Images de page
PDF
ePub

server ainsi dans des fioles. Pour l'usage, ou délaye 4 ou S gram. de cette poudre dans un verre d'eau. Taddei préfère ce contrepoison à l'albumine, parce qu'il se délaye plus promptement dans l'eau, qu'il précipite immédiatement et plus complétement le sublimé, qu'il agit comme contre-poison des autres préparations mercurielles solubles ou insolubles, se combine avec elles, les enveloppe, les dénature, etc. Après l'avoir expérimenté sur les animaux, il a eu occasion de l'employer avec succès chez un homme qui avait pris 55 centigr. (7 grains) de sublimé pour du proto-chlorure de mercure. Les accidents se sont calmés immédiatement. M. Devergie s'est assuré que 2 gram. (1/2 gros) de ce mélange, dissous dans trente gram. d'eau, précipitait environ 15 centigr. de sublimé. Malheureusement ce contre-poison est repoussant à prendre, très-rare, et on ne le trouverait probablement pas chez les pharmaciens. Il pourrait sans doute être remplacé par la farine de froment seule, délayée ou bouillie dans l'eau, ou associée à un soluté de savon. Christison agite, pendant quelques secondes, 12 grains de sublimé dissous, avec de la farine délayée dans l'eau. La liqueur, filtrée immédiatement, n'a pas précipité par la potasse et n'avait plus le goût àcre, styptique. Il reste à savoir si le composé glutineux mercuriel est toxique, ce qui est très-probable.

Limaille de fer. Or. Zinc. M. Edwards et Dumas donuent 60 centigram. (12 grains) de sublimé à un chien, et, immédiatement après de la limaille de fer; l'animal ne meurt que sept jours après, sous l'influence de la ligature de l'œsophage. Le dr Buckler (Jour. pharm. 1842) dit avoir expérimenté avec succès sur les animaux le fer et l'or en poudre. Mélés ensemble, ces métaux décomposent le sublimé et en précipitent le mercure. Il conseille de mêler exactement 2 gram. de chacun de ces métaux en poudre, et de les administrer suspendus dans un liquide très-visqueux, autrement la décomposition du sublimé ne serait pas complète. M. Barry, afin d'empêcher l'oxydation du fer, propose de conserver le mélange dans un peu d'eau de chaux, et, afin d'activer la réaction, d'aciduler, au

moment de l'administration, la mixture avec quelques gouttes d'acide sulfurique. Il s'est assuré que le sublimé était ainsi complétement précipité de sa dissolution. M. Orfila donne à des chiens 4 gram. de ce contre-poison, suspendu dans 60 gram. d'eau acidulée, et, immédiatement après, 50 centigr. de sublimé dissous; il lie l'œsophage. Tous meurent en 15, 18, 20 heures, avec de violents efforts de vomissements, d'horribles souffrances. L'estomac, très-enflammé, offrait des ecchymoses, des extravasations sanguines. MM. Sandras et Bouchardat proposent de remplacer le fer par la limaille de zinc, comme moins oxydable.

Proto-sulfure de fer. M. Mialhe ayant remarqué que le proto-sulfure de fer, récemment préparé, annihilait complétement la saveur du sublimé, l'a proposé comme contre-poison. D'après M. Orfila, si l'on donne à des chiens 60 centigram. de sublimé, et, dix minutes après le proto-sulfure de fer (œsophage lié), ils succombent en quatre heures avec tous les symptômes d'intoxication. Ils se rétablissent au contraire, si le contrepoison est donné soit avant, soit immédiatement après le poison; et comme, par cette raison, il sera difficile de se le procurer assez à temps, il préfère l'albumine.

Proto-chlorure d'étain. En parlant des réactifs, nous avons dit que le sublimé était presque complétement précipité de sa dissolution par le proto-chlorure d'étain. M. Poumet qui l'a expérimenté sur les chiens, dit que c'est le meilleur contre-poison. On le donnerait dissous dans l'eau par doses de 1/2 à

2 gram.

Conclusions. Des faits précédents, il résulte pour nous que la plupart de ces contre-poisons précipitent plus ou moins complétement le sublimé ; que le précipité ou le nouveau composé qui en résulte n'est point inerte et peut agir comme toxique, quoique, en général, plus lentement; aussi, il importe de l'expulser promptement par les vomissements ou par les selles. Les blancs et les jaunes d'œuf, le mélange de Taddei ou plutôt le décocté de farine, mêlé à une dissolution de savon, tels sont les contre-poisons qu'on doit préférer

comme remplissant plus immédiatement le but et plus faciles à se procurer. Ils pourraient, à la rigueur, être remplacés par le lait, le bouillon, les liquides mucilagineux, donnés en abondance. Deux cents malades de l'hôpital des vénériens prirent, par erreur du pharmacien, une plus grande quantité de sublimé que ne l'indiquait la prescription. Tous éprouvèrent des douleurs épigastriques et abdominales déchirantes, des vomissements copieux avec constriction à la gorge. Cullerier leur administra sur-le-champ une grande quantité de lait, des boissons mucilagineuses, et d'eau tiède (7 à 8 litres à chacun, en 7 à 8 heures). Ces symptômes se dissipèrent en ce laps de temps, et tous furent sauvés. Douze conservèrent des douleurs épigastriques pendant 15 jours. Le fer, le zinc, l'or seraient certainement les meilleurs contre-poisons, parce qu'ils précipitent le mercure à l'état de métal ou inerte; mais la difficulté de se les procurer de suite, de les administrer de manière à ce qu'ils soient bien suspendus dans les véhicules, s'opposeront le plus souvent à leur emploi. Dans un empoisonnement aussi grave, ce serait perdre un temps bien précieux que d'attendre, que de rester dans l'inaction.

