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pyrophosphorique, dont le poids, évalué à la balance, était de 0,006, représentant 0 gr.00262 de phosphore; par conséquent part. de 100 cette pâte contenaient 10,9 pour 0/0 de ce corps. Pour doser le phosphore dans deux pâtes phosphorées, les mêmes experts en introduisent rapidement 7 gr. 420 dans un grand tube, communiquant d'une part avec un appareil à gaz chlore pur, de l'autre avec un système de récipient destiné à recevoir tous les produits volatils. Par un courant continu dé chlore, il se forme du chloride phosphorique. Ils chauffent ensuite la pâte pour carboniser la matière organique, traitent le chloride et le charbon par l'eau, et obtiennent un liquide qui, filtré, contenait encore de la matière organique; ils l'évaporent à siccité. Le résidu fondu avec du nitre, repris par l'eau aiguisée d'acide acétique, donna par l'acétate de plomb un phosphate triplombique qui, lavé, desséché et fondu, pesait 4 gr. 152, représentant 0 gr. 320 de phosphore; par conséquent les 40 gr. de pâte, livrés à la femme Riehl, devaient en contenir 0 gr. 431, ou bien 4, 31 pour 0/0. Si elle est moins riche en phosphore que la pâte retirée de l'estomac de Rhiel, c'est qu'elle contient 50 pour 0/0 d'eau.'

F. Recherche du phosphore absorbé. De l'huile phosphorée étant ingérée dans l'estomac ou le péritoine des animaux placés dans l'obscurité, l'air expiré devient phophorescent; c'est ce qui a eu lieu aussi chez les personnes intoxiquées, surtout par le phosphore en dissolution. Le sang retiré de la veine des chevaux auxquels Pilger administrait 25 centigr. de phosphore dissous dans l'huile, répandait l'odeur phosphorée. A l'autopsie, le sang, les muscles offraient aussi ce caractère. Les urines sont quelquefois phosphorescentes. Si la phosphorescence est un phénomène de combustion, ces faits démontrent que le phosphore est absorbé en nature. Cependant ce poison n'a guère été cherché dans les organes autres que le tube intestinal. Peut-être en traitant le foie, les poumons, etc., par l'eau, on obtiendrait un liquide qui offrirait les caractères des acides phosphoreux et hypophos

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phorique. On pourrait d'ailleurs les incinérer comme il a été dit ci-dessus, avec le nitre et le carbonate sodique, comparativement avec les mêmes organes d'une personné non intoxiquée.

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Effets toxiques.-Lésions.

EFFETS. Le phosphore est un poison pour toutes les espèces animales, très-actif et le plus souvent funeste. Il tue les poules, les coqs à la dose de 2 centig., les petits oiseaux, les grenouilles, à celle de 1 centig. (Giulio). Quelques centigrammes ont suffi pour intoxiquer l'homme, les chiens, les chats. Il est d'autant plus actif qu'il est plus divisé, par conséquent dissous, liquéfié dans l'eau, exposé à la lumière, au contact de l'air. Il paraît agir comme poison par suite de son passage à l'état d'acides phosphoreux, hypophosphorique, car l'eau dans laquelle il a séjourné est toxique, et, d'après MM. Weigel et Krugg, ces deux acides irritent vivement le tube intestinal, sont bien plus actifs que l'acide phosphorique (Cottereau). Le phosphore irrite fortement le tube intestinal, excite d'une manière très marquée le système nerveux et musculaire, et spécialement les organes de la génération. Ce dernier effet, qui a presque toujours été constaté lorsque le phosphore était expérimenté physiologiquement, manque souvent dans les cas d'intoxication, peut-être parce qu'il demande un certain temps pour se produire. Les acides phosphoreux et hypophosphorique ne paraissent pas étrangers à cette action élective. Des canards périrent tous pour avoir bu de l'eau dans laquelle avait séjourné du phosphore; le mâle ne cessa de couvrir les femelles qu'à la mort. Un vieillard, après avoir pris quelques gouttes d'éther phosphoré, éprouva impérieusement le besoin, et plusieurs fois de suite de sacrifier à Vénus (Boudet). Bouttatz prend de deux en deux heures, vingt gouttes de cette préparation ou environ 5 centigram. de phosphore: d'abord nausées, appétit dévorant, augmentation du pouls, de la chaleur animale, bien-être général, et, vers le soir, accroissement

des forces, de la sécrétion urinaire, irritation insolite des organes de la génération. Ce dernier effet a été constaté sur les coqs; Pilger a observé aussi sur les chevaux faibles, vieux, un accroissement immédiat des forces musculaires par 25 centig. de phosphore dissous dans l'huile.

