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philosophie et de la religion, les rapports de toutes deux à leur principal but, la glorification de Dieu, et à leur dernière fin, le bonheur éternel des hommes (26). Il exprime d'après cela avec assez de justesse et d'exactitude, les principes de la philosophie de la religion. Mais, même à cet égard, sa pénétration philosophique l'abandonne parfois, comme, par exemple, quand il pense qu'un contraste primitif forme le fondement de la nature humaine; d'où il conclut que la vertu n'est autre chose que la victoire sur l'opposition absolue qui doit, pour cette raison, lui être présentée, etc. (27). Il est en outre millénaire décidé, et d'après saint Jérôme, il aurait nié la personnalité de l'esprit de Dieu (28). Aussi. quoique ses ouvrages renferment beaucoup de choses instructives, il faut néanmoins les lire avec précaution.

Editions. Aucun Père de l'Église n'a été imprimé aussi souvent que Lactance. Sur près de cent douze éditions qu'il a eues, nous ne pouvons citer que les plus remarquables. La première et la plus ancienne est celle de Pannarz et Schweinheim, imprimée en 1465 dans le Monasterium Sublacense; puis à Rome en 1468, 1470, 1474, et neuf fois à Venise entre les années 1471 et 1498. Celles-ci furent suivies de l'édition augmentée d'Ægid. Delphi, Paris, 1500, 1509, 1513, et Cologne, 1506. En attendant, Parrhasius donna à Venise, en

omnia, ingenio ac propriis non potest sensibus comprehendi; alioqui nihil inter Deum hominemque distaret, si consilia et dispositiones illius majestatis æternæ cogitatio assequeretur humana, Quod quia fieri non potuit, ut homini per se ipsum ratio divina innotesceret, non est passus hominem Deus lumen sapientiæ requirentem diutius errare, etc. II, 3. Verum scire, divinæ est sapientiæ; homo autem per se ipsum, pervenire ad hanc scientiam non potest, nisi doceatur a Deo.

(26) Institut. IV, 3, 4; III, 9–12, 27.

(27) Ibid., II, 12, ef. V, 7; II, 17; VII, 4.

(28) Ibid., VII, 14-17.- Hieron. ep. 41, ad Pammach, et Ocean.

1509, une nouvelle édition un peu plus complète que les précédentes; Tuccius en publia une à Florence, en 1513, et Egnatius une à Venise en 1515, L'édition de Cratander, de Bâle, 1521, 1524, 1532, est semblable à ceux-là pour le contenu. Celle de Fasitelius, Venise 1535, réimprimée à Lyon, 1541, 1548, avec quelques additions de Masure, et enfin à Paris, 1561, ne vaut pas beaucoup mieux. Celle de Betulejus, 1563, est bonne, mais un peu trop surchargée. L'édition publiée par Thomasius, évêque de Lerida, à Anvers, 1570, 1587, Paris 1589, se distingue surtout par une critique attentive et soignée; celle de Cujas, Lyon 1587, Cologne 1613, Genève 1615, a moins de valeur. Celle d'Isæus, Césène 1646, se place non seulement avec avantage à côté des précédentes, mais les surpasse même sous plusieurs rapports. Le texte est précédé de dissertations et de remarques historiques et critiques; elle a été réimprimée à Rome, 1650. Galée publia une autre édition à Leyde, 1660. Celle de Thomas Spark, Oxford 1684, s'accorde en général avec le texte de Thomasius et d'Isæus ; le livre de Morte persecutorum s'y trouve pour la première fois. Cellarius donna en 1698 une nouvelle édition augmentée d'un grand nombre de remarques critiques; elle fut réimprimée avec des corrections par Walch à Leipsick, en 1715. Heumann de Gottingue la réimprima aussi en 1736, avec quelques augmentations peu importantes. Celle de Buneman, Leipsick 1739, 2 vol., Halle 1764, surpassa toutes les précédentes pour l'exactitude et l'esprit de critique. L'Epitome Institutionum s'y trouve complété par le fragment découvert par Pfaff, et le tout est enrichi d'un grand nombre de notes choisies dans les éditions précédentes. Celle de Le Brun et Lenglet Dufresnoy, Paris 1748, 2 vol., est encore meilleure, et excellente sous tous les rapports. Enfin, la plus complète de toutes fut publiée à Rome, 1755-1760, par Edouard à S. Xav. Galland, T. IV, a pris pour base de son travail la dernière édition de Paris, qui a été aussi suivie par

