Volontiers, j'y confens. L'on m'appelle Babet. J'aurai bientôt vingt ans. JUSTINE. Ah quel âge charmant ! Quel pays eft le vôtre ? В А В Е Т. Paris: & vous & moi n'en connoiffons point d'au tre. Par un heureux déftin je viens fervir icy. JUSTINE. Connoiffez-vous le train de cette mailon-cy? BABET. Je fçai qu'il a du moins vingt milécus de rente,' Qu'il eft homme de rebe. JUSTINE. Et fur ce fondement Peut être penfez-vous qu'il vit obfcurément ? Et que de fes pareils l'auftere ceconomie, Exerce inceffamment toute fa prud'hommie, Qu'il excelle dans l'art de vivre à peu de frais, Qu'avec le jour naiffant il s'enferme au Palais, Qu'à ce trifte devoir fon ame eft affervie, Et qu'à l'amour du bien, il immole sa vie? Point du tout. C'eft un homme amoureux du plaifir, Ennemi du travail, toûjours plein de lo fir Méprifant fes égaux, & depuis fon enfance, Nourri dans le repos, dans la magnificence, Cherchant les Courtifans & les gens du bel air, Imitant leur exemple, & les traitant de pair. 11 chaffe, il court le Cerf, eft homme de campagne, Aime le jeu, la table & le vin de Champagne; Decide & parle haut parmy les beaux efprits, On ne le peut pas moins. Pour fa femme Celie, à qui je rends mes foins....` Eh bien? BABET. JUSTIN E. Ses ennemis difent qu'elle eft coquette, Que toûjours les regards tentent quelque défaite. Cependant ils ont tort: Mais elle ne hait pas La louange & l'encens qu'on donne à fes appas; Elle s'en applaudit dans le fond de fon ame; Elle a de la vertu, mais elle eft belle & femme Elle aime à plaifanter, à fourire en paffant, Elle a l'accueil flateur, le coup d'œil careflant Et croit, lorfque le cœur eft en effet fidele, Qu'un fouris, qu'un regard n'eft qu'une bagatelle. BABET. Une femme ainfi faite eft un terrible écueil. Ah que fouvent Celie a confondu l'orgueil BABET. J'en fuis perfuadée: Et la fœur de Dorante JUSTINE. Elle a de la douceur Des appas. BABET. Beaucoup de gens m'ont parlé de Clitandi. Qu'est-ce qu'on vous a dit? BA BET. Qu'il frequentoit ceans, Et que Julie & luy s'aiment depuis deux ans. JUSTIN E. Mes yeux n'ont point encor découvert ce miftere BABET. Ne vous deffendez pas, & foyez plus fincere, Pretendez-vous cacher leur amour ma foy Dès ce jour l'un & l'autre auront besoin de moy. JUSTIN E. Ah vous n'en êtes pas à vôtre apprentissage !. BABE T. J'efpere par vos foins d'en fçavoir davantage. Vous n'en fçavez que trop: mais croyez neanmoins BA B.E T. J'entens. Eloquemment vôtre éloge s'explique. JUSTINE. Erafte fon amy, qui fuit toûjours les pas, Mais voicy le grand point. Yous tévez 2. BABE T. JUSTIN E. Non. J'écoute. Si Dorante jamais va vous interroger; A veiller fur les pas de fa feeur, de fa femme, BABET. Vaine precaution! Pardonnez fi j'ai fait un difcours inutile ; ÷E 3+ *E 3+ ÷ 34 *Z*3*3* SCENE IL JUSTINE feule. Uelle rufée ! ô fiecle! ô temps:☎ mœurs ! Tremblez hommes, tremblez, j'aprouve vos terreurs; La femme la plus fimple a l'art de vous furprendre, A j |