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POST-SCRIPTUM.

Je relis tout ce que j'ai écrit jusqu'ici, et je suis fort mécontent de mon ouvrage. Mes derniers chapitres me paraissent, à la vérité, moins difformes que les premiers ; et cela s'explique par le peu d'aptitude à écrire que j'avais en commençant; mais pour ceuxci je les trouve d'une laideur effrayante. Dix fois j'ai été tenté de les mettre en pièces ; j'aurais voulu, comme Saturne, dévorer mes enfans; mais j'en ai cru la digestion tout aussi difficile que celle des pierres. Je suis d'ailleurs bon père, au fond; et bien que, comme on le voit, je ne sois pas partisan du droit d'aînesse (j'ai mes raisons pour cela), je n'ai pas eu, tout bien réfléchi, le courage d'étouffer mon propre sang en venant au monde.

Qu'ils vivent donc. Je redresse avec mes mains le nez difforme de l'un d'eux ; j'en envoie un autre à l'établissement orthopédique, pour que l'on fasse disparaître ses bosses; et que le public en ait soin : ils deviendront ce qu'ils pourront.

FIN DU SECOND ET DERNIER VOLUME.

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NOTES, ÉCLAIRCISSEMENS

ET

PIECES JUSTIFICATIVES.

NOTE 25.

y

Comme dans beaucoup d'autres choses, il y a dans cet ouvrage avant, pendant, et après. Avant la révolution, j'étais à Genève, il y a six mois, où j'avais composé presque en totalité le premier volume; pendant; ma foi, il avait autre chose à faire qu'à écrire ; je n'ai pas, il est vrai, tiré un seul coup de fusil; mais j'ai beaucoup vu, en ma qualité d'amateur, et je puis assurer que c'était fort intéressant. Quatre ou cinq chapitres exceptés, tout le second volume a été écrit à Paris, et une bonne partie même, après la sainte Semaine. Il y aurait pourtant dans tout ceci une comparaison plus exacte à faire, avec la mauvaise et la bonne manière des peintres et des sculpteurs: mon premier enfant serait, dans ce cas-là, le résultat de mes pas chancelans dans la carrière, et le second, le bijou de la famille. Je commence effectivement à voler de mes ailes, c'est-à-dire que j'écris en français sans soumettre mes faibles essais à la révision : à cinquante ans, ce n'est pas mal! Aussi mes lecteurs peuvent se rassurer : trois cents fautes d'orthographe exceptées, à-peu-près autant de barbarismes, un nombre égal d'italianismes, la même quantité de fausses locutions, item, trois cents fautes d'impression, tout cela de moins, dis-je, mes lec

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