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déterminé. Le plus souvent, le malade est pris de délire, puis d'épilepsie et de coma. La durée varie depuis quelques heures à dix-sept jours. Le retour à la santé est prompt, subit. La terminaison par la mort est le cas le plus fréquent. Sur soixantedouze cas, M. Tanquerel l'a observée seize fois, et les auteurs qu'il a compulsés soixante et une fois sur quatre-vingt-neuf. La marche particulière, la succession, la variété des accidents cérébraux, sa cause, sa coïncidence avec d'autres formes saturnines, distinguent l'encéphalopathie de la méningite, de l'apoplexie, du ramollissement du cerveau, de la manie, du narcotisme par les plantes vireuses, de l'épilepsie, de la catalepsie, des fièvres intermittentes, de l'ivresse et autres affections cérébrales, etc.

AFFECTION SATURNINE CHEZ LES ANIMAUX. Les animaux, placés dans les mêmes circonstances que l'homme, sont sujets à contracter l'affection saturnine, qui, dans sa marche, sa durée, sa terminaison, le pronostic, le traitement, offre la plus grande analogie. Pendant les accès, d'après M. Tanquerel, les animaux entrent en fureur, courent de tous côtés, deviennent haletants, ombrageux, bavent, et les chiens ont l'aspect enragé. Les chats qui séjournent dans les fabriques de minium y périssent, sans exception, attaqués de tournis, de paralysie. Les rats des fabriques de blanc de céruse, d'après M. Leblanc, offrent des paralysies des membres postérieurs, au point que les ouvriers les prennent facilement. Les chevaux destinés à tourner les moulins qui servent à pulvériser le minium sont pris de cornage, c'est-à-dire d'une grande difficulté de respirer, produite par la paralysie des nerfs récurrents, et périraient asphyxiés, si on ne pratiquait l'opération de la trachéotomie. Tanquerel des Planches, avec le Dr Maigue, n'ont pu produire la paralysie chez les lapins par l'application du minium sur le tissu cellulaire de la cuisse, par l'injection de l'acétate de plomb dans le tissu cellulaire, les veines, les cavités séreuses. Aux faits pratiques nous rapportons les influences funestes des vapeurs plombiques sur les animaux qui paissent aux environs des mines, des usines de plomb.

Traitement de l'empoisonnement aigu et lent par les préparations plombiques.

Dans l'empoisonnement aigu, il faut, comme pour les autres poisons minéraux, 10 faciliter l'expulsion du poison par l'administration des boissons huileuses, mucilagineuses, albumineuses ou lactées; 2° donner, dissous dans ces boissons, le sulfate de soude ou de magnésie, qui transforment les sels de plomb en sulfate de plomb insoluble, lequel, d'après M. Orfila, ne serait point toxique pour les chiens à la dose de 36 gram ces sels cathartiques, ainsi que les huileux, ont en outre l'avantage de provoquer l'expulsion du poison par les selles. S'il y avait constipation, il conviendrait même de les donner en lavement. 3o pour calmer les coliques, les douleurs abdominales, les crampes et autres symptômes nerveux, on aurait recours aux opiacés, aux antispasmodiques. On agirait, enfin, d'après les principes généraux que nous avons posés dans l'empoisonnement par les poisons inorganiques. Si l'empoisonnement aigu passait à l'état chronique, on se dirigerait d'après les règles que nous allons tracer.

Dans l'empoisonnement lent ou chronique, les auteurs ont préconisé des moyens différents de traitement selon leur manière d'envisager l'affection saturnine. Ceux qui la considèrent comme de nature inflammatoire prescrivent les antiphlogistiques; d'autres, dans le but de saturer le poison, de le transformer en composé insoluble, recommandent les eaux sulfureuses, la limonade sulfurique, aluminée, etc. Ceux-là, afin d'évacuer le poison, prescrivent la médication éméto-cathartique, ou de l'eau en abondance, des bains, probablement aussi pour l'évacuer par les urines, la sueur. Ceux-ci enfin, pour calmer la colique, le phénomène douleur, administrent les opiacés, les antispasmodiques. Ces divers genres de traitement n'ont point été exclusifs et ont plutôt consisté dans l'association de deux ou plusieurs de ces moyens; pratique, du reste, suivie dans la majorité des maladies. Comme la colique saturnine peut guérir spontanément par la soustraction de la cause,

chez la moitié à peu près des malades, il n'est pas étonnant que chaque mode de traitement compte des succès. La colique étant la forme la plus fréquente et les autres affections saturnines exigeant quelquefois un traitement spécial, nous en traiterons séparément.

a. Traitement de la colique saturnine.

