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sées, les vomissements, sont plus fréquents, la respiration est gênée; il y a sensation de constriction, de resserrement à la région précordiale, à la poitrine, et quelquefois, chez les femmes, les mamelles deviennent douloureuses.

Constipation. Elle est, après la colique, le symptôme le plus fréquent, et très-opiniâtre dans les coliques violentes. Les matières, rendues avec beaucoup de difficultés, même sous l'influence des purgatifs, sont sèches, dures, jaunes ou noires, analogues à des crottins de chèvre, mêlées à

peu de liquides. Rétraction et dureté du ventre. Sur la moitié au moins des malades, le ventre est dur, rétracté, comme contracté sur le rachis, tantôt d'une manière uniforme, tantôt inégalement ou par parties, alors on distingue des bosselures roulantes sous les doigts, dues à des gaz. Il y a quelquefois un ténesme douloureux vers l'anus. Celui-ci, pendant l'accès, est enfoncé, contracté. Le doigt n'y peut pénétrer que difficilement; il est serré comme par un étau. Il en est de même des parois rectales; cependant, d'après M. Piorry, qui considère la colique comme une paralysie partielle des intestins, l'introduction du doigt serait facile et même soulagerait en facilitant la sortie

des gaz.

Nausées, hoquet, vomissements. Les nausées, plus fréquentes que les vomissements, les précèdent presque toujours. Ceux-ci s'observent chez les trois quarts des malades, et surtout lorsque la colique siége à l'épigastre. Les matières vomies sont vertes, porracées, visqueuses, d'une amertume extrême, d'une odeur très-fétide, rarement sanguinolentes. Le hoquet existe chez le douzième des inalades environ et concorde presque toujours avec les vomissements, les coliques intenses, ainsi qu'avec des rots ou l'expulsion des gaz par la bouche, qui soulagent les malades, et sont doués d'une saveur amère, fétide, styptique. La salive, ordinairement alcaline, comme dans l'état de santé, ne paraît pas être augmentée. La soif est communément assez vive. Il y a inappétence; les aliments aggravent le plus souvent le mal.

Marche, durée, terminaison, siége, complications. La

colique saturnine se manifeste par accès de la durée de quelques minutes, de quelques heures, d'un jour. Pendant l'accès, le malade est dans une grande agitation, une grande anxiété, la respiration est accélérée, pénible, bruyante, suspirieuse, suffocante, costale, surtout lorsque la colique est épigastrique. La voix est ordinairement étouffée, entrecoupée, le pouls dur, vibrant, lent, de trente à soixante pulsations, irrégulier, rémittent, dicrote. La température du corps n'est pas ordinairement modifiée. Quelques malades se plaignent de froid, d'autres de chaleur. Les forces paraissent anéanties ou plutôt opprimées, le facies est décomposé, grippé. Les yeux sont cernés, égarés. Le patient s'effraie sur son sort. Il y a insomnie. Les accès cessent graduellement, et, dans les rémittences, le malade est comme brisé, anéanti, ressent encore quelques pincements, des contractions dans l'abdomen. Plus l'accès a été violent, plus l'intermittence est marquée. La gravité et le siége de la colique peuvent varier à chaque accès. En général, ceux-ci sont plus violents la nuit que le jour.

La colique saturnine n'a pas de marche régulière, elle va par bonds, par sauts. Son siége, son intensité, sa durée aussi sont très-variables; elle n'est point grave et peut même cesser soit spontanément en deux, trois, sept, huit jours, soit par la soustraction de la cause, soit par un traitement approprié. Sur les divers cas de colique simple, M. Tanquerel n'en a observé qu'un seul de mortel, malgré les divers traitements employés. Le malade a succombé dans un état de cachexie métallique, de consomption douloureuse. La maladie dura trois mois. Dans tous les autres cas mortels, la colique s'est presque toujours compliquée de paralysie, d'encéphalopathie ou autre affection étrangère au plomb. La mortalité, en ces cas, a été de un sur quarante. La douleur est le premier symptôme qui apparaît; la constipation, la dureté, la rétraction du ventre, les éructations, le hoquet, les nausées, les vomissements se wontrent ensuite. Après la cessation de la douleur, les autres symptômes disparaissent rapidement, les fonctions reprennent leur état normal, leur marche régulière, les malades demandent

à manger avec opiniâtreté, enfin la digestion reprend bientôt son énergie. D'après son siége, la colique est dite ombilicale, épigastrique, rénale, etc.; d'après son intensité, sa durée, légère, modérée, violente, aiguë, chronique. Elle peut se compliquer de gastrite, d'ictère, de dyssenterie, de péritonite, de fièvre typhoïde, et enfin des autres formes saturnines. Sur un relevé de mille deux cent dix-sept cas, elle a coïncidé cinq cent vingt-cinq fois avec l'anthralgie, quarante-quatre avec la paralysie et trente-cinq avec l'encéphalopathie.

