Les hommes de lettres François qui avoient quelque relation avec Grévius ne pouvoit honnêtement fe difpenfer de lui donner du Monfieur. Ceux qui ne le connoiffoient que de nom, du nombre defquels étoit apparemment le Traducteur des Offices de Ciceron, pou, voient le traiter fans cérémonie. On ne dit fimplement que Corneille, Racine, Defpréaux, Vaugelas ; on ne dit même que Grotius tout Ambaffadeur qu'il a été. Furetiére, à qui M. Ménage a furvé cu quatre ans entiers, n'a pourtant dit que Ménage toutes les fois qu'il l'a cité; & fi je dis ici M. Ménage, c'eft parce que je travaille fur un livre dont il a fourni la matière. Le caprice de l'ufage peut beaucoup dans cette occafion. Janfenius Evêque célebre n'a prefque jamais joui du Monfieur, qui a la mine d'être continué longtems à M. Arnauld fimple Docteur, On croioit qu'il n'y avoit plus de remarques à faire fur la langue Françoise après les remarques de M. de Vaugelas, & c'eft pour cela qu'on me fit compliment fur celles que je fis imprimer; mais comme la matiére eft ample, je n'en fuis pas demeuré là, j'en ai fait d'autres; le Pere Bouhours en a fait auffi & en fait encore, & il y a apparence qu'on n'en demeurera pas là. La premiere Edition de mes origines de la Langue Françoise est de Vitré, & des Imprimeurs m'ont dit en parlant de cette Edition, que c'étoit un chefd'œuvre dans leur Art. Dans le tems qu'elle parut, j'en envoiai un Exemplaire à M. Rigault qui étoit alors à Toul. Il en fut surpris, mais il auroit été bien plus étonné d'en voir l'augmentation. Il avoit eu un même defsein, comme il le marque lui-même par cette lettre de remerciment qu'il m'écrivit le 24. Decembre 1650. Monfieur, je vous rends graces très-humbles de l'honneur que vous m'avez fait en me donnant part du bel Ouvrage que vous avez mis en lumiere, & dont le public vous sera obligé tant qu'il y aura des François qui ne feront point barbares, mais curieux de l'origine de leur Langue & de parler proprement. Ce livre est rempli de belles & de doctes recherches je me promets de le lire durant ces Fêtes avec plaifir & contentement. Je crois vous avoir dit que ce même soin m'avoit tellement touché, que je m'étois obligé à M. l'Huil lier d'y vaquer tous les soirs en passant le tems de noire conversation durant l'hyver, en parcourant le Dictionnaire François. Mais je n'avois pas dessein de pénétrer si avant que vous avez fait. Je me fufsse contente de remarquer seulement l'origine de chaque Diction fans la confirmer d'exemples. Fapprouve & loue infiniment la peine que vous en avez voulu prendre. Elle est pleine de belles remarques & d'érudition très-exquise. Que direz-vous de moi en même tems que vous me faites ce beau & riche présent ? Pai prié M. du Puy de vous en faire un de ma part, qui est le pauvre Commodianus. C'est du plomb pour de l'or, tellement que tout l'avan tage est de mon côté. Je cherirai cette faveur & demeurerai toute ma vie, &c. Les langues vivantes font plus difficiles à bien savoir que les langues mortes. II y a cinquante ans que je travaille sur la nôtre, & je ne la sais pas encore. Pour la bien connoître & pour la bien écrire, il faut savoir les langues anciennes encore plus que les modernes. La plupart des langues font enchaînées les unes avec les autres. Il y a un nommé Guichard qui en a fait voir le rapport. La Ditfertation du Pere Bénier Jésuite fur ce sujet, est très-curieuse. Il devoit continuer un projet si beau & fi utile. Il en a tous les talens nécessaires. Je lui avois arêté ce que j'ai sur les origines de la langue Grecque, afin qu'il vît celles qui pouvoient venir de la langue Phénicienne. Il auroit été très-capable de cette entreprise, mais il n'a pas eu le tems des'y appliquer. Nous avons d'Etienne Guichard, qui prenoit la qualité de Lecteur & Professeur ès langues faintes, un gros in 8°. intitulé Harmonie étymologique des langues, à Paris 1619. Le feu P. Thơmaffin a donné de nos jours en deux volumes de pareille taille, la Méthode d'apprendre les langues en les réduisant toutes à l'Ebreu. ETRENE A IRIS. Pour témoigner de ma flame, Patience va m'échaper, Fuffiez-vous cent fois plus aimable, Autre Etréne à une belle. Je n'ai que de beaux noms à donner pour étréne, Choififfez de mon cœur, de mon tout, Reine, de ma D'objet charmant & doux, de mon bel ail vain queur, De ma lumière, de ma vie. Le choix dépend de votre envie, Mais, fi vous m'en croyez, vous retiendrez mon cœur. A la même pour le jour de fa fête. A ce jour, que je dois fêter, Je vous préfente ma perfonne. C'est le bouquet que je vous donne, Les mots des langues modernes font nez des anciennes en même idiôme. Le François par exemple, l'Italien & l'Efpagnol, du Latin. Et il eft à remarquer que les mots François, par exemple, ne font pas nez des mots Latins écrits, mais des mots Latins prononcez. Table n'eft pas né de Tabula écrit, |