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Mêmes moyens; bouillons; vermicelle. Le 16 juillet l'ictère était dissipé et le malade en pleine convalescence. (Dr Picquet.)

Malgré la quantité énorme de poison, les effets ont offert peu de gravité et le rétablissement a été assez prompt, ce qui dépend probablement de ce que les déjections, les vomissements se sont manifestés spontanément, presque immédiatement, et qu'ils ont été abondants, prolongés. La jaunisse est rarement aussi prompte et aussi intense dans les empoisonnements par le cuivre. Elle dépendait sans doute d'une perturbation de la sécrétion biliaire, plutôt que d'une modification particulière du sang, de l'assimilation générale, comme cela paraît être dans la période des effets consécutifs, dans l'empoisonnement lent. Nous pourrions rapprocher ce fait d'un autre, où les symptômes ont été bien plus graves et plus prolongés; c'est celui d'une femme qui, à la suite d'une discussion avec son mari, s'était empoisonnée volontairement avec une forte dose de verdet du commerce; voici les principaux symptômes: angoisses, vomissements blancs, puis verdàtres; vives tranchées; abdomen ballonné, puis contracté et très-douloureux; sentiment de chaleur âcre au gosier; froid des extrémités; crampes douloureuses; pouls déprimé; face vultueuse; yeux animés; cou dur, gonflé; déglutition et paroles très-pénibles; muqueuse buccale ou gengivaire gonflées, ulcérées; salivation abondante, visqueuse; grande sensibilité du rectum; taches pétéchiales au cou et au bras; le 3me jour selles copieuses, renfermant du poison. Ces symptômes, malgré un traitement très-actif ont augmenté d'intensité jusqu'au 4me jour, époque à laquelle s'est manifestée une détente générale et un sommeil. de 3 heures, après lequel les urines ont coulé abondamment. Mais à la suite d'une contestation nouvelle avec son mari, survint une réaction générale vomissements verdâtres et sanguinolents; coloration de la figure; yeux rouges et saillants; pouls fort, accéléré; as oupissement; forte céphalalgie sourcilière; menace de convulsions. L'emploi d'une nouvelle saignée, des gargarismes, de fomentations, de lavements émollients, et ensuite d'une potion musquée, amena de l'amélioration et une

abondante évacuation de matières fécales verdåtres et d'urines sédimenteuses. Enfin l'état s'améliore, le pouls devient régulier, l'expression de la figure est assez bonne, les ulcères de la bouche sont en voie de cicatrisation, la déglutition est plus facile ainsi que la parole, et, malgré un paroxysme qui survint le 7me jour, avec horripilation, gêne à la région précordiale, suivi de vomissements abondants d'une matière verdàtre, mêlée à des caillots sanguins, la malade entra en convalescence le 9me jour, et, un mois après, elle était complétement rétablie. On a décelé le cuivre dans la partie liquide des vomissements et du verdet dans la partie solide. Il est à remarquer que les matières de vomissement n'ont pas toujours offert la couleur verte, ne contenaient pas toujours du poison; que même celuici n'a été complétement expulsé de l'estomac que vers la fin du 7me jour, ce qui dépend peut-être de ce que le verdet est peu soluble et qu'il avait été pris à l'état solide; c'est ce qu'indiqueraient les ulcérations de la muqueuse buccale. (Guillo aîné, médecin à Prades.)

