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Le Tasse est immortel comme ses ouvrages; quel est le nom de ses détracteurs? et qui le sait? Ils sont là, les pédans, cramponnés à la barrière qu'ils ne savent pas, qu'ils n'ont pas le courage de franchir, forçant tout le monde à se ranger derrière eux, criant de toutes leurs forces: «< n'allez pas plus loin, ne passez pas outre ; vous êtes perdus si vous l'osez. » Le génie qui a des ailes paraît; il passe par-dessus leurs têtes, se moquant de leurs cris et de leurs sifflets: le temps vient qui le grandit toujours aux yeux de la postérité ; il touche avec sa tête la voûte des cieux; eux!... ils disparaissent.

EXCURSIONS POLITIQUES

ET AUTRES.

Ille quidem princeps ingenii et doctrine, Plato, tum, denique fore beatas respublicas putavit, si aut docti, ac sapientes homines eas regere cœpissent; aut i, qui regerent, omne suum studium in doctrina, ac sapientia collocassent. Hanc conjunctionem videlicet potestatis ac sapientiæ saluti censuit civitatibus esse posset.

CICERON.

I.

ITALIE, chère et malheureuse patrie, terre classique des grâces et des beaux-arts, jadis maîtresse souveraine du monde, siége de toutes les vertus héroïques et de toutes les actions les plus éclatantes; tu es maintenant réduite à admirer chez les autres ces mêmes vertus et ces mêmes actions dont tu leur

donnais autrefois l'exemple! Rorger tes fers en soupirant, voilà le sort réservé à la reine des nations! Je vois bien de temps à autre quelqu'un de tes courageux enfans briser un des chaînons de l'épais réseau qui t'enlace, et s'élancer en criant:

Liberté! Liberté! Aux armes, Citoyens! Mais mille bras de fer se lèvent en même temps que lui, qui, frappant à coups redoublés, le brisent en mille morceaux et le font rentrer dans le néant. Remercie le ciel au moins de ce que, cette fois, une nation essentiellement de tes amies, une grande nation, la plus grande de toutes, qui sympathise depuis long-temps avec toi, est celle qui, en moins de temps que je ne le dis, faisant voler en éclats les chaînes honteuses que des tyrans imbéciles s'apprêtaient à lui donner, jette déjà un regard de commisération sur le sort de sa vieille amie opprimée. Non, je ne me trompe pas ; je vois des millions de ses généreux citoyens lever fièrement le bras, et t'indiquer du doigt à ceux qui sont maintenant à leur tête, comme pour leur dire « C'est là qu'il faut aller avant tout!». Osera-t-on ne pas les écouter? Je ne le pense pas. Ils savent bien ce qu'il en coûte à ceux qui ont l'air de ne pas entendre les voeux de la France! J'ai d'ailleurs la plus grande confiance dans celui qui est appelé à diriger ses destinées ; il croit apparemment qu'il faut consolider ses institutions avant tout, que le moment n'est pas encore opportun; mais il ne tardera pas à venir, j'en ai l'espoir, et presque la certitude.

II.

Quelle immensité d'intérêts du premier ordre

ces trois journées fastiques viennent de soulever ! que de graves questions à examiner ! que de vérités ont été consacrées par la grande semaine! Quel est l'homme aveugle ou l'ennemi juré des lumières qui, en comparant 1789 avec 1830, pourrait ne pas tomber d'accord sur les bénéfices incalculables des institutions et de la civilisation? Quel est l'imbécile ou le pervers qui oserait encore dire devant la majesté d'une chambre qu'il y a trop d'instruction dans telle ou telle province ? Les sifflets d'un grand peuple ne couvriraient-ils pas la voix qui prononcerait un tel blasphême ?

Il y a d'autres vérités que l'ère qui vient de luire va probablement consacrer aussi. La plus importante de toutes, celle qui doit produire des effets immenses pour l'humanité, et que des esprits nobles et éclairés se sont efforcés en vain, jusqu'à présent, de faire prévaloir dans les conseils corrompus des rois, et même dans ceux des rois d'un peuple libre, est que la droiture, la morale, la générosité, et le devoir d'inoculer ces principes chez les autres, sont la seule politique digne d'une grande nation.

III.

Les questions à examiner ne sont pas moins nombreuses; la non intervention, les Chambres, l'hérédité de la pairie, la magistrature, les ministres, les clubs, la marche suivie par le gouvernement, la république, les républicains, etc., etc.

Qui a tort, qui a raison? Serait-il vrai, comme ces derniers le prétendent, qu'il y aurait incompatibilité entre la France, telle qu'elle est aujourd'hui, et Louis-Philippe d'Orléans, roi des Français ? Bourbon lui-même, disent-ils, beau-frère du roi des Deux-Siciles et du roi de Piémont, neveu de l'empereur d'Autriche, deux ou trois fois parent du roi d'Espagne, n'est-il pas à craindre qu'il ne sacrifie aux liens du sang et aux rapports de famille les intérêts positifs de la France, relativement à l'étendue de ses frontières et à ses traités de commerce ou autres, aussi bien que ceux d'un intérêt moins personnel, mais d'un ordre supérieur pour une grande nation, comme la protection accordée aux faibles et aux voisins, l'influence salutaire et, pour ainsi dire, ordonnatrice qu'elle doit exercer sur des gouvernemens oppresseurs, bigots et despotiques? L'observation de ces principes, hautement professés par tous les cœurs vertueux, et que les trois saintes journées viennent de changer en maximes, est la conduite, disent-ils encore, uniquement digne d'une nation grande et généreuse. En suivant une marche autre que celle-là, un territoire et une population décuple de ceux de la France ne suffiraient pas pour lui conserver le titre de première nation du monde, titre qu'elle a conquis par les trois jours de prodiges qui se sont passés sous nos yeux; elle serait tout au plus grande et puissante à la manière de l'Angleterre. En vou

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