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ront des écoles privées, où toutes les méthodes, tous les systèmes que peut avouer la raison publique, seront librement essayés. L'Université applaudit d'avance à tous les efforts qui viendront s'unir aux siens pour accroître et propager les lumières. Placée au-dessus des caprices de la mode, marchant sans bruit, comme le monde, suivant la parole de son glorieux fondateur, l'Université est sûre de sa force et pleine de foi dans son avenir, qui est celui de la patrie elle-même.

Jeunes élèves, vous allez paraître à votre tour sur la scène du monde; vous y remplacerez les générations de la révolution et de l'empire, qui ont fait ou qui ont vu de si grandes choses. Plus heureux que vos pères, mais grâce à leur constance, il vous a été donné de voir la France libre et prospère à l'ombre de cette admirable forme de gouvernement, où les principes divers de tous les gouvernements généreux, toutes les forces, tous les intérêts, tous les voeux du pays se prêtent, à leur insu même, un mutuel appui, et conspirent à la puissance commune; cette monarchie constitutionnelle, rêvée jadis par quelques beaux génies, invoquée par les sages, annoncée par Montesquieu, conquise enfin par tant de souffrances et de glorieux travaux, et dernier terme de nos longues vicisitudes! Aimez donc le siècle, aimez le pays qui vous font ces avantages! Aimez ce roi, cette

dynastie dont les destinées sont confondues avec les vôtres! Aimez cette France, dont la fortune est aujourd'hui celle de la liberté et de la paix du monde! Mais dans votre dévouement à cette noble patrie, retenez bien l'enseignement de cette journée : n'oubliez jamais que c'est la forte discipline de l'àme, l'énergie persévérante qui font les grands caractères et perpétuent les grandes nations.

PRONONCÉ

AUX FUNÉRAILLES DE M. CHARLES LOYSON,

MAÎTRE DE CONFERENCES A L'ÉCOLE NORMALE.

Le 29 juin 1819.

Ne craignez pas, messieurs, que je vienne troubler votre douleur par une vaine formalité. Je ne veux dire qu'un dernier adieu à celui que nous avons tant aimé et que nous pleurerons toujours. Mon cher Loyson, nos cœurs sont devant ton cercueil dans la disposition où toi-même aurais voulu qu'ils fussent. Nous y apportons une douleur que le temps ne pourra ni effacer ni distraire, mais que la raison et la foi éclairent. Oui, l'intervalle qui semble nous séparer n'a point de réalité pour ton âme et pour la nôtre. Le coup qui t'enlève frappe tes amis plus que toi-même. Tout ce qu'il y avait de meilleur en toi, tout ce que nous avons aimé et honoré, est et sera toujours. Les révolutions du temps et de l'espace, les troubles de la nature, ce phénomène d'un jour qu'on appelle la vie, a cessé pour toi; mais l'immortelle existence t'a recueilli dans son sein: reposes-y en paix,

pauvre jeune homme; ta journée a été dure, que ton sommeil soit doux!

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Il est vrai, tu n'as paru qu'un instant sur la terre, mais pendant cet instant si court et si bien rempli, tu as cru à la sainteté de l'âme, à celle du devoir, à tout ce qui est beau, à tout ce qui est bien, et tu n'as cessé de nourrir dans ton cœur les seules espérances qui ne trompent point. Ta vie a été pure, ta mort chrétienne. J'ai besoin de me souvenir que c'est là l'unique éloge que ta pieuse modestie voulut recevoir. Mon silence est la dérnière preuve de mon dévouement. O le meilleur des fils et des frères, le plus sûr des amis, noble prit, âme tendre, jeune sage, combien ne faut-il que ton ombre m'impose, pour arrêter ainsi le cri de mon cœur et de mes plus chers sentiments!

pas

Encore un mot, mon cher Loyson. J'ai la confiance que tu as été jusqu'à la fin fidèle à l'amitié, et qu'à tes derniers instants, où nos consolations te manquèrent, tu n'as pas cessé de croire que tu avais été et seras toujours présent à ceux qui te connaissaient, et particulièrement à celui auquel tu aurais du survivre, et que tu n'attendras pas

longtemps.

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PRONONCÉ

AUX FUNÉRAILLES DE M. LARAUZA,

ANCIEN MAÎTRE DE CONFÉRENCES A L'ÉCOLE NORMALE,

Le 30 septembre 1825.

que

la mort frappe

Ce n'est pas la première fois un élève de l'Ecole normale, mais on peut dire que jamais elle ne choisit dans ses rangs une victime plus pure et plus irréprochable. Plus tard un autre que moi, surmontant sa douleur, nous entretiendra dignement de celui qu'il a plus particulièrement connu et aimé. Invité à le suppléer en cette triste circonstance, je ne veux qu'acquitter ici en peu de mots la dette commune envers le bon et parfait camarade que nous allons quitter pour toujours.

Plusieurs d'entre nous se rappellent encore les brillants succès du jeune Larauza au lycée Napoléon, et vous savez tous quelle estime et quelle affection ses talents et son caractère lui concilièrent à l'Ecole normale. Déjà M. Larauza était chrétien rigide envers lui-même, doux et facile

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