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indifférence à la multitude pour en faire son jouet, et bientôt sa victime 1.

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Ce drame profond dans sa simplicité, comme tout ce que renferme l'Evangile, peint mieux que de longs discours, cette défaillance morale, cette espèce de mort intellectuelle, où tombent les hommes et les peuples, lorsque, cessant d'être trompés par les illusions de l'erreur, ils refusent obstinément de céder à la conviction de la vérité. « Telle est, s'écrioit il >> peu d'années un orateur éloquent, » telle est aujourd'hui la grande plaie de » l'Eglise, où, pour nous servir d'une >> expression des livres saints, sa plaie » désespérée, desperata est plaga ejus'. >> Car, que pouvons-nous opposer à cet » état de choses? Il est possible de résister >> à la violence et à la force ouverte; mais qu'opposer à ces armes invisibles » qui échappent à toute espèce de lutte,

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» l'insouciance et le dédain, et comment » chasser l'impiété de ce dernier poste,

» où, fatiguée de combats, elle a fini par >> se retrancher? Nous connoissons bien » le remède aux maladies du corps; mais » le remède à cette maladie épidémique » des esprits, qui le trouvera? On peut >> savoir comment guérir un malade qui » désire sa guérison; mais celui qui ne >> veut pas guérir, et ne sait pas même » s'il est malade; mais celui qui, aux » portes de la mort même, a toute la >> confiance et la sécurité de la santé, » par où le prendre, et qui le sauvera? >> Nous savons comment on peut réfuter une erreur ou défendre un dogme; mais » quelle réfutation reste-t-il donc à faire, ou quelle instruction reste-t-il à donner

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quand le doute prend la place de tout, » et que le premier dogme est le mépris » de tous les dogmes? Nous connoissons » le frein que l'on peut mettre au fana» tisme religieux, puisqu'on le trouve » dans la Religion même; mais comment

» vérité

» arrêter le fanatisme philosophique ? » Où sera donc son contre- poids? et » comment faire entendre raison à des >> hommes qui n'ont pour règle de toute que leur propre raison, et qui, » comme ces Pharisiens follement pré» somptueux, dont il est parlé dans saint Jean, nous disent froidement et dogmatiquement: Nous sommes sages, » parce que nous sommes sages, et nous » voyons, parce que nous voyons: Quia » videmus '. Enfin nous pouvons arrêter >> un torrent dans sa course impétueuse; >> mais ces eaux bourbeuses et stagnantes >> d'une corruption raisonnée qui se complaît dans son repos, et ne laisse de

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l'énergie que pour l'intrigue et la cupi» dité, qui les remuera ? et quel autre » que Dieu, par un miracle singulier de »sa miséricorde, peut nous tirer de cette >> torpeur indéfinissable qui déconcerte » à la fois, et les observations des sages

* Joan. IX, 41.

» et la sollicitude des pasteurs, et de ce » marasme moral contre lequel ne peu» vent rien, ni la force de la raison, ni » la force du zèle, ni la force des lois, » ni la force des armes '

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n.

Seroit-il donc vrai que notre état fût sans remède, et notre plaie entièrement desespérée? N'avons-nous plus rien à attendre qu'une complète dissolution? Hélas! elle s'avance tous les jours; tous les jours la gangrène gagne et dévore en secret quelque nouvelle partie de ce corps qui ne se sent plus lui-même, cadavre déjà infect, déjà pourri, qui répand au loin des miasmes pestilentiels et des exhalaisons de mort. Qui osera se flatter d'y ranimer la vie? quelle voix puissante lui dira: Lève-toi et marche, lorsque la voix des calamités débordées sur nous, la voix tonnante des vengeances divines, l'ont laissé immobile et froid? stupeur incom

Lettre pastorale de Mgr. l'Évêque de Troyes, à l'occasion de son entrée dans son diocèse, p. 11.

préhensible des hommes de notre temps! Plus ils sont frappés, plus ils s'endurcissent; plus la vérité fait d'efforts pour les ramener à elle, plus ils sont indifférens à la vérité. Qu'ils meurent donc puisqu'ils veulent mourir; mais que du moins en mourant, leur abject orgueil humilié aperçoive, sans pouvoir s'abuser davantage, son inconséquence et sa déraison, et qu'en descendant avec ignominie dans la tombe creusée par leur fausse sagesse, voyant enfin, quoique trop tard, cette sagesse telle qu'elle est, ils rougissent de la laideur et de la turpitude de l'idole à laquelle ils sacrifièrent tout, vérité, vertu, et la vie même.

J'aurai, ce me semble, atteint ce but, si je démontre que l'indifférence, en matière de Religion, qu'on préconise comme le dernier effort de la raison perfectionnée, et le plus précieux bienfait de la philosophie, est aussi absurde dans ses principes que funeste dans ses effets. Or, j'espère environner de tant d'évidence ces deux propositions, que ceux même qui

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