AIRIS En lui envoiant les Métamorphofes d'Ovide. L'ingenieux Ovide étale en cet ouvrage Un nombre merveilleux de changemens divers. Progné de l'hirondelle y prend le noir plumage, Et Daphné s'y revêt de rameaux toujours verts. Hermione en ferpent y rampe fur l'herbage, En lionne Atalante y court dans les déferts. On voit Narciffe en fleur y parer le rivage, On voit en épervier Nife y fendre les airs. Une métamorphofe à mes vœux favorable, Doit ici vous donner une place honorable. Iris, vous n'êtes plus rebelle à mes amours: La rigueur a chez vous fait place à la tendreffe. C'eft affez: n'allez pas redevenir tigreffe. Aiant changé fi bien, ne changez de vos jours. Une dévote de Bourg en Breffe l'an 1424, difoit qu'elle avoit été envoiée de Dieu fur terre pour tirer les ames d'enfer, & qu'elle en tiroit tout au moins trois par jours. Gerfon à la fin de fon traité de examinatione doctrinarum. On fongeoit tout de bon à don ner un Arrêt contre la philofophie de Descartes lorfque M. Defpreaux fit paroître le fien. C'est une bagatelle, qui peutêtre plus qu'aucune autre chose , a empêché que le Parlement n'en ait rendu un veritable. M. Boileau le Greffier préfenta cet Arrêt à figner à feu M. le premier Prefident de Lamoignon avec beaucoup d'autres. Comme c'étoit un Magiftrat fort exact, il les examina les uns après les autres. Quand il fut tombé fur celui de M. Defpreaux, il dit à M. Boileau : Ah, voilà un tour de ton oncle. On difoit dernierement ici que de tous les hommes, Descartes eft celui qui a le mieux refvé. Voëtius, ce célebre adverfaire de M. Defcartes, étoit de ces gens qui croient en Dieu par bénéfice d'inventaire. M. Defcartes au contraire étoit fort religieux. L'état dans lequel fe trouve un criminel qu'on renvoie à fon premier Jugement, eft très-bien exprimé dans ces deux vers. Odit iter, numeratque dres, Spatioque viarum Metitur vitam, torquetur morte futurâ, Il marche malgré lui il compte ses jours, il mefure fa vie de lieue en lieue, & la mort qu'il attend le tour mente. M. le Premier Préfident de Lamoignon difoit que la plus fâcheufe circonstance d'un procès criminel pour l'accufé, c'étoit ces deux mots : Ci préLent. Je me fuis trouvé une fois à l'interrogation d'un criminel. Lorfque les Juges voulurent le faire affeoir fur la fellette, il refufa de le faire, difant : Meffieurs, il ne m'appartient pas de m'afleoir en votre présence. Je vais vous conter une histoire affez extraordinaire, & qui fait voir le Jugement de Dieu fur les criminels. Dans l'Anjou un Curé d'aflez mauvaife vie avoit eu querelle avec un Sergent du voifinage. Le Sergent étant venu à difparoître tout à coup, tout le monde foupçonna le Curé fon ennemi declaré, de l'avoir fait mourir. Dans ce tems-là il arriva à une ou deux lieues du lieu où demeuroit le Curé, qu'on expofa un pendu fur les fourches patibulaires. Ses parens l'en détachérent, & le jettérent avec la corde au cou dans un étang voifin. Des Pêcheurs trouverent ce corps dans leurs filets, & la Juftice y aiant fait une defcente, tout le monde vint voir le corps du pendu. Comme il étoit fort défiguré, le préjugé que l'on avoit contre le Curé fit que le monde s'imagina que c'étoit le Sergent. On arrête làdeffus le Curé, on lui fait fon procès, & on le condamne à être pendu. Quand il vit qu'il faloit mourir Meffieurs dit-il à fes Juges, il eft vrai que c'eft moi qui a tué le Sergent, mais vous me condamnez injuftement, & tous ceux qui dépofent contre moi font des faux témoins. Le corps mort que l'on a trouvé, & fur la foi duquel vous m'avez fait mon procès, n'eft nullement celui du Sergent. Le véritable corps du Sergent que j'ai affommé dans mon Presbytére, eft fous une telle planche dans mon jardin, on y trouvera même fon chien avec lui. Les Juges envoiérent au Presbytére du Curé, & l'on trouva les chofes comme il les avoit dites. On dit que les femmes favantes de Moliere, font Mefd. de....& l'on me veut faire accroire que je fuis le favant qui parle d'un ton doux. Ce font chofes cependant que Moliere defavouoit. Mais le Triffotin de cette même Comédie eft l'Abbé Cotin, jufque-là que Moliere fit acheter un de fes habits pour le faire porter à celui qui faifoit ce perfonnage dans fa Piéce. La Scene où Vadius fe brouille avec Triflotin, parce qu'il critique le Sonnet fur la fiévre, qu'il ne fait pas être de Triffotin, s'eft paffée véritablement chez M. B..... Ce fut M. Defpreaux qui la donna à Moliere. Moliere joua d'abord Cotin fous le nom de Tricotin, que plus malicieufement fous prétexte de mieux déguifer, il changea depuis en Triflotin, équivalent à trois fois fot. Jamais homme, excepté Montmaur n'a tant été turlupiné que le pauvre Cotin. On fit en 1682, peu de tems après la mort, ces quatre vers. Savez-vous en quoi Cotin Cotin a fini fes jours, Triffotin vivra toujours. |