A. Méthode antiphlogistique. Elle a été préconisée par Dehaen, Hoffman, Gaubius, Bordeu, Astruc, Broussais, M. Renauldin, etc. Les uns prescrivent la saignée, d'autres les sangsues associées aux boissons délayantes, aux purgatifs doux, aux bains tièdes, et quelquefois aussi aux narcotiques, aux révulsifs. D'après M. Tanquerel, cette méthode compterait peu de succès. Sur cent trente-deux malades soumis à ce traitement, dans les hôpitaux ou en ville, la maladie a paru être amendée, mais non modifiée d'une manière bien marquée dans son cours. Il ne croit ce traitement utile qu'avant l'emploi des purgatifs, lorsque la colique se complique d'inflamma

tion.

B. Méthode calmante, narcotique. Elle a été mise en usage par Citois, Tronchin, Stoll, Payen, Bourdois, MM Brachet de Lyon, Bricheteau, Bouvier, Martin-Solon, etc. L'opium a été donné sous toutes les formes, seul ou associé au camphre, aux aromatiques, et sa dose proportionnée à l'intensité du mal. Stoll administrait 10 grains d'extrait dans les vingt-quatre heures; d'autres 1 grain et 1/2 toutes les heures. MM. Bouvier et Martin-Solon donnent l'hydrochlorate de morphine par 1/4, 1/2 grain jusqu'à effet désiré. Ils ont porté la dose à 35 centigram. (7 grains) dans les vingt-quatre heures. Stoll, Wolff donnaient l'extrait de jusquiame à haute dose, et le Dr Graves l'infusé de tabac en fomentation sur le ventre. D'après M. Tanquerel, les opiacés sont salutaires dans la colique, mais ils peuvent manquer quelquefois leur effet et prolonger la durée de la maladie. Quoique moins sûrs que la médication purgative, ils ont réussi dans des cas où celle-ci a échoué. L'opium et la morphine agissent de même. Ils calment assez

promptement la douleur. Les évacuations reprennent leurs cours un cu deux jours plus tard, et les malades se disent soulagés. Les rechutes sont aussi peu fréquentes.

C. Méthode chimique. 1° la limonade sulfhydrique, les eaux minérales sulfureuses ont été expérimentées sans succès par MM. Rayer et Chevalier. Leur but était de transformer le plomb en sulfure. 2° l'alun, à base potassique, employé par Richter, Percival, Lind, Michaelis, Adair, etc., guérirait constamment, en sept à huit jours, et sans récidive, d'après Krapeler. Il le donnait à la dose de 4 à 12 gram. (1 à 3 gros) par jour dans une potion. M. Gendrin ne l'a pas vu échouer une seule fois, sur cinquante-quatre malades. Il l'administre à la dose de 4 à 6 gram. dans une tisane, dans les vingt-quatre heures. M. Tanquerel n'accorde pas plus de confiance à l'alun qu'à la limonade sulfurique. Cependant M. Trousseau et quelques autres praticiens en ont obtenu de bons effets. 30 limonade sulfurique. M. Gendrin la considère non-seulement comme le spécifique de la colique de plomb, mais encore comme un moyen préservatif chez les ouvriers. Il fait prendre, par jour, 2 à 4 gram. d'acide dans de l'eau édulcorée, concurremment avec des bains sulfureux, et continue ainsi jusqu'à ce que la peau ne se colore plus en brun. Il dit avoir guéri ainsi plus de trois cents malades. D'après M.. Tanquerel, la limonade sulfarique aurait échoué comme moyen préservatif sur les ouvriers de la fabrique de Clichy, et, d'après les essais de MM. Andral, Dalmas, Sandras, Bailly, Piorry, Grisolle, il n'y aurait pas de différence dans les résultats, lorsque la maladie est abandonnée à elle-même; par conséquent l'influence de ce médicament serait illusoire. Peu compétent en cette matière, nous sommes simple narrateur. Cependant nous ferons remarquer que si dans ces médications chimiques on a pour but de transformer le plomb à l'état insoluble, il faut bien que ce nouveau composé soit ramené de nouveau à l'état soluble pour être éliminé de l'organisme. Comment se fait-il alors qu'il ne produise pas de nouveau la colique?

D. Méthode évacuante. Celse donnait les vomitifs dans

l'empoisonnement par la céruse; Dioscoride, Paul d'Egine, Etius les éméto-purgatifs; et Avicenne en outre les diurétiques. En 1602, à l'hôpital de la Charité, les religieux italiens employèrent, avec succès, contre la colique de plomb, un mélange de 1 part. de verre d'antimoine, et de 2 part. de sucre, qu'ils administraient sous le nom de macaroni, à la dose de 1 gram. 30 centigram., pendant trois ou quatre jours de suite. Cet éméto-cathartique, employé plus tard sous le nom de molchique, a subi diverses modifications de la part des médecins qui se sont succédé à la Charité, et, en raison des succès qu'il a obtenus pendant plusieurs siècles, a reçu le nom de purgatifs de la Charité. On trouve la formule de ce traitement très-complexe dans Desbois de Rochefort. Voici celle que donne M. Tanquerel, telle qu'elle a été modifiée par Corvisart et M. Merat.

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