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L'ordre des lettres diffère de celui de Pamelius; cette édition à tout prendre est fort bonne. Elle fut republiée à Paris, 1700, à Brême, 1690; à Amsterdam, 1699. Enfin, Etienne. Baluze fit un nouveau travail sur ce Père, afin de corriger les défauts des précédentes éditions. Il commença sa publication en 1710, l'interrompit quelque temps après, et fat surpris par la mort en 1717, dans un moment où l'impression de l'ouvrage était déjà fort avancée. Dom Maran se chargea de l'achever. Il collationna le texte avec trente manuscrits différens, et l'éclaircit par des notes critiques; l'ordre des écrits fut changé, et en tête de l'ouvrage dom Maran plaça une savante dissertation. Cette édition parut à Paris, 1726, 1733; à Venise, 1728, 1758; à Wurtzbourg, 1782. Quelques dissertations ont aussi été publiées séparément, comme, par exemple: de Idolorum vanitate, Langensalza, 1760; les lettres aux papes, par Constant, Rome, 1710; Paris, 1721.

NOVATIEN.

Ce nom, qui ne rappelle aucun souvenir agréable, a été déjà souvent prononcé par nous. Novatien, qu'il ne faut pas confondre avec Novatus, son contemporain, prêtre schismatique de Carthage, comme le font souvent les auteurs grecs, du moins quant au nom si ce n'est quant à la personne (1),

(1) Euseb., h. e., VI, 35; VII, 8. - Epiphan. Hæres. XXXVII. – Sozomen., h. e., II, 8. Theodoret. Hæret. fabul. HI, 5. — Phot. cod. 128, 280.- Cf. Cyprian. epist. 49. Hieron. catal., c. 70, etc. Lardner, the Credibility of the Gospel History. Vol. IX, P. II, p. 365.

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naquît, selon Philostorgius, en Phrygie (2); il avait reçu une éducation solide, et était versé dans la philosophie grecque. L'histoire de sa conversion n'a rien de très édifiant. Etant catéchumène à Rome, il fut tourmenté d'accès démoniaques, et pendant que les exorcistes le traitaient, il tomba si dangereusement malade que l'on désespéra de sa guérison, de sorte qu'on lui accorda sur son lit le baptême, par ondoitment. Il en revint pourtant, mais ne demanda ni les céré monies supplémentaires du baptême, ni la confirmation de l'évêque (3). Ces personnes que l'on appelait Clinici, étaient légalement exclues du sacerdoce. Toutefois, par égard sans doute pour les qualités qui distinguaient Novatien, son évêque, apparemment Fabien, résolut de lui conférer l'ordre, malgré l'opposition du clergé et du peuple. Il paraît que dans les premiers jours il répondit à l'attente du prélat et qu'il jouit d'une haute considération. Mais quand la persécution de Décius vint mettre en danger le salut temporel des prétres, il se retira, se renferma dans sa maison, et rien ne put l'engager à remplir son ministère auprès des confesseurs et des autres personnes qui le réclamaient. Il déclara même ouvertement qu'il se sentait mal à son aise dans sa position et qu'il voulait s'adresser à une autre philosophie. C'était sans doute le stoïcisme dont il parlait; du moins saint Cyprien l'accuse-t-il des erreurs de cette secte philosophique, à cause de ses opinions sur la pénitence (4). On vit combien peu Novatien était mu par l'esprit de l'Eglise, lorsqu'après une longue vacance, Corneille eut été élevé, l'an 251, sur le siége de Rome. Son ambition, qui ne tendait à rien moins qu'à cette dignité suprême, et qui se sentit, grièvement blessée, s'emporta en outrages contre Corneille; sa belle

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(2) Philostorg., h. e., VIII, 15. Vales. Annot. in Euseb., h. e., IV, 28, (3) Cornel. ep. ad Fab. Antioch, ap. Euseb., h. e., VI, 43. (4) Euseb, 1. Cyprian, ep. 52, p. 153.

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figure lui' procura quelques partisans, et encouragé par le prêtre Novatus, qui arrivait de Carthage, et par trois évêques qu'il avait gagnés, il se fit sacrer évêque de Rome (5). Des émissaires de son parti furent chargés de faire en sorte que tous les catholiques reconnussent sa prétendue élection. Il chercha à se donner du poids tant par des calomnies qu'il répandait contre Corneille, que par l'apparence d'une discipline plus sévère, qui lui faisait refuser pour toujours la communion à ceux qui étaient une fois tombés, ce qui lui procura en effet plusieurs partisans (6). Mais il fut non seulement excommunié dans un concile à Rome, mais encore en Afrique, comme nous le voyons par les lettres de saint Cyprien et de saint Denis d'Alexandrie, il fut repoussé avec horreur et abandonné de ses partisans (7). Sa considération baissa avec tant de promptitude, que pour ne pas se voir totalement isolé, il faisait jurer à ceux qui prenaient de sa main la sainte Eucharistie, qu'ils ne l'abandonneraient jamais et ne communieraient jamais avec Corneille (8). Le schisme fut bientôt étouffé par les efforts réunis des évêques; il se termina en 252; mais les mauvaises doctrines que Novatien avait répandues sur la pénitence et sur l'Eglise, continuèrent à germer en secret et amènèrent, à la grande douleur de l'Eglise, un nouveau schisme dangereux. Nous ignorons ce que Novatien devint après son exclusion de l'Eglise; ses partisans l'honorèrent comme un martyr, du moins Socrate le dit, mais lui seul. Les actes de son martyre qui furent publiés, étaient apocryphes (9).

