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en réalité par Jésus-Christ, dans le Nouveau Testament, le Rédempteur remplaça l'ancienne loi concernant les alimens par celle qui ordonnait directement la modération et la tempérance. Il n'en excepte que la chair des animaux sacrifiés aux idoles. Cet écrit renferme beaucoup de choses utiles et instructives.

3o Epistola Cleri Romani (Cyprian. Edit. Oxon. ep. 30. Bal. 31). Cette belle et importante encyclique du clergé romain avait été rédigée par Novatien, ainsi que Cyprien nous l'apprend lui-même (ep. 52, p. 149), et signée par lui en 251. Il y soutient sur la pénitence des opinions bien différentes de celles qu'il défendit plus tard.

4o Indépendamment de ces écrits que nous possédons de lui, il écrivit encore des traités de Paschate, de Sabbato, de Circumcisione, de Sacerdote (veteris Testamenti ?), de Oratione, de Attalo, de Instantia (Sophronius rep TWY EVICTWTWY). Nous n'avons plus rien de tout cela, non plus que des nombreuses lettres qu'il écrivit à l'occasion de son schisme et dont il est question dans saint Cyprien et saint Jérôme. Le traité de Circumcisione, qui se trouve parmi les œuvres de saint Jérôme et que quelques personnes ont cru être celui de Novatien, n'est certainement pas de lui, puisqu'il y est question des ariens et des manichéens.

Dans son ouvrage sur la Trinité, Novatien s'exprime avec beaucoup de pénétration sur le difficile sujet qu'il traite; son exégèse, surtout quand il s'agit d'établir la double nature de Jésus-Christ, contre les deux partis d'unitaires, est admirablement conduite, et peut être offerte comme un modèle d'étude de l'Ecriture sur ce sujet. L'auteur possède en outre un talent distingué pour la dialectique; on remarque dans tout le cours de son traité une grande clarté de pensée et une logique sévèrement conséquente. Enfin, comme nous l'avons déjà observé, son style est même agréable et aussi coulant qu'on peut le désirer dans un sujet semblable. S'il y

a un reproche à lui faire, c'est d'avoir traité trop succinctement le dogme du Saint-Esprit.

Editions. La première édition du traité de Novatien sur la Trinité et de sa lettre sur les alimens juifs, fut publiée par Jean de Gaigny (Gagnæus), Paris 1545, et une seconde d'après un autre manuscrit par Gelenius, Bâle 1550, 1562; ces deux écrits parurent avec quelques corrections ou plutôt des conjectures, dans l'édition de Tertullien, par Pamelius, 1579, de la Barre, Paris 1580. La première édition séparée fut faite par Whiston, Londres 1709, et puis par Welchman, Oxford 1724; enfin, par John Jackson, Londres 1728, où se trouve aussi la lettre de Novatien à saint Cyprien ; cette édition est fort belle. La dernière et la meilleure est celle de Galland, t. IV; elle est mieux ordonnée, d'après celle de Pamelius, collationnée avec les éditions anglaises. C'est d'après elle que le texte a été imprimé dans l'édition de Wurzburg, 1782. Opp. PP. lat. Vol. IV.

VICTORINUS. COMMODIANUS.

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Victorinus, probablement d'origine grecque, était évè que de Pettau, dans la haute Styrie, et d'après ce que l'on peut conclure de la chronologie de saint Jérôme, il devait être à peu près contemporain de saint Anatole, se trouvant placé entre celui-ci et saint Pamphile, il vivait par conséquent vers la fin du troisième siècle (1). On croit générale

(1) Hieron. catal., c. 74. Victorinus, Petavionensis episcopus, non æque latine ut græce noverat. Unde opera ejus grandia sensibus, viliora videntur compositione verborum, etc.

ment, et le martyrologe romain le confirme, qu'il souffrit le martyre dans la persécution de Dioclétien, quoique l'on ne puisse en préciser l'année (2). Nous possédons peu de détails sur sa personne; Cassiodore nous apprend qu'il avait commencé par être rhéteur, ce qui du reste s'accorde difficilement avec le jugement qu'en porte saint Jérôme, qui l'appelle, à la vérité, une des colonnes de l'Eglise, et ne lui refuse ni l'instruction ni de profondes connaissances, mais qui se plaint de ce que son style manquait d'éloquence et de facilité (3). Quant à nous, il ne nous est pas possible de décider jusqu'à quel point ce reproche était fondé, puisqu'il ne nous reste que fort peu de chose des ouvrages de cet évêque.

Ecrits.