Observation VIII. Le 4 février 1843, à neuf heures du matin, Philibert déclare, à la mairie, qu'il vient de s'empoisonner avec du vert-de-gris mêlé à du vin. Il est pris, au bout de quelques minutes. de vomissements dans les matières desquels un pharmacien présent reconnaît, ainsi que dans un reste de liquide que le malade portait dans une bouteille, une énorme quantité d'acétate de cuivre. Transporté à l'hôpital, on lui fait boire une grande quantité d'eau albumineuse, jusqu'à onze heures du matin, époque à laquelle on peut administrer le proto-sulfure de fer hydraté. Avant l'administration de cette préparation ferrugineuse, le malade offrait l'état suivant : vomissements fréquents; diarrhée; coliques violentes; ventre météorisé ; pouls petit; sueurs froides; céphalalgie; altération des facultés intellectuelles. Deux cuillerées de proto-sulfure de fer toutes les demi heures; cau albumineuse pour boisson; lavements émollients; sinapismes aux jambes. Le soir, à neuf heures, commencement de réaction; vomissements; diarrhée; ventre moins douloureux. Bain; proto-sulfure de fer toutes les heures. Le 5, nuit assez calme. Le malade n'a pas vomi depuis plusieurs heures; diarrhée; pouls à 90, plein; douleurs vives à l'épigastre; ventre tendu. Vingt sangsues sur l'abdomen; bain;

boisson albumineuse; lavements émollients, Le 6, amélioration marquée, plus de vomissements; deux selles pendant la nuit; ventre sensible à la pression; pouls à 75. Bain: eau gommée; lavement; bouil lon léger. Le 7, le malade ne souffre presque plus. Il quitte l'hôpital, bien portant, après y avoir été retenu quelques jours par mesure de police. (Gazette méd. 1844. Dr Roussilhe).

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M. Lartigue, en discutant ce fait d'empoisonnement, accorde beaucoup de confiance aux neutralisants chimiques ; et, d'après lui, l'eau albumineuse, l'eau sucrée annulleraient, avec toute la certitude possible, l'action toxique des préparations cuivreuses. Dans le journal de médecine de Bordeaux, il rapporte que deux malheureux ont été arrachés à une mort certaine par le seul emploi de sucre. Aussi, d'après lui, on aurait tort de remplacer ces neutralisants par d'autres moins communs et moins usuels. Il pense que les vomitifs, aidés de boissons, ne peuvent pas expulser, dans tous les cas, l'agent toxique de l'estomac. Dans combien de cas, ajoute-t-il, ces moyens vulgaires sont restés impuissants, tandis que les contrepoisons ont produit un calme général, et, par suite, une réaction salutaire, pendant laquelle, un mouvement péristastique s'établissant, a amené le rejet de matières nuisibles, annihilé ainsi l'effet local du poison. Ces considérations générales ont quelque chose de vrai; mais prises au point de vue pratique, elles perdent de leur valeur. Car le premier soin du médecin, c'est de faire expulser par les vomissements ou par les selles la substance toxique, et ce serait perdre un temps bien précieux que d'attendre le neutralisant chimique avant de remplir ces deux indications. Combien de fois même la nature ne s'est-elle pas suffi à elle seule. Si le poison est soluble, son expulsion par les vomissements sera bien plus complète avant qu'après l'emploi du contre-poison, le nouveau composé étant insoluble; et ensuite, comme nous l'avons déjà indiqué, il n'est pas toujours inerte. Nous ne prétendons pas par là rejeter les contre-poi

sons.

Observation IX. Le fils d'un peintre, âgé de trois ans, lèche complétement une capsule pleine de vert de schéele. Une demi-heure après,

il est dans une grande agitation, court dans la chambre en criant, et se plaignant de violentes coliques; vomissements fréquents; selles abondantes; face livide; anxiété; sueurs froides; langue et lèvres barbouillées de vert; ventre rétracté ; corps fléchi en deux, comme chez les personnes qui souffrent de coliques violentes; soif très-vive. Eau froide pour boisson; 15 grammes de sesqui-oxyde de fer hydraté delayé dans de l'eau chaude et administré en quatre doses. Environ une heure après l'emploi de ce médicament, les vomissements et la diarrhée cessent, et, une demi-heure plus tard, la soif et les douleurs abdominales. Le lendemain au matin, le malade était très-bien, sauf un grand abattement, qui disparut après plusieurs jours (Spath, Archiv. génér. 1842).

