Avquez-moi qu'au printems de votre âge Tous vos defirs tendent au mariage.
Autre chofe eft de la part des garçons;
Et quand l'un d'eux vous dit tout le contraire, dit trop vrai contre vos intérèts.
Hélas! ce fiècle est tout célibataire ; Mille raifons que je vous déduirois
Vous ennuyeroient, quand je cherche à vous plaire. Pour obvier à cette humeur legere,
Qui tous les jours croît & fraude vos droits Vous demandez ce qu'il convient de faire. (Jeunes Beautés, je vous tiens cette fois.) Vous le faurez mais, pour ma récompenfe J'ôfe efpérer... quoi! ce regard fi doux Dont quelquefois j'éprouvai l'influence; Lorfque j'aimois... un objet!... Taifons nous, Ce fouvenir me fâche contre vous.
Ah! loin de moi ces charmes que j'adore, Dont je redoute & chéris les effets. Amour, amour, s'il faut que j'aime encore, Viens effacer d'abord tes premiers traits! Sèxe charmant, m'en ferez-vous un crime! Plus qu'à vos goûts je crois à votre cftime. Elle eft plus jufte. Un fage me l'a dit. Eftimez-moi je pourfuis mon récit.
Dans chaque ville il eft un perfonnage, Qui, de vos noms, vos.traits particuliers, De vos humeurs & vos goûts finguliers, Pour votre bien & pour un bon ufage, Ainfi que moi, tient un regiftre exact. Moi qui vous parle, avec mon Almanach J'ai joint un blanc où j'ai grand foin d'infcrire Vos noms divers; tels que qui veut les lire, Voit d'un coup d'œeuil tout ce qu'il doit penfer, Tout ce qui peut en vous l'intéreffer. Vous admirez comment on peut vous peindre Par le nom feul; vous qu'on ne connoit point, Quand on vous voit, tant que
Deux mots pourront vous éclaircir ce point.
Je veux tracer le nom d'une coquette; Un crayon fin qui s'efface aifément, De trois couleurs bigarré plaisamment, Peint fon humeur aux caprices fujette. Je veux parler d'une prude jalouse, Qui volontiers hait quiconque l'épouse, Et dans l'ennui féche éternellement. Son nom paroît de couleur de fafran. Chryfotelis, moins belle qu'opulente, Plus que fon cœur veut placer fon tréfor! J'écris fon nom en caractères d'or.
Le fage voit l'enfeigne impertinente, Tourne la tête, & ne s'arrête pas; Mais le faquin marchande fes appas. Pour celle-là qu'on rencontre à toute heure, Distribuant un funefte poison,"
Cette méchante, elle eft peinte en charbon; Le nom s'efface, & la tache demeure. Si, choififfant un plus joli crayon,
A cette Eglé, qui croît dans la retraite, Mon cœur content présage un beau deftin; Je la défigne avec la violette.
Ce bel enfant promet dans fon matin." Je prends pour lui le verd de l'efpérance; Ainfi chacune a fes traits, fa nuance.
Lorfque je viens à cet objet si rare, Pour qui l'efprit avec les fens s'égare,. Et qui voit tour suivre fon tourbillon, Quand fa beauté paroît fur l'horison, Dont le nom feul fait chercher la prefence, Semblable aux fleurs que leur parfum devance; Le plus riant, le plus tendre crayon
Eft employé pour tracer fon beau nom. C'est le feu doux, le feu doux de la rofe,
Qui nous fourit, & qui nous en impôse. Sur la tablette, où vos noms sont infcrits, Honorez-vous d'un heureux coloris, Jeunes Beautés; favorable ou funefte, Des premiers ans toujours la couleur refte.
Craignez furtout qu'on n'ait quelque raifon Si l'on oublie à marquer votre nom.
Je vous l'ai dit: dans ce fiècle bizarre L'art d'affûrer une inclination
Eft difficile; & la nature avare, Pour mille fleurs n'offre qu'un papillon.
$54. LOGOGRYPHE. Par M. L. M. d. Y Qui ne connut jamais le fort & fon caprice, Peut voir dans mon deftin quelle eft fon injuftice.. Fait pour l'amufement, je donne du plaifir, Et qui fe fert de moi, me fait toujours fouffrir, Les corps les plus légers forment mon éxistence, Et l'art induftrieux me donna la naiffance. Mais tandis qu'aux mortels je fers d'amufement, Leur main me fait fubir le plus vil chatiment. Pendant ce long martyre il n'eft que ma viteffe Que je puiffe oppofer aux coups que l'on m'addreffes Je fais auffi toujours me tourner à propos, Et pour fauver mon corps, n'expôfer que mon dosa Au refte, cher Lecteur,veux-tu mieux me connoître? Tu le pourras bientôt, décompôfe mon être.. Dans moi tu trouveras un remède, un poiffon Ce qui fert à monder les fruits de la moiffon, Deux évêchés en France, un ton de la mufique, L'ennemi des cheveux, qui dans l'é les pique. Ce celèbre mortel, que fa rare vertu
Préservât des malheurs d'un peuple corrompu. Ce crime honteux & bas, qui nait de l'indigènce, Fait vivre dans la peur, & mène à la potence. Cet attribut qu'entre les animaux Le créateur n'accordât qu'aux oifeaux, Une partie de la chauffure;
Ce qui diftingue un grand de la roture}
Cet efpace de tems douze fois divisé; C'en eft affez, Lecteur, je te le donne aife.
$.55. Combat des deux Sèxes; Eftampe allégorique. A Paris, chez Maillard, rue St. Jacques, aux armes de Bourgogne, prês la rue des Mathurins; prix 3 liv.
Une explication, qui eft au bas de l'eftampe, nomme les chefs, & donne le détail de ce combat allégorique, où les deux Sèxes se difputent la fupériorité du mérite.
Gravure dans la manière du Paftel.
§. 56. Le fieur Bonnet, dont nous avons annoncé plufieurs fois le nouveau genre de Gravure dans la manière du crayon & dans celle du Pastel, vient de faire paroître dans ce dernier genre le Portrait en médaillon de Mad. la Comteffe du Barry. Il eft bien jufte, que les Arts s'empreffent de nous retracer les traits chéris de leur protectrice. Les Amateurs applaudiront d'autant plus à cette nouvelle production du fieur Bonnet, qu'elle annonce un Artifte qui fait vaincre les difficultés, & le nouveau Portrait qu'il publie en préfentoit beaucoup, parce qu'il eft éxécuté en petit & d'un travail très fini. Il se diftribue à Paris, chez l'Auteur, rue Galande, place Maubert, vis à vis la rue du Fouare; prix 3 liv.
§. 57. L'orage impétueux; Eftampe d'environ 17 pouces de large far 13 N°. VII.
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