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a fait du bien. Henri IV, que nous béniffons, a commencé. Louis XIII par fon grand ministre a bien mérité quelquefois de la France. Louis XIV a fait par lui-même de très-grandes chofes. Ce que Louis XV a établi, ce qu'il a détruit, exige notre reconnaissance. Nous attendrions une félicité entière de fon fucceffeur, fi elle était au pouvoir des hommes.

(Comme l'orateur, bien moins orateur que citoyen, prononçait ces paroles, arriva la nouvelle, que les trois princeffes filles du feu roi étaient attaquées de la petite vérole. Alors il continua ainsi :)

Meffieurs, à nos douloureux regrets fuccèdent les plus cruelles alarmes; nous pleurions & nous tremblons; la France doit être en larmes & en prières: mais que peuvent les vœux des faibles mortels! On a invoqué en peu de temps la patrone de Paris pour les jours du dernier dauphin, pour fon épouse, pour fa sa mère ; enfin pour le feu roi. DIEU n'a point changé fes décrets éternels. Puiffe fa Providence ineffable avoir ordonné que l'art vienne heureusement combattre les maux dont la nature accable fans ceffe le genre-humain ! que l'inoculation nous affure la confervation de notre nouveau roi, de nos princes & de nos princeffes. Que les exemples de tant de fouverains les encouragent à fauver leur vie par une épreuve qui eft immanquable quand elle est faite fur un corps bien difpofé. Il ne s'agit plus ici d'achever l'éloge du feu roi, il s'agit que fon fucceffeur vive. L'inoculation nous paraiffait téméraire avant les exemples courageux qu'ont donnés M. le duc d'Orléans, le duc de Parme, les rois de Suède, de

Danemarck, l'impératrice - reine, l'impératrice de Ruffie. Maintenant il ferait téméraire de ne la pas employer. C'est notre malheur que les vérités & les découvertes en tout genre effuient long-temps parmi nous des contradictions; mais quand un intérêt fi cher parle, les contradictions doivent fe taire.

VIE

DE MOLIERE,

Avec de petits fommaires de fes pièces.

AVERTISSEMENT.

СЕТ

ET ouvrage était destiné à être imprimé à la tête du Molière in-4°, édition de Paris. On pria un homme très-connu de faire cette vie & ces courtes analyses destinées à être placées au-devant de chaque pièce. M. Rouillé, chargé alors du département de la librairie, donna la préférence à un nommé la Serre : c'eft de quoi on a plus d'un exemple. L'ouvrage de l'infortuné rival de la Serre fut imprimé très-mal à propos, puisqu'il ne convenait qu'à l'édition du Molière. On nous a dit que quelques curieux défiraient une nouvelle édition de cette bagatelle : nous la donnons malgré la répugnance de l'auteur écrasé par la Serre.

VIE

DE MOLIER E.

LE goût de bien des lecteurs pour les choses

frivoles, & l'envie de faire un volume de ce qui ne devrait remplir que peu de pages, font caufe que l'hiftoire des hommes célébres eft prefque toujours gâtée par des détails inutiles, & des contes populaires auffi faux qu'infipides. On y ajoute fouvent des critiques injuftes de leurs ouvrages. C'est ce qui eft arrivé dans l'édition de Racine faite à Paris en 1728. On tâchera d'éviter cet écueil dans cette courte hiftoire de la vie de Molière; on ne dira de sa propre perfonne que ce qu'on a cru vrai & digne d'être rapporté, & on ne hafardera fur fes ouvrages rien qui foit contraire aux fentimens du public éclairé.

Jean-Baptifle Poquelin naquit à Paris en 1620 dans une maison qui fubfifte encore fous les piliers des halles. Son père Jean-Baptifte Poquelin, valet de chambre & tapiffier chez le roi, marchand fripier, & Anne Boutet sa mère, lui donnèrent une éducation trop conforme à leur état, auquel ils le deftinaient : il refta jufqu'à quatorze ans dans leur boutique, n'ayant rien appris, outre fon métier, qu'un peu à lire & à écrire. Ses parens obtinrent pour lui la furvivance de leur charge chez le roi; mais fon génie l'appelait ailleurs. On a remarqué que prefque tous

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