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soutient encore aujourd'hui l'enseignement de nos colléges 1. A cet exemple il importe de fixer le programme de l'école élémentaire, celui de l'école primaire supérieure, celui de l'école normale primaire, et d'établir pour chacune de ces écoles un plan d'études partout le même; car l'instruction primaire peut être et doit être une, d'un bout de la France à l'autre, et cette unité ne sera pas son moindre bienfait par la force nouvelle qu'elle prêtera à l'unité nationale. A ce modèle uniforme fixé par l'autorité supérieure pour chacune des trois grandes classes d'écoles que je viens de désigner, les autorités pourront ajouter des cours accessoires, divers selon les lieux, mais toujours sous la condition qu'ils ne nuisent point à l'unité de l'enseignement obligé. Cette unité si précieuse réclame donc des programmes d'études fortement conçus, à l'instar de ceux des lycées de l'empire; elle demande surtout un certain nombre d'ouvrages spéciaux sur chacun des objets. de l'instruction primaire déterminés par le titre I de la loi, ouvrages qui devraient être faits

1 Règlement pour l'enseignement dans les lycées, du 19 novembre 1809. Arrêté qui se rapporte au règlement précédent sur les livres classiques à l'usage des lycées, du 17 septembre 1811. Application de ce statut et de cet arrêté aux colléges communaux, août 1812. Statut sur les agrégés, 24 août 1810. Statut sur les facultés des sciences et des lettres, du 16 février 1810. Statut sur l'école normale, 30 mars 1810,

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par des maîtres habiles, dans un but pratique, et sans cesse perfectionnés, de manière à devenir au bout de quelque temps les livres classiques de l'instruction primaire. Dignes alors de l'adoption du gouvernement, qu'ils soient répandus sous ses auspices dans toutes les écoles publiques ; ils développeront dans la mesure convenable les programmes d'études, aideront puissamment les maîtres et les élèves, et imprimeront à l'instruction primaire un mouvement unique, rapide et facile. Mais ce qui n'importe pas moins peut-être, c'est de faire de l'instruction primaire une carrière hiérarchique comme l'instruction secondaire; car il y bien de la distance entre les deux points extrêmes de cette carrière, entre l'élève d'une petite école normale primaire, qui sort de là pour devenir l'aide d'un pauvre maître d'école de village, et le directeur d'une grande école normale à pensionnat, dont le traitement et la position sont souvent fort élevés. Entre ces deux extrémités, il y a bien des points intermédiaires qu'il serait aisé de convertir en autant de degrés réguliers d'avancement, que le mérite laborieux et la bonne conduite s'appliqueraient à franchir successivement. En un mot, Messieurs, la loi que nous vous proposons d'adopter avec quelques amendements est, nous ne craignons pas de le dire, une bonne loi. Qu'elle soit exécutée avec sagesse, fermeté, persé

vérance, et, dans un certain nombre d'années, le gouvernement de juillet, qui a reçu l'instruction primaire dans un état si déplorable, pourra la montrer avec un juste sentiment de fierté à ses amis et à ses ennemis.

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AU MINISTÈRE

DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.

Le ministère du 1er mars s'est retirésur la question d'Orient. La conduite qu'il voulait suivre en cette circonstance difficile peut être diversement jugée; mais, si nous n'en sommes pas arrivés aux plus mauvais jours du bas-empire, qui pourra le blâmer d'avoir relevé la marine et l'armée, d'avoir porté l'une et l'autre au grand pied de paix qui convient à un pays placé dans notre situation géographique et politique, et, à défaut du rempart de l'Océan, d'avoir mis du moins sur le cœur de la France la cuirasse impénétrable des fortifications de Paris?

Oui, j'ai concouru, et de grand cœur, à ces mesures, et, quoi qu'il arrive, je m'honorerai toujours d'y voir mon nom attaché pour sa faible part. Mais dans le cabinet du 1er mars j'avais encore un rôle spécial où ma responsabilité personnelle est surtout engagée : ce sont surtout mes actes comme ministre de l'instruction publique et grand-maître de l'Université qui m'appartiennent.

Dans la retraite, où pour longtemps je suis renfermé, et dans les loisirs qu'elle me fait, j'ai voulu recueillir ces actes et les présenter dans leur ensemble au jugement de tous ceux qui, en France et en Europe, s'intéressent à la grande affaire de l'éducation publique.

Je suis arrivé au ministère après une longue étude des matières d'éducation, avec des desseins bien connus et exposés dans mes deux ouvrages sur l'instruction publique en Allemagne et en Hollande. Voici ce que je disais dans l'avant-propos de la troisième édition de mon Rapport sur l'instruction publique en Allemagne 1, édition qui paraissait en même temps que j'entrais dans les conseils de la couronne : «< Puisqu'en ce moment <«< la confiance du Roi m'appelle à la tête du mi<< nistère de l'instruction publique, je n'ai point à imaginer des théories nouvelles, je n'ai qu'à pratiquer celles que j'ai moi-même proposées et << dans cet écrit et dans mon ouvrage sur la Hol« lande, qui sert de complément à celui-ci. « L'Université de France, telle qu'elle est sortie «< de l'esprit de son fondateur, forme un système

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De l'Instruction publique dans quelques pays de l'Allemagne et parliculièrement en Prusse. Troisième édition, 2 vol. in-8°. Chez PitoisLevrault; 1840.

2 De l'Instruction publique en Hollande, 1 vol. in-8°. Chez PitoisLevrault. Paris, 1837.

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