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De cadavres fanglants je ne fuis pas jonché,
Et qui chez moi fe perd, eft d'abord enterré.
Si dans un tel portrait tu ne peux me connoître,
Je vais, mon cher Lecteur, te détailler mon être.
Je renferme un contract, le nom d'un élément,
Celui d'un faux prophête, un divertiffement.
Cette fille d'Haram, qui dût plus à fon père
Qu'au choix de fon époux le bonheur d'être

mère.

L'épice du Gafcon, un très petit tonneau,
Ce qui fert dans un port pour conduire un
vaiffeau.

Ce pays, qu'un époux d'une puiffante Reine
Céda par un traité pour un autre domaine.
Une vile monnoye; un aliment groffier,
Qui ne forme jamais les plats du Financier,
Et que chez le traitant, le Duc & la Marquife
Toujours avec grand foin le cuifinier déguise.
Cet écrit, que chacun dans un certain pays
Peut pour le bien public mettre fur le tapis,
Que rédige & confirme un corps très refpectable,
Et devient pour un peuple un décret immuable.

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La Solution de la dernière Enigme, eft

LE DICTIONAIRE,

GRAVURE.

§. 73. Le Soir & la Nuit; deux Estampes en pendant, d'environ 17 pouces de large fur 13 de haut, gravées d'après les Tableaux originaux de M. Vernet, par J. Aliamet, Graveur du Roi. A Paris, chez l'Auteur, rue des Mathurins, vis à vis celle des Ma çons. Prix 2 liv. 8 fois chacune.

Dans l'eftampe qui repréfente le Soir, on voit une compagnie de femmes, qui fe baignent: La feconde eftampe offre un effet piquant de clair de Lune. Le fite eft encore éclairé par le feu d'un bucher, auquel plufieurs hommes & une femme font bouillir une marmite. Le burin 'de M. Aliamet eft pur, agréable, & varié avec beaucoup d'intelligence. Ces deux nouvelles eftampes forment avec le Matin & le Midi, publiés précédemment, les quatre heures du jour. Cette fuite des premières épreuves fe vend 12 liv. chez l'Auteur.

9.74. Venus& Paris fur le Mont Ida; Eftampe d'environ 18 pouces de large fur is de haut, gravée d'après le Tableau de Dietricy, par Dupin fils. A Paris, chez Defclos, rue Poupée, même maison de M. Remi,

Peintre.

Diétricy peut être regardé comme le Prothé de la Peinture. Il a fu plier fon génie à toutes No. IX.

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fortes de fujets, & a compôfé dans le ftile de différens Maîtres, mais toujours avec beaucoup de franchise & de liberté. Le fujet que nous offre cette nouvelle Eftampe a droit de plaire, puifqu'il nous rappelle le genre agréable de l'Albane. Le fieur Dupin fils, qui l'a gravée, annonce un talent qui pourra fe perfectionner.

Le fieur Defclos diftribue chez lui une autre Eftampe, d'environ 10 pouces de large fur 7 de haut, du même Graveur, d'après le Tableau de M. Halé, Peintre de l'Accadémie. Elle repréfente une Savoyarde,. qui tient un enfant en maillot fur les genoux. Un petit Savoyard, qui eft à côté de lui, cherche à l'amufer avec fa vieille. Cette fcène eft rendue avec beaucoup de naïveté.

SPECTACLES.

COMEDIE FRANÇOISE.

§. 75. Les Comédiens François ordinaires du Roi à Paris ont annoncé la première représentation de la reprise de la Tragédie des Scythes de M. de Voltaire. Cette Tragédie offre le fpectacle intéreffant de l'orgueuil des Perfans & de la fimplicité des Scythes exprimés en vers, dont le fentiment & le coloris répondent parfaitement au caractère des différens perfonnages. Les Scythes ont eu dans la nouveauté un fuccès qui n'a été interrompu que par la clo

ture

ture du fpectacle; ils auront fans doute, à la réprife, la réuffite attachée aux ouvrages dont M. de Voltaire a enrichi la fcène. Quelques changemens, des roles mieux fentis, & joués avec plus d'intelligence, doivent donner un nouvel éclat, à cette pièce qu'il faut mettre au nombre des chefs d'oeuvres dramatiques..

On trouve les Scythes, nouvelle Edition corrigée & augmentée fur celles faites à Genève, à Paris & à Lyon, chez Lacombe, Libraire, rue Chriftine.

COMEDIE ITALIENNE.

§. 76. Le Mardi 9 de ce mois, on a donnéfur le Théâtre Italien à Paris, un canevas en cinq actes, intitulé les Arbres enchantės.

Le Capitaine Célio ordonne à fon valet Ar lequin, d'aller faire du bois dans la forêt; auflitôt que celui-ci lève fa coignée pour frap per le premier arbre qui fe trouve fous fa main, une voix fe fait entendre, & lui dit de couper une branche à laquelle le charme eft attaché; Arlequin exécute cet ordre, l'arbre fe change en une fontaine, & il en fort un enchanteur que le grand Zoroastre y avoit enfermé, & qui par reconnoiffance pour Arlequin lui donne fa baguette & fon pouvoir. Arlequin éprouve une grande foif, mais l'enchanteur qui connoît le danger qu'Arlequin courroit à la fatisfaire, change la fontaine en

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un fourneau ardent, au milieu duquel Arle-, quin voit bouillir une marmitte qui contient des macarons; à cette vue la faim le presse, mais auffitôt qu'il s'approche de la chaudière, elle fe change en un affreux géant. Le premier ufage qu'Arlequin fait de fa baguette, eft comme de raifon, pour faire venir fa maîtreffe Argentine; elle paroît; mais tandis qu'ils s'entretiennent enfemble, le pourvoyeur de la maison, qui en eft auffi amoureux, la furprend & la menace d'aller en informer Angélique; Arlequin, qui connoît le pouvoir de fa baguette, fe moque de lui, & transforme le panier de gibier qu'il conduifoit, en un énorme dragon qui s'envole.

• Tandis que Célio s'oublie aux pieds de fa maîtreffe, la bataille fe donne, & il apprend la nouvelle de la défaite des ennemis; le fentiment de l'honneur le réduit au défefpoir d'avoir manqué à fon devoir; mais Arlequin d'un coup de baguette fe tranfporte avec lui au inilieu du camp, où il prétend que fon maître étoit à fon pofte, & a fait des prodiges de valeur; Célio ne veut point augmenter fa honte par cette impofture; il s'avoue coupable, & eft traduit devant le Tribunal comme fuyard, & comme râviffeur de la fille du Do&teur qui eft difparue; mais Arlequin le tire encore de ce péril, il change fe Tribunal en moulin à vent, & les quatre Juges courent

Les

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