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Saint-Esprit et à nous....... La dernière marque que l'on peut avoir que ce concile ou cette assemblée représente véritablement l'Eglise catholique, c'est lorsque tout le corps de l'épiscopat et toute la société qui fait profession d'en recevoir les instructions, l'approuve et le reçoit... Nos adversaires nous repartiront qu'il faut que chaque fidèle en particulier, discerne la bonne doctrine d'avec la mauvaise, par l'assistance du Saint-Esprit ; ce que nous accordons volontiers, et jamais nous ne l'avons dénié; aussi n'est-ce pas en ce point que consiste la difficulté. Il est question de savoir de quelle sorte se fait ce discernement. Nous croyons que chaque particulier de l'Eglise le doit faire avec tout le corps, et par l'autorité de toute la communion catholique, à laquelle son jugement doit être soumis; et cette excellente police vient de l'ordre de la charité, qui est la vraie loi de l'Eglise; car, lorsque JésusChrist l'a fondée, le dessein qu'il se proposait, c'est que ses fidèles fussent unis par le lien d'une charité indissoluble. C'est pourquoi il n'a pas permis que chacun jugeât en particulier des articles de la foi catholique, ni du sens des Ecritures divines; mais, afin de nous faire chérir davantage la communion et la paix, il lui a plu que l'unité catholique fût la mamelle qui donnât le lait à tous les particuliers de l'Eglise, et que les fidèles ne pussent venir à la doctrine de vérité que par le moyen de la charité et de la société fraternelle. » Que pourrait-on dire de plus formel sur le concours de tous les catholiques à l'infaillibilité ecclésiastique?

Ainsi, que l'on considère la nature du sacerdoce, les paroles de Jésus-Christ, celles des apôtres, des

Pères, des docteurs, il résulte que le pouvoir des laïques, incontesté et incontestable en ce qui touche les sacrements, ne l'est pas moins en ce qui regarde l'instruction. On ne peut le retrancher sans démembrer l'Eglise, sans qu'elle perde l'unité, la fraternité qui caractérisent l'œuvre chrétienne. Le pouvoir des simples fidèles une fois établi, celui des prêtres l'est également, et il serait superflu de le prouver.

Quelqu'un, néanmoins, s'étonnera-t-il de voir la multitude contribuer au maintien de la foi? qu'il écoute encore Bossuet : « Si on nous dit qu'il n'y a point de sûreté dans l'opinion de la multitude qui, pour l'ordinaire, est ignorante, nos pères, ou plutôt l'Ecriture même, ne nous ont pas laissé sans repartie car ils nous ont appris à fermer la bouche à ceux qui ne cédaient pas à la multitude du peuple de Dieu, en leur disant : « Pourquoi mé« prisez-vous la multitude que Dieu a promise à << Abraham? Je te ferai, dit-il, le père, non de plu<< sieurs hommes, mais de plusieurs nations; et en « toi seront bénis tous les peuples de la terre'. » Saint Pierre appelle les chrétiens la race choisie, les sacerdotes rois, la nation sainte, le peuple con→ quis 2. « Distinguez donc, poursuit Bossuet, la multitude abandonnée à elle-même, et livrée à son ignorance par un juste jugement de Dieu, de la multitude choisie, de la multitude séparée, de la multitude promise et bénie, conduite, par conséquent, avec un soin spécial de Dieu et de son es

' Vinc. Lir.

* Genus electum, regale sacerdotium, gens sancta, populus acquisitionis.

prit: ou, pour parler avec saint Athanase, distinguez la multitude qui défend l'héritage de ses pères, telle qu'était la multitude que ce grand homme vient de nous montrer dans l'Eglise, d'avec la multitude qui est éprise de l'amour de la nouveauté, et qui porte par ce moyen sa condamnation sur son front. >>

Cette multitude, si bien définie par saint Athanase, voici, d'après lui, ce qui la compose : « Toutes les Eglises suivent la vraie foi, en commençant par les plus éloignées, celles d'Espagne, de la GrandeBretagne, de la Gaule, de l'Italie, de la Dalmatie, Dacie, Mysie, Macédoine; celles de toute la Grèce, de toute l'Afrique, les îles de Sardaigne, de Chypre, de Crète, la Pamphylie, la Lycie, l'Isaurie, l'Egypte, la Libye, le Pont, la Cappadoce. Les Eglises voisines ont la même foi, et toutes celles d'Orient, à la réserve d'un très-petit nombre; les peuples les plus éloignés pensent de même. »

