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liquides incolores, en bleu ou en violet les liquides féculents; il avive la couleur du vin; décolore quelques liquides organiques; coagule au bout d'un certain temps, et après les avoir colorés en jaune, les liquides albumineux, caséeux, le lait, etc. Les coagulés sont insolubles ou fort peu solubles dans l'alcool. L'iode étant précipité en partie, à l'état de poudre brune, de l'alcool et de l'éther iodés concentrés, par les liquides aqueux, et ce corps pouvant s'acidifier en partie ou en totalité, soit immédiatement, soit au bout d'un certain temps, il s'ensuit qu'il peut exister dans ces liquides à l'état d'io le en nature, à celui d'acide hydriodique ou iodique, ou faire partie des dépôts, des coagulés. Dans le premier cas, les véhicules seront colorés en jaune ou en jaune brunâtre, auront la propriété de colorer en bleu un soluté d'amidon, un fragment de colle de pâte, offriront enfin les caractères des solutés iodés. Dans les deux derniers cas on séparerait les liquides des dépôts pour soumettre les uns et les autres aux mêmes procédés d'analyse que les matières des vomissements solides et liquides.

Iode mêlé ou combiné avec les matières alimentaires, avec celles des vomissements, ou contenues dans le tube intestinal.

Les réflexions que nous venons de présenter sur les modifications réciproques entre l'iode et les liquides organiques, sont applicables aux matières alimentaires ou des vomissements. Si ce corps avait été administré en nature et entier, ce qui doit être excessivement rare, il serait dans les parties solides, ou déposé à la surface du tube intestinal, et l'on pourrait, comme étant plus pesant que ces matières, l'en séparer, après les avoir délayées dans l'eau, par reposition et décantation, comme nous l'avons indiqué en parlant du phosphore. L'iode pourrait aussi être mêlé à ces matières sous forme de poudre brune, s'il avait été donné à l'état de soluté alcoolique ou éthéré concentrés. Mais, dans la majorité des cas, ce corps se trouve dans les partics liquides à l'état d'iode, à l'état d'acides hydriodique et iodique, ou combiné aux parties solides, lorsque celles-ci sont de nature féculente, toutes les matières solides et liquides offrent

une coloration bleue brillante de manière à faire soupçonner un empoisonnement par le bleu de composition. Si la quantité d'iode est faible relativement à celle des matières féculentes, il peut être complétement transformé en iodure d'amidon; alors la couleur bleue des liquides étant due à la suspension de cet iodure, ceux-ci deviennent incolores ou perdent cette couleur par la filtration.

Quelles que soient les modifications que l'iode ait subies, il faut recueillir les matières de vomissements, celles de l'estomac et des petits intestins, et, après avoir constaté leur caractère physique, et surtout leur coloration en jaune, jaune brunâtre ou en bleu (ce dernier caractère serait une grande présomption, sinon une certitude complète) séparer les parties liquides des parties solides par la filtration, et soumettre les unes et les autres aux analyses suivantes :

A. Parties liquides. 1° Lorsqu'elles contiennent de l'iode en nature, elles sont colorées en jaune ou en jaune-brunâtre, offrent enfin les caractères des liquides iodes, et surtout la propriété de colorer en bleu, un fragment de colle de pâte, ou un soluté d'amidon, couleur qui disparaît par l'ébullition, et reparaît après le refroidissement ou par l'addition d'une goutte d'acide sulfurique (Christison). 2° Si ces liquides renfermaient des matières colorantes qui ne permissent pas de constater ces caractères, ou bien encore, si l'iode avait subi en partie ou complétement la transformation acide, de manière à ne plus les présenter, il faudrait saturer ces liquides par la potasse, dans le but de transformer l'iode ou les acides iodique et hydriodique en jodate de potasse et iodure de potassium, les décolorer par le charbon, s'ils restaient encore colorés, suspendre dans ces liquides un fragment de co'le de pâte, un papier amidonné, ou un soluté d'amidon, puis, ajouter 1 ou 2 gouttes d'acide sulfurique et autant de chlore; immédiatement il y a coloration en violet ou en bleu plus ou moins foncés, selon la quantité d'iode. Il importe de ne pas verser le chlore en excès, lequel formerait un chlo rure d'iode incolore et soluble dans l'cau, et, par conséquent, il n'y aurait pas coloration, ou bien l'iodure d'amidon serait

décoloré. Le chlore et l'acide sulfurique séparent l'icde de l'iodure de potassium en formant un chlorure de potassium et un sulfate de potasse. Ces deux réactifs donneraient isolément la même réaction, mais, employés simultanénient, on arrive à des résultats plus certains, puisqu'on peut ainsi constater la 1,000,000 partie et plus d'iode dans un liquide, tandis que l'acide sulfurique s'arrête à 10,000 et le chlore à 4,000,

Par l'emploi de ces deux réactifs, on précipite seulement l'iode qui se trouve dans ces liquides à l'état d'iodure de potassium, et non celui qui y existe à l'état d'iodate de potasse. Aussi, si les résultats étaient négatifs, ce qui doit être excessivement rare, à cause de l'extrême sensibilité des réactifs, on soumettrait ces liquides, après les avoir saturés par la tasse, au procédé suivant, lequel a pour but de transformer l'iodate de potasse en iodure de potassium.