Oberthur, Wurzbourg 1784, 2 vol., et par l'éditeur des DeuxPonts, 1798. Ce sont là seulement les recueils plus ou moins complets; divers ouvrages détachés de Lactance ont encore été publiés séparément, comme de Morte persecut., par Le Nourry, Paris 1710. Lactantii Epitome Institut., etc., de Pfaff, Paris 1712, par Davisius, Cambridge 1718, etc.

SUPPLÉMENT.

DE QUELQUES ÉCRITS APOCRYPHES DE CETTE ÉPOQUE.

Les victoires du premier empereur chrétien amenèrent la chute du paganisme affaibli, mirent un terme à ses efforts sanguinaires pour anéantir le christianisme, et une ère de repos s'ouvrit pour l'Église. Lactance apparaît le dernier écrivain ecclésiastique de cette époque de la littérature chré tienne. Nous pourrions terminer ici l'histoire de ce siècle, comme nous avons fait celle du précédent, par les actes des martyrs; mais, d'une part, ces actes sont devenus trop nombreux et trop détaillés pour que nous puissions leur accorder une place suffisante, et d'une autre part, ils sont trop dépourvus de valeur et d'intérêt littéraire pour en importuner le lecteur. Nous préférons dire quelques mots au sujet de certaines productions apocryphes qui appartiennent à cette époque.

Evangiles apocryphes.

Les Evangiles,les Actes des Apôtres, les épîtres apostoliques apocryphes, peuvent se diviser en deux classes, d'après leur origine; c'est-à-dire que les uns ont été composés par des membres de l'Eglise catholique, les autres par des partisans de quelqu'une des nombreuses sectes hérétiques.

Les Evangiles de la première classe ne contiennent rien qui soit contraire aux doctrines et aux faits exposés dans le canon du Nouveau Testament; ils se rattachent au contraire exactement à son contenu, et s'efforcent seulement de les étendre davantage et de présenter au lecteur une vie plus complète du Seigneur, dont nos Evangiles ne nous rapportent que quelques parties. Aussi, parfois, ils se servent des expressions mêmes des Evangiles authentiques, dont ils transcrivent des passages entiers, en se bornant seulement à en remplir les intervalles. Ils semblent vouloir résoudre le problème que le moderne pragmatisme historique s'est posé de son côté, c'est-à-dire de compléter les récits que les sources n'indiquent que d'une manière sommaire. Ainsi, des faits que nous ne possédons que sous la forme de dogmes, nous y sont présentés dans tous leurs détails, tels du moins que les auteurs se sont imaginé qu'ils ont dû ou pu se passer, leur but étant de venir au secours de l'imagination trop peu vive du lecteur, et de lui imprimer la chose plus fortement dans l'esprit; comme, par exemple, la descente de Jésus-Christ aux enfers. D'autres écrivains ont eu simplement en vue d'édifier leurs lecteurs. Ainsi, dans l'Evangile de Joseph, charpentier, on reconnait l'intention de montrer en action l'amour filial et les devoirs des enfans envers leurs parens, les Evangiles n'ayant point présenté Jésus-Christ sous ce point de vue. D'autres encore remplissent des lacunes entières de l'histoire évangélique; tel est l'évangile de l'Enfance de Jésus.

1° Evangelium Nicodemi.

Cet évangile (1), dont le titre est : Yорnpaтa Toυ zupitu ήμων Ιησου Χριστοῦ, ὁ ἐπράχθησαν ἐπὶ Ποντίου Πιλάτου ἡγεμο

(1) Thilo, Cod. apocryph. T. I, p. 487–786.

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