Ce dénombrement, et les expressions seules de saint Athanase suffiraient pour établir la doctrine que nous défendons, puisque les Eglises dont il parle sont le peuple, les prêtres, les évêques, quoique sur la fin, il ne nomme que les peuples. Dans l'antiquité, pour indiquer une Eglise, on ne mentionne quelquefois que les laïques, tandis qu'aujour d'hui il n'est jamais question que de l'évêque. Une pensée familière aux Pères, c'est que l'Eglise universelle juge seule infailliblement de la vérité; et, par Eglise universelle, ils entendent la collection de toutes les Eglises de l'univers, et par chaque Eglise, l'évêque, les prêtres et les simples fidèles.

On peut encore observer, en s'attachant à l'ordre

du temps, que le pouvoir laïque est désigné le premier, car dans la formation de l'Église, il ne faut pas confondre la vocation au sacerdoce avec le don du sacerdoce même. Jésus-Christ commence par appeler également tout le monde, et parmi ceux qui se déclarent pour lui, il choisit ensuite les apôtres, et puis les soixante-douze disciples; mais il ne communique le sacerdoce qu'au moment de quitter la terre, lorsqu'il ordonne d'évangéliser les nations. Dans les apôtres, qui sont à la fois chrétiens, prêtres, évêques, il constitue tous les pouvoirs, et, conformément à ses instructions, les apôtres les distribuent. Si nous voyons les apôtres, c'est-à-dire le pouvoir épiscopal débuter par l'enseignement, ne voyonsnous pas aussi de la même manière celui des laïques se montrer après lui, à la naissance de l'Église? I paraît manifestement dans ces fidèles qui, lors du martyre de saint Etienne à Jérusalem, se dispersent aux alentours, annoncent la parole divine, précèdent Barnabé et Paul à Antioche, et « la main du Seigneur étant avec eux, disent les Actes, un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur. >>

Dans la hiérarchie sacerdotale, les prêtres apparaissent comme représentant les soixante-douze disciples plutôt que comme leurs successeurs immédiats, puisque le pouvoir dont ils sont revêtus leur fut donné dans la personne des apôtres en même temps que ceux-ci reçurent l'épiscopat. Il se détache de celui-ci pour se mettre au-dessous et remplir de nombreux offices auxquels l'évêque ne pourrait subvenir. L'institution des prêtres, en laissant à la plénitude du pontificat la prééminence sur eux,

établit l'unité dans chaque Eglise, ou, comme on dit maintenant, dans chaque diocèse. Il est clair que la prêtrise tire son existence d'un besoiu d'ordre. C'est sur un besoin de même nature, c'est pour maintenir l'unité entre tous les diocèses ou dans l'Église universelle que la papauté a été fondée.

Essayons, par le raisonnement, de pénétrer plus avant dans le sujet. Deux paroles de Bossuet nous y ramènent. <«<ll a plu à Jésus-Christ, nous a-t-il dit, que les fidèles ne pussent parvenir à la vérité que par la société fraternelle. » Pour en sentir la portée, observons qu'on ne peut, sans violer les principes qui gouvernent l'Église, priver aucun de ses membres du droit qu'il tient de la loi naturelle, ni de la loi révélée. Or, tous les hommes ne sontils pas créés à l'image de Dieu, et destinés, en vertu de la première, à le connaître, à l'aimer, à jouir également de la vérité, et conséquemment du droit de la manifester, ou de célébrer la gloire du Créateur? Réhabilités, les chrétiens ne sont-ils pas encore appelés, en vertu de la seconde, à la possession de la vérité, ou à célébrer la gloire du Rédempteur?

Qu'est-ce, en définitive, qu'enseigner dans l'église, sinon confesser la croyance? Jésus-Christ a-t-il été la lumière du monde seulement pour les évêques? N'a-t-il pas éclairé tous les fidèles? La clarté qu'ils réfléchissent, quoique moins grande que celle des premiers, vient-elle donc d'une autre source? La doctrine évangélique ne leur est - elle pas aussi commise? Ne la portent-ils pas également écrite dans leur cœur, comme sur des tables vivantes? Saint Paul le déclare aux Corinthiens, et il les appelle, la lettre, la proclamation de Jésus-Christ,

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