthe, 1854, après seize ans d'inhumation, par le procédé de carbonisation sulfurique, MM. Braconnot, Blondlot et Simonin ont retiré l'arsenic : 1° des débris osseux et graisseux d'un cadavre, disséminés dans la terre; 2° de 200 gram. du cerveau d'un autre. La terre du cimetière n'était pas arsénicale. Ils ont cassé la partie du tube sur laquelle était condensé l'arsenic et constaté sur les fragments, sa volatilisation, son odeur alliacée, les réactions par l'hypochlorite de soude, par l'acide azotique et l'azotate d'argent. On procède à l'exhumation de la manière suivante :

4° Faire circonscrire le lieu de la sépulture par quatre tranchées parallèles, en notant au fur et à mesure la nature du

terrain, sa plus ou moins grande perméabilité; recueillir audessus et tout autour 2 à 4 kilogr. de terre; constater sa position, son état de conservation; l'enlever avec précaution et la déposer sur une table préalablement dressée dans le lieu le plus élevé, le plus aéré du cimetière. Enfin prendre 2 autres kilogrammes de terre au-dessous de la bière et dans un endroit éloigné où il n'y a pas eu de sépulture. Ces diverses portions de terre sont renfermées dans autant de vases distincts, étiquetés, scellés, numérotés, etc.

2o Après avoir constaté l'état des planches, de la serpilière, des vêtements, en avoir déposé quelques fragments dans un vase, surtout les parties humides salies par les matières des ouvertures naturelles, reconnu l'identité et constaté l'état extérieur du corps, le degré de putréfaction, on procède à l'autopsie comme il est dit page 52.

3o Si la bière est effondrée, en partie détruite, ainsi que les vêtements, si enfin les parties molles du corps ne forment qu'une sorte de détritus, de cambouis, de manière à ne pouvoir distinguer les organes les uns des autres, il faut recueillir séparément dans la fosse même les portions de bière, de vêtements, du détritus correspondant à chaque région du corps, de l'abdomen, du bassin, de la poitrine, de la tête, même les os, surtout les grosses extrémités de l'humérus, du fémur, et les renfermer dans autant de vases.

4° Lorsque les matières sont en pleine décomposition, dans les cas d'autopsie, d'exhumation, même d'analyse, il y a quelques précautions à prendre pour être le moins incommodé que possible : 4° y procéder le matin, si c'est en été, après avoir pris quelques aliments ou boissons toniques stimulantes; 2° les faire dans un lieu bien aéré, de manière à ce que le vent puisse emporter les matières gazeuses; on pourrait établir une espèce de ventilation, à l'aide d'un fourneau allumé, muni d'un tuyau d'appel, qui plongerait dans la fosse ou l'air méphitique, comme nous l'indiquons pour le curage des égoûts, tom. II: précaution indispensable dans une fosse commune; 3° se munir de

quelques kilogrammes d'hypochlorite de chaux sec, en dissoudre environ 32 gram. par kilogr. d'eau, soluté avec lequel on arroserait le sol, on se laverait les mains par intervalles. On pourrait en suspendre un petit flacon au cou. Des capsules d'hypochlorite, légèrement humecté, seraient déposées sur la table. Dans les exhumations, les fossoyeurs doivent se remplacer ou suspendre de temps en temps le travail. Avec ces précautions on peut les faire sans être incommodé. Dans les cas d'autopsie chez les noyés elles ne remplissent qu'incomplétement le but; d'après M. Devergie, l'odeur du chlore, associée à celle des matières gazeuses, n'en est que plus désagréables. Dans tous les cas, il importe de donner préalablement issue aux gaz condensés dans les cavités du corps, dans les va

ses, etc.

ALTÉRATIONS CADAVÉRIQUES SPONTANÉES.

Dans la toxicologie générale et le cours de ce traité, nous donnons les caractères distinctifs entre les divers états morbides et les empoisonnements. Cet article sera consacré aux altérations cadavériques et spontanées qui peuvent donner lieu aux mêmes erreurs. Malheureusement la science est fort peu avancée à cet égard, surtout lorsque le cadavre est en putréfaction. Cependant, en ayant égard aux circonstances antérieures, aux caractères physiques des lésions, à leur siége, aux modifications de structure, comparativement à celle des tissus continus ou contigus, on peut arriver, si ce n'est à une certitude complète, du moins à des données plus ou moins probantes. Après la cessation de la vie, les liquides, le sang, tendent à s'infiltrer dans les tissus, à se porter vers les parties les plus déclives, à y produire des hypostases, des colorations sanguines, des lividités cadavériques, etc.

LIVIDITÉS CADAVÉRIQUES. Sur les tissus membraneux, ce sont des taches violacées, lie de vin, brunes ou noires, de forme et d'étendue variables. Celles de la peau occupent le tissu

muqueux. La couleur noire du réseau capillaire contraste avec la décoloration de l'épiderme et du derme, et, à la pression, le sang s'en écoule par gouttelettes. Elles prennent le nom de vergetures lorsqu'elles sont sillonnées de lignes blanches, dues à ce que, comprimées par les aspérités du sol, des vêtements, le sang n'a pu s'y épancher. Les lividités du tube intestinal siégent aussi sur les parties les plus déclives, en occupent toute l'épaisseur; leur couleur contraste avec celle des autres parties, qui, quelquefois, sont exsangues. Leur circonférence est parfaitement limitée; elle n'offrent ni l'aspect arborisé, capilliforme, pointillé, piqueté, strié, ni les modifications de texture, la congestion des vaisseaux que présentent les lésions résultant de l'action d'un poison.

Le cœur, les gros vaisseaux, le canal de l'urètre et autrés conduits muqueux, les portions du tube intestinal en contact avec le foie, la rate ramollis, peuvent présenter des hypostases sanguines, des colorations dues aussi à des phénomènes d'imbibition, car elles se produisent artificiellement avec le sang. Elles se distinguent aux mêmes caractères des congestions actives. La vésicule biliaire, la bile peuvent colorer en jaune le tube intestinal, en imposer pour des taches d'iode, d'acide azotique.

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Les organes parenchymateux (poumons, foie, rate, reins, etc.) offrent souvent dans leurs parties déclives des hypostases sanguines; comme le sang n'y est qu'épanché, la texture de l'organe n'est pas altérée, et on peut l'en séparer par des lavages: en ce cas, il serait peut-être possible de les confondre avec celles qui résultent de la liquéfaction du sang dans la dernière période de l'empoisonnement, si celles-ci n'offraient un caractère plus général par leur siége, leur étendue, etc. L'état congestionnel produit par les gaz asphyxiants, les narcótiques, est aussi moins limité et il y a plénitude des vaisseaux. Dans les cas de phlegmasie, le sang est en quelque sorte combiné avec les tissus, qui sont comme hépatisés, et on ne peut l'en séparer par les lavages.

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