Diagnostic différentiel. La colique saturnine peut être confondue avec toute autre colique métallique, la mercurielle, l'arsenicale, et surtout avec la colique de cuivre. Celle-ci, d'après M. Tanquerel des Planches, s'en distingue aux caractères suivants. La douleur embrasse tout le ventre et ne s'étend pas au delà; elle est continue, exacerbante, augmente par la pression; le ventre est plus volumineux, non contracté; ily a diarrhée, les selles sont verdâtres, fréquentes, répétées avec épreintes. Le goût cuivreux se manifeste quelquefois, l'haleine n'est point fétide. Sa marche est plus régulière, plus successive; elle n'offre pas enfin le cachet particulier de la colique de plomb, ne s'accompagne pas de névralgie, de cystalgie. Cependant M. Blaudet, qui, tout récemment, a observé plusieurs coliques de cuivre, dit que d'abord la colique est assez violente pour obliger les malades de se courber en deux, de se serrer le ventre avec les mains; qu'elle présente des exacerbations et des rémissions, se montre par accès de une, deux, trois heures et plus; qu'il y a tantôt constipation, tantôt diari hée, et presque toujours céphalalgie assez vive, de la courbature, des nausées, des vomissements bilieux, des évacuations verdâtres et quelquefois sanguinolentes, offrant les réactions du cuivre à l'analyse. La fièvre est rare. D'après cet auteur, elle offrirait donc plus d'analogie symptomatique avec la colique de plomb que ne semblerait l'admettre M. Tanquerel. La colique cuivreuse se déclare chez les ouvriers qui manient ou travaillent le cuivre, les fondeurs, les tourneurs, les chaudronniers, etc., surtout quand ils n'ont pas les soins de propreté convenables.

Elle attaque principalement ceux qui travaillent le cuivre pour la première fois, par conséquent les apprentis; elle est sans gravité et ne nécessite pas même l'entrée des malades dans les hôpitaux. Les moyens préservatifs sont la propreté, la disposition convenable des ateliers, et, ajoute M. Blandet, l'usage du lait, de l'eau albumineuse.

Certains fruits acides, les boissons acides, le cidre, lepoiré, etc., peuvent donner lieu à la colique dite végétale, qui, sous les noms de colique de Poitou, de Madrid, de Dewonshire, de mal des Barbiers, de Beriberie dans l'Inde, a été prise ou confondue avec celle de plomb. Plusieurs auteurs admettent même que, dans plusieurs de ces cas, on a eu affaire à la colique de plomb, sans contester toutefois la colique végétale. Celle-ci s'en distingue en ce que le ventre, ordinairement bal lonné, résonne à la pression. Les douleurs sont très-vives et augmentent par la pression, occupent tout le ventre et n'offrent pas de paroxysmes bien marqués. Il y a tantôt diarrhée, tantôt selles cholériques et sanguinolentes. Il est bon de remarquer cependant que lorsque ces boissons auront séjourné dans des vases en plomb, la colique offrira alors des caractères mixtes ou même les caractères de la colique plombique (voyez faits pratiques). Comme notre intention n'est pas de faire un traité spécial sur l'affection saturnine, nous donnerons seulement les traits principaux des autres formes de cette maladie.

ANTRHALGIE SAturnine. RHUMATISME MÉTALLIQUE DE SAUVAGES. Caract risée par une exaltation de la sensibilité et la perversion de la contractilité des parties qui sont sous la dépendance des nerfs de la vie de relation, elle est ordinairement précédée d'engourdissement, de lassitudes dans les parties qu'elle doit envahir, pendant plusieurs jours, pendant plusieurs mois, ou débute brusquement, et, le plus souvent, la nuit. Sur sept cent cinquante-cinq cas, elle a été précédée par la colique deux cent cinq fois, par la paralysie cinq, par l'encéphalopathie une. Son siége est, le plus souvent, sur les membres supérieurs, puis, et dans l'ordre de sa plus grande fréquence, sur les membres inférieurs, les lombes, les parties thorachiques,

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le dos et la tête, ou simultanément sur ces parties. La douleur qui en forme le caractère dominant, existe sans rougeur ni inflammation, ne suit pas exactement le trajet anatomique des cordons nerveux, siége principalement dans le sens de la flexion, plus souvent dans les grandes articulations que dans la continuité des membres. M. Tanquerel ne l'a pas observée le long du rachis comme M. Ollivier d'Angers, mais sur les côtés. Très-vive et très-variable dans ses limites, son intensité, ses caractères, elle devient plus aiguë par accès, diminue par la pression, augmente par le mouvement, s'accompagne de divers troubles de la motilité, tels que crampes, dureté, tension des parties; elle est dilacerante, convulsive, se manifeste par élancements brusques, rapides, électriques, diminue par l'applica tion des corps froids, par la compression. Les paroxysmes se succèdent à des intervalles de quelques minutes, d'une heure, etc. Dans les antrhalgies violentes, les muscles sont affectés de crampes, de rigidité tétanique, de tremblements, de frémissements, forment des tumeurs inégales, les mouvements sont incomplets, irréguliers. Le siége de la douleur peut être dans la peau, les muscles, les os simultanément, ou borné à l'une de ces parties. Les dérangements fonctionnels sont en rapport avec les rôles organiques des parties affectées; si c'est à la face, celle-ci est grippée, grimacière; si c'est au cou, il y a torti colis; si c'est aux lombes, les malades ne peuvent ni se baisser ni se ployer sans augmenter la douleur. Lorsqu'elle siége à la fois sur les diverses parties d'un membre, elle n'offre pas éga lement dans toutes ses parties le même caractère, ni la même intensité; elle est changeante, mobile, sans cependant sauter d'un membre à un autre. L'antrhalgie ne differe enfin de la colique saturnine que par son siége; elle offre, comme elle, la même inconstance, la même diversité dans ses symptômes, say marche, sa durée, ses récidives, ses rechutes, sa terminaison.: L'influence de l'àge, du sexe, du climat, des saisons sur sa production, n'est pas mieux connue. Traitée convenablement, elle peut guérir en trois ou six jours, même spontanément, et ne devient mortelle qu'en passant à une autre forme. M. Tan

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