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sont cependant assez rares. L'estomac est l'organe le plus souvent lesé, sa muqueuse peut être d'un rouge vif ou d'un brun-noirâtre dans toute son étendue, ramollie, recouverte de mucosités noirâtres, épaisses, filantes, et, comme ses villosités, carbonisée, offrir çà et là des taches noirâtres, ardoisées, gangréneuses, de petits points ulcérés, des ulcérations plus ou moins étendues. Ces lésions s'observent surtout du côté du pylore, de la grande courbure. Cet.organe peut renfermer un liquide noirâtre, être distendu par un gaz phosphorescent, inflammable à l'approche d'un corps en combustion. Rarement il est perforé ; cependant cela s'est présenté chez un enfant et chez la fille de 17 ans. Worbe l'a trouvé perforé en trois endroits sur un chien auquel il avait administré du phosphore liquéfié dans l'eau. Ces mêmes lésions s'observent aussi dans le duodenum, quoique moins intenses, et bien plus fréquemment dans les gros que dans les petits intestins, surtout dans le rectum. On a noté en outre, dans quelques cas, l'inflammation de la vésicule du fiel, un état hyperémique de la muqueuse vésicale, des ecchymoses du tissu cellulaire peri-œsophagien, des divers organes abdominaux, un état congestionnel du cerveau, de ses membranes, des poumons, enfin la phosphorescence des matières de l'estomac, de cet organe, des matières fécales avec traces de poison, du sang, des muscles, des urines, phosphorescence dont s'imprègnent les mains, les instruments de l'opérateur. D'après Giulio, les muscles des grenouilles empoisonnées par le phosphore ne seraient plus contractiles sous l'influence de l'électricité, fait infirmé par les expériences de Pilger sur les chevaux.

LE PHOSPHORE, appliqué à l'extérieur, peut s'enflammer par le frottement, la chaleur seule du corps, donner lieu à des brûlures plus ou moins étendues, dont l'escarre est lente à tomber, l'ulcération profonde, à bords taillés à pic, et longue à se cicatriser. Ce fait s'est présenté au Havre chez des enfants qui avaient ramassé des fragments de phosphore dans la rue.

Il peut aussi avoir lieu avec la pommade phosphorée mal préparée, employée en friction.

Les vapeurs de phosphore, chez les personnes qui préparent les allumettes phosphorées, produisent des douleurs des dents, intermittentes d'abord, puis continues; les dents se carient, les gencives s'enflamment, s'abcèdent, les os maxillaires se nécrosent, s'exfolient, plus souvent les inférieurs que les supérieurs. A ces symptômes locaux s'ajoutent quelquefois de l'inappétence, de la soif avec fièvre, amaigrissements, etc.

LE PHOSPHORE ROUGE OU AMORPHE n'est pas toxique. MM. Lassaigne et Reynal en ont donné 5 gram. à des chiens, sans accidents. Les excréments jetés sur les charbons ardents dénotaient beaucoup de phosphore; 3 centigr. sont sans effet sur les oiseaux; il n'irrite pas les muqueuses. Les allumettes préparées avec l'oxyde rouge n'intoxiquent pas non plus les chiens à la dose de 3 gram., les oiseaux à celle de 57 milligr.; avec la même quantité de phosphore, elles sont toxiques. Il y aurait donc avantage à remplacer le phosphore dans les allumettes phosphorées par le phosphore rouge.

L'ACIDE PHOSPHORIQUE dissous dans l'eau est toxique pour les chiens, en 23 heures, à la dose de 1 gram. 20 centigr.; il donne lieu à des vomissements de matières filantes, à des douleurs de gorge, à de l'abattement, de la tristesse, des vertiges. L'estomac était fortement enflammé, les urines précipitaient abondamment par le sulfate de magnésie et l'ammoniaque (phosphate ammoniaco-magnésien). Chez une lapine, intoxiquée par 4 gram. d'acide phosphorique, l'utérus était très-rouge, le vagin contenait un liquide sanguinolent. (Orfila.)

Traitement.

Seconder l'expulsion du poison par des boissons mucilagineuses, dans lesquelles on suspendrait quelques grammes de magnésie, par des lavements de même nature, administrer ensuite de l'eau froide, des fragments même de glace pour. calmer la soif, l'ardeur, la chaleur épigastrique, faire en

outre des embrocations émollientes, huileuses, laudanisées sur cette région; et, si elles sont insuffisantes, les remplacer par des sangsues. On aurait recours aussi à une émulsion nitrée et camphrée et même laudanisée, à du petit-lait, si surtout le phosphore avait agi sur les organes de la génération. Enfin, on n'accorderait une alimentation solide que lorsque le bouillon coupé, le lait seraient supportés (voyez Acides). Dans le cas de brûlure par le phosphore, il faut plonger la partie dans de l'eau alcaline, panser l'escarre; la plaie avec des corps gras. Une bonne aération prévient les accidents par les vapeurs phosphorées.

Questions toxicologiques.

Depuis 1845 les suicides et surtout les homicides par les allumettes et les pâtes phosphorées, mêlées aux boissons, aux aliments, sont très-fréquents. Les questions soulevées aux Assises de Strasbourg 1847, de la Nièvre 1847, de la Côted'Or 1851, de l'Ain 1853, etc., et dont nous avons indiqué la solution, sont celles relatives au phosphore, à l'acide phosphorique normaux, contenus dans la terre, à leur dose toxique.