Les premiers effets apparaissent du côté du tube intestinal par une saveur désagréable, alliacée, propre en quelque sorte à ce poison, par une chaleur âcre, brûlante dans la bouche, le pharynx, l'œsophage, et surtout à la région épigastrique, accompagnée d'une soif intense, que calme momentanément l'eau froide, par des nausées, des rapports phosphorescents, des vomissements opiniâtres, incessants, des douleurs abdominales, des selles diarrhéiques. Les matières sont ordinairement phosphorescentes à l'obscurité, ont l'odeur alliacée ; elles deviennent noirâtres vers la fin par l'extravasation du sang. La période réactionnelle, caractérisée plutôt par l'excitation du système nerveux et musculaire avec quelques symptômes convulsifs, que par l'accélération de la circulation, ne se manifeste ordinairement qu'après l'irritation gastrique. Elle est bientôt remplacée par un affaiblissement général et progressif, la petitesse da pouls, la gêne de la respiration, le refroidissement des extrémités. La mort survient ordinairement du deuxième au quatrième jour; les symptômes gastro-intestinaux persistent jusqu'à la fin. Brera et Weickard ont vu le phosphore, donné comme médicament dans les cas de paralysie, de faiblesse, produire d'abord une exaltation du système nerveux et musculaire, de manière à rappeler le mouvement des parties paralysées, qui était remplacée par des douleurs gastro-abdominales très-vives, des vomissements opiniâtres, puis par un affaissement général qui s'accroissait jusqu'à la mort. Un épileptique prend 1/8o de grain de phosphore en substance; en vingt-cinq minutes, chaleur extraordinaire dans l'estomac, grande soif, anxiété, convulsions de la face, frissons violents, refroidissement des extrémités, yeux larmoyants, lèvres pâles, affaiblissement du pouls et des forces, mort (Lobstein-Lebel.)

Une femme de 52 ans, sujette, depuis deux ans, à des douleurs des membres avec faiblesse au point de ne pouvoir marcher, prend, pendant trois jours environ, 2 à 3 centig. de phosphore dans un looch; peu après la dernière cuillerée, rejet d'une eau insipide, vives douleurs stomacales qui s'étendent au ventre, vomissements de matières verdâtres, puis noirâtres, déjections de même nature; le ventre se météorisa, devint extrêmement sensible, le pouls dûr, petit, très-fréquent, mort après trois jours de souffrances (Lauht). Un homme de 49 ans, pour un affaiblissement musculaire saturnin général avec tremblement, avait pris, sans accidents, pendant sept jours, une potion contenant 4 gram. d'éther phosphoré; le huitième jour on en met 5 gram. ainsi que le neuvième; la fiole, exposée au soleil, donnait des vapeurs blanches; après la troisième cuillerée, vomissement de mucosités blanchâtres, abdomen douloureux à la pression, pouls petit, fréquent, refroidissement des extrémités; le lendemain, vomissements plus intenses, pouls peu sensible, puis insensible, douleurs générales dans les membres, facultés intellectuelles un peu obtuses, affaiblissement de plus en plus marqué, mort en vingt-quatre heures (Martin-Solon). Un pharmacien prend 5, puis 10 centig. de phosphore par jour dans du sirop sans en éprouver d'effet, et le troisième jour, 15 centig. en une seule fois; dans la soirée, malaise général, constriction abdominale pendant trois jours; alors vomissements violents et continuels de matières alliacées, mort le septième jour, après des convulsions, du délire, la paralysie de la main gauche.

Une dame de 40 ans, arrivée depuis peu de jours à Madrid, se met à parcourir la ville, ayant le teint et les yeux enflammés, disant: donnez-moi de l'eau pour éteindre le feu qui me dévore, ma soif. Elle en prenait quelques gouttes, qui paraissaient la soulager momentanément, pour recommencer quelques pas plus loin ses cris. Elle perdit connaissance, et portée à son hôtel, succomba dans d'affreuses convulsions. Elle s'était empoisonnée avec des allumettes phosphorées.

Le sieur Ferrari, accusé de vol, fait bouillir un paquet d'allamettes phosphorées dans l'eau, et en avale le décocté ; douze heures après, vomissements aqueux contenant une matière jaune-verdâtre; deux heures plus tard, physionomie altérée, langue normale, corps frais, presque froid, ventre mou, pouls petit, lent, vomissements bilieux, continuels, feu dévorant dans le ventre. Le lendemain, abdomen gonflé, et, vingt-quatre heures après le breuvage, il succombe dans une syncope.

Une fille de 17 ans, par suite de chagrins domestiques, s'empoisonne avec 20 centigr. de pâte phosphorée. Vomissements violents, convulsions. Malgré l'usage des boissons émollientes copieuses, les vomissements persistent pendant deux jours; alors il survient un peu de calme et on la croit sauvée; mais après quatre jours passés entre la crainte et l'espérance, reconnue en danger de mort, elle est portée à l'Hôtel-Dieu, poussant par intervalles des gémissements inarticulés, éprouvant des douleurs sourdes, abdominables, crachant des matières grises et pelliculées, et succomba rapidement.

Nous pourrions encore citer bien d'autres cas mortels, soit par le phosphore, soit par les allumettes, les pâtes phosphorées, dont plusieurs ont été pris pour d'autres états morbides, et n'ont été reconnus que lorsqu'il n'y avait plus d'espoir de guérison. L'empoisonnement par le phosphore,, la pâte phosphorée, est quelquefois suivi d'effets consécutifs très-graves et à peu près analogues à ceux que produisent les acides.

LÉSIONS. Quoique au fond de même nature chez l'homme et les animaux, et à peu près constantes, elles varient en intensité selon la forme, la dose du poison. Le tube intestinal est ordinairement congestionné à l'extérieur et de couleur rougenoirâtre. Chez la fille de 17 ans on a trouvé les muqueuses buccale, linguale, palatine, pharyngée, œsophagienne d'un blanc-grisâtre ou bistre, ramollies avec quelques fragments d'épitelium détachés et entourés d'une gelée grisâtre. Ces cas

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