1o D'après ce que saint Jérôme nous apprend, Victorinus s'occupa beaucoup de l'exégèse biblique (4). Il composa des commentaires sur la Genèse, sur l'Exode, sur le Lévitique', sur Isaïe, Ezechiel, Habacuc, sur l'Ecclésiaste, sur le Cantique des Cantiques, sur saint Matthieu, sur l'Apocalypse. Il écrivit aussi contre toutes les hérésies; mais tous ces ouvrages sont perdus, à un petit nombre de fragmens près. Cave d'abord, et puis Walker, publièrent, d'après un ancien ma

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(2) Hieron. 1. c. Martyrolog. ad 2 Novemb. Tillemont. V. P. II, p. 215. (3) Cassiodor. Institut. divin. litter. Tom. II, c. 5, 7, 9.— Hieron. vid. supr. Ep. 49, ad Paulin. Inclyto Victorinus martyrio coronatus, quod intelligit, eloqui non potest. - Prolog. in Comment. in Isai. (Tom. IV, p. 5, edit. Venet.): Victorinus cum apostolo dicere poterat, etsi imperitus sermone, non tamen scientia. Item, ep. 83, ad Magn., c. 5. (ibid., p. 427.) — Optat. Milevit. de Schismate Donat., I, c. 9.

(4) Hieron. catal. 1. c.

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nuscrit, un fragment du commentaire sur la Genèse, sous ce titre Tractatus de fabrica mundi, qui offre tous les signes intrinsèques et extrinsèques d'authenticité (5). Case siodore remarque que Victorinus avait expliqué quelques passages particulièrement obscurs de l'Apocalypse (6). Des scholies sur ce livre sont en effet parvenues jusqu'à nous; ils furent publiés à Bologne, en 1558, par Basile Millanius, bénédictin de l'abbaye du mont Cassin. Le style, la méthode d'explication et les traces du système millénaire auquel, d'après saint Jérôme, Victorin était attaché (7), doit nous faire penser qu'il en a été l'auteur.

2° Il n'est pas aussi facile de garantir que le commentaire sur l'Apocalypse, publié sous le nom de Victorinus dans les collections des Pères, soit réellement de lui. Les avis des critiques sont partagés à cet égard. Cave et Basnage ne le pensent pas, principalement parce que le millénaire y est combattu (8). Dupin, Tillemont et Ceillier lui sont au contraire favorables (9). Les passages où le millénaire est attaqué se trouvent à la fin du volume, et le style ne paraît pas semblable à celui du reste, qui, rude et incorrect, s'accorde bien avec la description qu'en fait saint Jérôme. D'autres raisons encore, comme, par exemple, qu'à l'époque de sa

(5) Cave, Histor. litter. Tom. I, p. 147. Galland. Tom. 1V. Prolegom. II, 6. — Lardner, The Credibility of the Gosp. Histor. P. II, vol. 3, p. 189.

(6) Cassiodor. 1. c., c. 9. De quo libro (Apocalysi) et Victorinus, sæpe dictus episcopus, difficillima quædam loca breviter tractavit. Cf. Sixt. Senens. Biblioth. VI, 348.

(7) Gennad. 1. c.— Hieron, cat,, c. 18.

(8) Cave, 1. c., p. 147. - Baspage ad ann. 303, n. 16.

(9) Dupin, Biblioth. des Auteurs eccl. Tom. I, p. 194.—Tillemont, Mémoir. Tom. V, p. 218, not. 3, p. 447 4 sq. Ceillier, t. III.p. 346, Lumper. Historia, etc. Vol. XIII, p. 373 sqq. — Galland, Tom. IV, Prolegom., c. II.

composition, le Sénat romain prêtait encore son autorité à la persécution de la religion chrétienne; l'opinion que Néron ressusciterait, etc., sont des preuves de la haute, antiquité de cet ouvrage. La majorité des motifs sont en faveur de son authenticité, quoique les preuves ne s'élèvent pas jusqu'à l'évidence. La préface attribuée à saint Jérôme est supposée.

On attribue aussi à Victorinus, mais sans motifs suffisans, deux poèmes : De Jesu Christo Deo et homine, et de Ligno vita. Le vénérable Bède le croyait auteur d'un hymne de S. Cruce, s. de Paschate vel de Baptismo, qui se trouve aussi parfois dans les œuvres de saint Cyprien ; mais le style en est trop fleuri pour qu'il puisse être de Victorinus. Enfin Tillemont lui attribue les poèmes contre Marcion, qui sont imprimés à la suite des œuvres de Tertullien, et un autre poème contre les manichéens (10).

Ce qui nous reste des œuvres authentiques de Victorinus renferme plusieurs notices intéressantes sur l'histoire de quelques uns des livres de notre canon, notamment sur les Evangiles et l'Apocalypse. Il paraît, d'après le système suivi à cette époque par l'Eglise d'Occident, n'avoir point admis l'Epître aux Hébreux.

Editions. Le traité de Fabrica mundi, fut d'abord publié par Cave, Histor. litter. de Scriptor. eccles. Tom. 1, p. 103, Londres 1689; puis avec des notes de Walker, Oxford 1740, Bâle 1741; et enfin par Galland, tom. IV, pag. 40 sq. Les scholies sur l'Apocalypse furent insérées par Galland, tom. IV, pag. 52 sq., d'après l'édition de Millanius. Le commentaire sur le même livre se trouve dans la Bibliothèque des Pères, Paris 1644, tom. 1, Lyon,

(10) Tillemont, ibid., V, p. 134, 313. → Beda de locis sanct., c. 2, p. 317. (Edit. Cantabrig., 1722.)

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