EMPOISONNEMENT PAR L'IODE.

L'iode, le brome, le chlore, offrent la plus grande analogie chimique, sont très-caustiques; cependant ils diffèrent dans leur effet dynamique, L'iodure de potassium stimule les organes des sens, de la génération, a produit deux fois un œdème de la glotte, à la dose de 4 gramme (M. Nélaton), est un très-bon antisyphilitique : le bromure, à dose progressivement élevée (15 gram.) anesthénise les organes des sens, surtout de la génération, les muqueuses pharingée, oculaire, échoue contre la syphilis (M. Huette). Le chlorure agit comme purgatif ou altérant.

IODE.- Solide, en lamelles gris-bleuâtres, d'aspect métallique, cassantes, à odeur caractéristique, d'une saveur âcre. Sa densité est de 4,946.

Car. chim. 1o L'iode fond à + 107 en un liquide bleu noirâtre, brillant, bout à + 175, et se volatilise en vapeurs violacées, qui se condensent en aiguilles cristallines et brillantes sur les parois du vase. Un papier amidonné,une baguette de verre imprégnée de colle de pâte, plongés dans ces vapeurs, se colorent en bleu ou en violet. Cette expérience peut être faite dans un petit tube de verre, dans une fiole à médecine, ou bien encore, on volatilise l'iode sur une plaque de fer, sur un fragment de verre, sur un charbon ardent, et on reçoit les vapeurs dans un verre renversé sur les parois internes duquel on a appliqué quelques fragments de colle de pâte. La couleur de la colle de pàte est quelquefois si intense, qu'elle en paraît noirâtre; il suffit alors de l'étendre sur une feuille de papier pour avoir la coloration bleue. 20 Trituré dans un mortier avec de l'eau, de l'amidon ou de la colle de pâte, l'iode communique au mélange une couleur violacée-lilas dans le premier cas, et bleue dans le second. 50 L'iode colore le papier, l'épiderme et les matières organiques en jaune ou jaune brunâtre, couleur qui s'affaiblit et disparaît peu à peu à l'air, surtout par la chaleur, et immédiatement par la potasse, la soude ou l'ammoniaque.

L'iode peut être sophistiqué avec du charbon, du sulfure de fer ou de plomb, de la plombagine, de l'oxyde de manganèse, etc. Comme ces corps ne sont pas volatils, il suffit de chauffer l'iode après l'avoir pesé dans un tube de verre; le poids du résidu donnera la quantité du corps sophistiquant. Cette falsification pourrait aussi être reconnue par l'alcool, qui dissoudrait seuleinent l'iode.

Eau, alcool, éther, sirop iodés, etc.

L'eau dissout environ 1/7000 d'iode, et se colore légèrement en jaune. L'iode est, au contraire, très-soluble dans ce liquide par l'intermédiaire de l'iodure de potassium, ou du chlorure de sodium; c'est même à cet état qu'on trouve le soluté aqueux pour bains et pour boisson dans les pharmacies. Il est très-soluble dans l'alcool et l'éther. Tous les liquides iodés ou renfermant de l'iode en nature, offrent les caractères

suivants: 10 ils sont colorés en jaune doré, jaune brunâtre, ou en brun rougeâtre selon la plus cu moins grande quantité d'iode; 2o donnent des vapeurs violacées quand on les chauffe; 3o une goutte de ces liquides versée sur un fragment de colle de pâte, ou dans un soluté d'amidon, colore ces corps en bleu plus ou moins foncé, et en violet-lilas, si c'est sur de l'amidon du commerce; 4o ils sont immédiatement décolorés par la potasse, la soude, oul'ammoniaque, alcalis qui transforment l'iode aux dépens de l'oxygène et de l'hydrogène de l'eau, en iodate et iodure de potassium, etc. Les liquides iodés se distinguent entre eux par des caractères propres au véhicules.

L'alcool et l'éther iodés ont l'odeur alcoolique ou éthérée, qui, cependant, peut être masquée par celle de l'iode Saturés par la potasse jusqu'à décoloration, et soumis après à la distillation, ils donnent de l'alccol ou de l'éther, et pour résidu de l'iodure de potassium.

L'eau iodée est privée d'odeur alcoolique ou éthérée. Saturée par la potasse et distillée ensuite, elle donne de l'eau, et pour résidu de l'iodure de potassium, qui serait mêlé à du chlorure de sodium, si ce dernier faisait partie du soluté. On isolerait facilement ces deux sels par l'alcool, qui dissoudrait seulement l'iodure de potassium.

Le sirop iodé a la consistance sirupeuse. Délayé dans l'eau, saturé par la potasse, et soumis après à la distillation, il laisse pour résidu de l'iodure de potassium et du sucre, qu'on isole à l'aide de l'alcool, qui dissout seulement le premier corps.

Pilules iodées. Après les avoir divisées, on les met à macérer dans de l'alcool, et l'ou filtre. (Voyez alcool iodé). On agirait de même sur les autres préparations pharmaceutiques iodées. Le procédé que nous indiquerons pour déceler l'iode dans les matières alimentaires solides serait applicable en ces cas.

Vin, bière, cidre, lait, et autres liquides iodés.

L'iode étant insoluble, ou fort peu soluble dans ces véhicules, n'y est ordinairement introduit qu'à l'état d'alcool, d'éther, ou de soluté aqueux. Il colore en jaune, jaune brunâtre, les

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