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Faites passer à travers ces liquides un excès d'hydrogène sulfuré, lequel, en réagissant sur l'iodate de potasse, donne naissance à de l'eau, à un dépôt de soufre et à de l'iodure de potassium qui reste en dissolution dans les liquides; filtrez pour séparer le dépôt de soufre; chauffez pour concentrer les liquides et en dégager l'excès d'hydrogène sulfuré, filtrez de nouveau; essayez le liquide filtré par l'amidon, l'acide sulfu rique, le chlore, comme il a été indiqué. Si le résultat était encore négatif, évaporez le liquide jusqu'à siccité; carbonisez le résidu dans un creuset fermé (Christison), ou dans une cornue (Devergie); broyez le charbon; épuisez-le par l'eau; filtrez; concentrez le liquide, et traitez-le par un soluté d'amidon, l'acide sulfurique et le chlore. La carbonisation a pour but de détruire la matière organique, et même de transformer en iodure de potassium l'iodate de potasse qui aurait échappé à l'action de l'acide hydrosulfurique. 11 importe de ne pas opérer la carbonisation à une température trop élevée, car on s'exposerait à perdre une portion d'iode. Guibourt a démontré que l'éponge torréfiée au brun noir donnait bien plus d'iode que l'éponge calcinée au-dessus de la chaleur rouge, et que, fortement chauffée dans un creuset, le résidu ne donnait aucune trace d'iode.

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B. Parties solides. 1°Elles peuvent être incolores ou colorées en jaune, jaune brunâtre, ou en bleu; et, si l'iode a été donné en nature ou à l'état d'alcool, d'éther iodés, offrir de petites paillettes brillantes d'un gris bleuâtre, qu'on isole par reposition et décantation, après avoir délayé ces matières dans l'eau, pour ensuite en constater les caractères. 2o Essayez si elles colorent le papier amidonné en bleu, ce qui aurait lieu si elles renfermaient de l'iode à l'état de mélange et non combiné. 30 Chauffez-les avec de l'eau rendue alcaline par la potasse, jusqu'à saturation et décoloration (notez cette décoloration); passez le tout à travers un linge, filtrez, concentrez, et essayez une portion des liquides par le soluté d'amidon, l'acide sulfurique et le chlore. Si le résultat était négatif, soumettez ces liquides au procédé de l'hydrogène sulfuré et de la carbonisation. Mais les expériences suivantes démontrent que bien rarement il sera nécessaire d'y recourir.

Une goutte de teinture d'iode étant mêlée à 60 gram. d'une bouillie claire composée de pain, de bouillon et de lentilles; la colle de pâte, l'acide sulfurique et le chlore ont donné une preuve évidente de la présence de l'iode dans la partie liquide filtrée, que la bouillie ait été ou non saturée par la potasse. Mêmes résultats avec la même quantité de teinture mêlée à 60 gram. de vin ou de café, après avoir décoloré ces liquides par le charbon. Dans tous ces cas, l'acidification de l'iode a été très-prompte, puisque, immédiatement après le mélange, l'aspect des liquides n'a point été modifié, et qu'une baguette amidonnée, plongée dans ces liquides, n'a point été colorée en bleu ou en violet.

S'il était nécessaire de démontrer l'iode dans les matières fécales, on les délaierait dans de l'eau rendue alcaline par la potasse, on ajouterait ensuite du charbon pour en masquer l'odeur; après une macération d'un quart d'heure, on filtrerait, et l'on traiterait le liquide filtré comme celui des matières alimentaires.

Taches d'iode sur les tissus du tube intestinal, sur l'épiderme, sur les vêtements, etc.

L'épiderme des doigts, des lèvres, des parties qui ont été atteintes par l'iode, ainsi que la muqueuse gastro-intestinale, et les vêtements blancs, sont colorés en jaune ou jaune brunâtre. Cette couleur s'affaiblit peu à peu à l'air, et peut même disparaître complétement, soit par la volatilisation de l'iode, soit par suite de sa transformation acide. Les parties tachées sont sèches et friables.

Pour démontrer la présence de l'iode dans ces tissus, il faut constater: 1o leurs caractères physiques, et surtout leur coloration; 2° s'ils bleuissent le papier amidonné humide; 3o séparer toutes les parties tachées, les chauffer légèrement avec de la potasse jusqu'à saturation et décoloration (constater cette décoloration), filtrer, et agir sur les liquides filtrés comine nous l'avons indiqué en parlant de la partie liquide des matières alimentaires, c'est-à-dire, par l'amidon, l'acide sulfurique et le chlore, ou par le procédé de l'hydrogène sulfuré ou de la carbonisation. Si la coloration avait complétement disparu, soit par la volatilisation de l'iode, soit par son acidification, il faudrait agir sur les parties qu'on supposerait avoir été atteintes, et particulièrement sur les parties du tube intestinal qui offriraient des altérations pathologiques.

Iode dans le sang,

les liquides sécrétés ou excrétés.

Cantù a démontré l'iode dans le sang, les urines, la sueur, la salive et le lait des personnes auxquelles il l'appliquait à l'extérieur sous forme de pommade, et Bennerschendt, dans le cruor du sang, et non dans la partie sérense. L'absorption paraît en être très-rapide. O. Saugnessey l'a constaté dans les urines 40 minutes après l'avoir donné à un chien, et même le cinquième jour, époque de la mort de l'animal. Il ne l'y a pas rencontré le troisième jour, quoiqu'il existât dans la salive. L'iode ne serait donc point éliminé par les mêmes émonctoires,

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