Observation X. Un enfant d'un an mordit à plusieurs reprises dans une tablette d'encre verte (contenant du vert de schéele): immédiatement, vomissements dans lesquels on distingue des morceaux de cette encre; ventre non tuméfié, non douloureux; pouls non fréquent; pas de mouvements convulsifs; l'enfant repose sur les bras de sa mère. Cinq minutes après, vomissements de même nature. Sirop d'ipécacuanha; blancs d'œufs convenablement délayés dans de l'eau sucrée; lait. Bientôt l'enfant commença à se plaindre, le visage devint pâle, défait, le ventre se météorisa sans devenir douloureux; le pouls prit beaucoup de fréquence, la peau se refroidit, le malade refusa de rien prendre, et resta dans un abattement complet. Il survint bientôt une diarrhée assez copieuse, à la suite de laquelle l'enfant recouvra la pleine Santé. (M. Lewinstein, Gazette des hôpit. 1842.)

Il n'est pas facile, dans ces deux observations, de faire la part de l'acide arsénieux et de l'oxyde de cuivre, de distinguer, enfin, ce qui appartient à chacun de ces poisons, puisqu'ils ont le même mode d'action. Observons cependant que, dans l'intoxication arsenicale, il y a presque toujours constipation, par conséquent la diarrhée peut bien être attribuée au

cuivre.'

Observation XI. Un jeune homme de seize ans, après avoir travaillé, pendant neuf jours consécutifs, à imprimer des fonds avec le vert arsenical, fut pris de coriza, de mal de tête; les narines, les lèvres, les paupières devinrent gonflées, empâtées, se couvrirent d'une éruption de boutons rouges ou jaunes, à base dure, Le lendemain et les jours suivants, il eut de violentes coliques, une faiblesse musculaire

extrême, et l'œdème des boutons analogues à ceux du visage, se manifestèrent aux bourses. Ces symptômes cédèrent au bout de huit jours,

et le malade se rétablit.

D'après M. Blandet, auteur de cette observation, ces accidents s'observent chez les ouvriers des fabriques du vert de schéele, chez les imprimeurs de fond avec ce vert, et surtout chez les satineurs, parce que, en brossant les imprimés, le vert arsenical se dégage dans l'air sous forme de poussière. L'intoxication peut aussi avoir lieu par les mains quand elles sont excoriées. Ce médecin conseille, comme moyen curatif et prophylactique, le sesqui-oxyde de fer. Il serait mieux de garantir les organes du contact du composé arsenical.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIONS DE PLOMB.

Le plomb, les oxydes, les acétates, le carbonate, le chromate, telles sont les préparations les plus importantes à connaître, non qu'elles soient souvent employées comme poisons, mais parce que, d'un usage fréquent dans les arts et en médecine, elles peuvent donner lieu à des accidents graves, à une intoxication spéciale, la colique des peintres, etc.

Plomb. Solide, d'un gris bleuâtre, assez éclatant, très-mou; il se laisse facilement couper et rayer, tache le papier par frottement, imprègne les doigts d'une odeur spéciale, se ternit, perd son éclat à l'air et se couvre d'une couche grisâtre. Sa densité est de 11,445. Il fond à 332, et, si c'est à l'air, passe successivement à l'état d'oxyde gris, jaune, rouge. Ces caractères peuvent facilement être constatés sur un charbon ardent. Il se dissout dans l'acide azotique, et la dissolution offre les réactions des sels de plomb.

Le plomb s'oxyde facilement à l'air humide, est facilement attaqué par les boissons acides, l'eau aérée, les matières organiques. Christison, qui a vérifié les expériences de GuytonMorveau, c'est-à-dire, l'action de l'eau sur ce métal, est arrivé aux résultats suivants : L'eau distillée, privée d'air, est sans action sur le plomb; l'eau distillée aérée, par conséquent les eaux

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