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(6) Socrate, h. e., IV, 28, dit: Aliis quidem acerba et immitis videbatur hujus regulæ (circa pœnitentiam) promulgatio; alii vero hanc regulam ut justam et ad stabiliendam emendatioris vitæ disciplinam utilem susceperunt.

(7) Cypr. 1. c. Dionys. Alex. ap. Euseb.,

h. e.,

VI, 46. —(8) Euseb., h. e., VI, 43. — (9) Socrat., k. é., IV, 28. -Phot. cod. 280.

Ecrits.

Les plus anciens Pères eux-mêmes ne refusent à Novatien ni talent, ni instruction, ni éloquence, et ils vantent surtout ses profondes connaissances en philosophie (10). Ce qui nous reste de lui n'est pas fait pour porter atteinte à ce jugement favorable et ne nous laisse d'autre sentiment que le regret de ce que ces avantages de son esprit n'aient pas servi à donner à son cœur une plus noble direction. Tout ce qu'il écrit est profondément pensé, ses raisonnemens sont suivis avec le plus grand ordre, son style est léger et agréable. Saint Jérôme donne une liste assez nombreuse de ses ouvrages, mais dont la plus grande partie est perdue (11). Ce que le temps a respecté est encore très précieux.

1° Liber de Trinitate. Cet ouvrage considérable, qui a été quelquefois attribué à tort à Tertullien ou à saint Cyprien, est positivement rangé par saint Jérôme parmi les œuvres de Novatien (12). Il est tiré pour la plus grande partie de Tertullien et notamment de son ouvrage contre Praxeas et contre les deux classes d'antitrinitaires. On pourrait douter s'il a été composé avant ou après son schisme, s'il n'y était question de Sabellius (c. 12), qui ne parut 'qu'en 256, ce qui rend la dernière supposition beaucoup plus probable. Mais il est inutile pour cela d'en faire descendre, avec Baronius, la composition jusqu'à Paul de Samo

(10) Cypr. ep. 52, p. 156. Jactet se (Novatianus) licet, et philosophiam vel eloquentiam suam superbis vocibus prædicet: qui nec fraternam charitatem, nec ecclesiasticam unitatem tenuit, etiam quod prius fuerat, amisit. It. ep. 57. Pacian., ep. 2, ad Sympron. Hieron. ep. ad Damas.

(11) Hieron. cat., c. 70.

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(12) Hieron, cont. Rufin. II, 19.

Catal. I. c.

sate, puisque Artémon avait déjà soutenu la même erreur(13). Ce livre traite d'abord (c. 1-8) de Dieu et de ses perfections, par rapport à l'Ecriture sainte et en opposition aux erreurs des gnostiques. Puis (c. 9-28), l'auteur prouve que JésusChrist était vraiment Fils de Dieu et Fils de l'homme, et il s'étend notamment beaucoup sur le premier point, d'après les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. A. compter du chap. 18, il combat l'hérésie de Sabellius. Enfin, it dit quelques mots en passant (c. 29) du dogme du Saint-Esprit, après quoi il s'efforce de combiner celui de la Trinité divine avec l'unité de Dieu.

2o De Cibis judaicis Epistola. L'authenticité de cet écrit est incontestable, tant par le témoignage de saint Jérôme que par le contenu dans lequel l'auteur se réfère à deux autres écrits composés par lui, de Vera Circumcisione et de Vero Sabbato, que saint Jérôme énumère aussi parmi les ouvrages de Novatien (14). Mais ce qu'il est impossible de décider, c'est l'époque où il le composa, soit pendant sa retraite, sous la persécution de Décius, ou plus tard (15). Son but est de faire voir que la loi de Moïse sur les animaux purs et les animaux immondes, n'a pas prétendu établir une distinction absolue. Dans l'origine, l'homme ne se nourissait que de fruits; plus tard il y ajouta la chair des animaux, mais dont l'usage fut, dans la suite, restreint par cette distinction légale, et cela par deux raisons toutes morales: l'une pour engager l'homme à fuir les vices dont ces animaux étaient l'emblême, et l'autre pour lui enseigner à modérer ses désirs. Cette signification typique ayant été changée

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(13) Tillemont, Mémoir. T. III, art. 3, sur les Novat. Cave, Histor, lit. ad ann. 231. T. Ì. — Baron. Annal. ad ann. 272, § 15. (14) Hieron. cat. 1. c. Ep. 36, ad Damas.

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(15) Tillemont, Mémoir. I. c. Dupin, Biblioth. I, p. 282, sont de ce dernier avis.

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