CARACTÈRES ET effets des AUTRES MERCURIAUX.

Les préparations mercurielles, autres que le sublimé, sont bien rarement employées comme toxiques, et la science ne possède que quelques observations d'empoisonnement par les nitrates, le bi-oxyde, le proto-chlorure et le cyanure de mercure; eucore est-ce par suicide, par imprudence ou par erreur. Nous n'entendons pas parler de l'hydrargyrie, des effets spéciaux, auxquels nous consacrerons un article à part aux faits pratiques.

10 MERCURE. VIF-ARGENT. Métal liquide, blanc-gris-bleuâtre avec reflet métallique; inaltérable à l'air, il s'y bi-oxyde dans un espace circonscrit, à une chaleur très-prolongée. Volatil à toutes les températures, il bout et se vaporise complétement à 360°. Insoluble dans l'eau, il paraît cependant communiquer

à ce liquide, par ébullition, des propriétés toxiques pour les helmintes. Insoluble dans l'alcool, l'éther, les huiles, il se divise dans les corps gras, visqueux, oléo-résineux et leur donne une couleur gris-bleuâtre. Attaqué à froid par l'acide azotique, l'eau régale, et à chaud par l'acide sulfurique, il forme des proto ou des deuto-sels.

Considéré comme poison par les anciens, le mercure n'agit comme tel qu'à l'état de vapeur, ou par un contact plus ou moins prolongé avec nos organes, autrement dit lorsqu'il est absorbé. Dans le dernier siècle, on le donnait à la dose de 120 à 500 grammes et plus, même pendant plusieurs jours, dans les cas de volvulus, de hernie étranglée, de coliques, de constipation opiniâtre, pour dissoudre, entraîner les pièces de monnaie engagées dans le tube intestinal, sans accident, lorsqu'il était rendu par les selles; mais, à l'état de vapeur, par un séjour assez prolongé sur la peau, dans le tube intestinal (5 à 7 jours), il peut développer tous les accidents de l'hydrargyrie, des tremblements, la paralysie, etc. (voyez Faits pratiques). Il n'est point irritant local.

2o PROTO ET BI-Oxyde de mercure. L'oxyde noir, considéré comme un proto, est un mélange de bi-oxyde et de mercure visible à la loupe. Le bi oxyde anhydre, précipité rouge, est en poudre écailleuse, rougeâtre, et jaune-rougeâtre lorsqu'il est hydraté. Ces oxydes sont inodores, d'une saveur métallique, un peu solubles dans l'eau. Chauffés dans un tube, ils se décomposent en oxygène, reconnaissable à ce qu'il rallume une bougie en ignition, et en globules de mercure, qui se condensent sur les parois du tube. L'acide chlorhydrique dissout le bi-oxyde et transforme l'oxyde noir en bi-chlorure et en proto-chlorure insoluble.

D'après M. Orfila, le bi-oxyde, à l'état d'hydrate, cst toxique pour les chiens, à la dose d'environ 10 à 20 centigr. 16 grammes de précipité rouge, déposé sur le tissu cellulaire de la cuisse d'un chien, l'intoxiquent en 4 jours et 1/2, sans autre symptôme qu'une faiblesse générale. L'estomac est blafard, livide; la muqueuse rectale, boursouflée, ramollie (Smith).

Un homme, tourmenté de mal de tête, prend, par mégarde, du précipité rouge: bientôt après, coliques atroces, vomissements considérables, tremblements; sueurs froides (Plouquet). Christison rapporte un cas où il y eut vomissements, stupeur, ralentissement du pouls, sueurs froides, crampes violentes dans les membres, selles, dysurie, et, vers le troisième jour, ptyalisme. Rétablissement. Une demoiselle avale, pour se suicider, une forte dose de précipité rouge : douleurs gastriques et abdominales violentes, fortes coliques, vomissements, selles abondantes, crampes très-douloureuses dans les membres inférieurs, figure grippée, ventre dur, contracté, peau froide, couverte de sueur, etc. Ces accidents cédèrent promptement aux boissons lactées, aux lavements émollients et laudanisés (Devergie). D'après Desbois de Rochefort l'application du précipité à l'extérieur pourrait occasionner des accidents graves.

30 PROTO-CHLORURE DE Mercure, chloride mercureus, mercure doux, panacée mercurielle, précipité blanc. En morceaux très-pesants, lisses d'un côté, cristallins de l'autre ; ou en poudre blanche, blanc jaunâtre, inodore; insipide d'abord, il donne une saveur métallique après quelques instants. Complétement vaporisable sur les charbons en vapeurs blanches, qui, reçues sur une lame de cuivre décapée, l'argentent par frottement. Chauffé dans un tube à réduction avec la potasse ou le flux noir, il donne, comme le sublimé, du mercure en globules et du chlorure de potassium. Les solutés de potasse, de soude, l'ammoniaque le changent en chlorure alcalin, et en oxyde noir. L'acide sulfhydrique le noircit. Enfin il brunit à la lumière solaire et diffuse.

Il règne beaucoup d'incertitude sur les effets du proto-chlorure de mercure, ou plutôt, sur la dose toxique, laquelle, d'ailleurs paraît varier selon l'état morbide, le mode d'administration. Il agit commne purgatif à celle de 50,60 centigr., et peut même être donné comme tel, sans inconvénient, à plus haute dose (Trousseau). Cependant quelquefois il produit des superpurgations, des coliques, etc. Dans le cholera indien, la fièvre jaune, etc., les médecins anglais et américains en ont donné

« PrécédentContinuer »