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nent du moins par les titres dont ils n'ont jamais entendu parler, les Livres dont ils peuvent fe pouryoir pour fe perfectionner dans les Sciences & dans les Arts, chacun fuivant fon inclination. Cela eft fi néceffaire, qu'il feroit a fouhaiter que les Profeffeurs dans nos Ecoles publiques fe fiffent un devoir de marquer à leurs Ecoliers les Livres qui traitent, tant en général qu'en particulier, des Sciences & des Arts qu'ils enfeignent. Par ce moien une infinité de bons efprits deviendroient en peu de tems très-habiles, qui faute de ce fecours néceffaire, fe rebutent entierement, ou du moins n'aprennent qu'avec de grands travaux ce qu'ils auroient pu apprendre très-facilement, pour enfuite paffer à d'autres connoiffances, aufquelles ils n'arrivent jamais par cet obftacle. Pour moi je prens plaifir à lire les Catalogues de Livres que nous avons, & j'en prendrois encore un bien plus grand à lire celui des Livres que nous avons perdus,particulierement des livres Grecs, qu'il feroit aifé de dreffer fur Diogene Laërce, fur Athénée, fur Photius, fur certains Scholiaftes, & fur d'autres Auteurs. Il feroit à fouhaiter que quelqu'un voulût bien s'en donner la peine. M.

Bigot auroit été bien capable de le faire, auffi bien que celui des Livres Grecs qui ont échappé du naufrage. On dit qu'il travailloit à ce dernier il déja longtems.

y avoit

Lorfqu'on demandoit à M. Bigot quelque éclairciffement fur la bonté ou la rareté d'un livre, il ne refusoit ja mais ce que l'on fouhaitoit de lui, à tout autre, qu'à un Libraire. Il difoit qu'il ne faloit jamais inftruire les Libraires, qu'ils en favoient toujours trop pour notre profit ; & que fi un Livre étoit rare ou qu'il fût bon, il ne faloit pas le leur apprendre. Quand il vouloit acheter des Livres, il difoit que le meilleur tems étoit la veille ou le lendemain de beaucoup de Fêtes. Et fa raifon étoit qu'en y allant la veil le, ils faifoient bon marché pour avoir dequoi fe réjouir pendant les Fêtes ; & qu'en y allart après que les Fêtes étoient paflées, ils fe relâchoient pour se rembourfer de l'argent qu'ils avoient dépensé.

¶ Outre les fautes ordinaires qui échapent dans l'impreffion, il y en a auffi d'autres qu'on laiffe paffer exprès, afin d'avoir occafion de mettre dans l'Errata ce qu'on n'auroit pas permis dans le corps de l'ouvrage. Dans les payis,

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par exmple, où il y a Inquifition, à ૐ Rome fur tout, il eft défendu d'emploier le mot fatum ou fata dans les Livres. Un Auteur voulant fe fervir de ce dernier, s'avifa de cette adreffe. It fit imprimer dans fon livre facta, & dans Perrata il fit mettre, Facta, lifez Fata. M. Scarron fit à peu près la même chose. Il avoit compofé quelques vers, à la tête defquels il mit une Dédicace avec ces mots: A Guillemnette chienne de ma fœur. Quelque tems après s'étant brouillé avec la foeur, dans le tems qu'il faifoit réimprimer fes Poëfies en recueil, il fit mettre malicieufement dans l'Errata de fon Livre: au lieu de Chienne de ma four, lifez Ma chienne de fœur. Rien n'eft plus vrai que ce qu'on a remarqué dans cet article touchant le mot Fatum. Un Inquifiteur aiant examiné un livre que Naudé vouloit faire imprimer à Rome, y cenfura ces paroles, Virgo fata eft; & mit en marge, Propofitio haretica, nam non datur Fatum. La Mothe le Vayer pag. 506. du tome X I. in 16. dit tenir cela de Naudé mê

me.

M. le Maréchal de Baffompierre étant forti de prison, Madame la Ducheffe d'Aiguillon lui offrit cinq cens

:

mille livres pour en difpofer comme il lui plairoit Madame, lui dit-il en la remerciant, votre oncle m'a trop fait de mal pour recevoir de vous tant de bien.

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Des Courtifans s'entretenant des affaires de leurs maifons, & des gages qu'ils donnoient à leurs domeftiques & fur tout à leurs Maîtres d'Hôtel. Un d'entre eux dit qu'il donnoit cent piftoles au fien; un autre dit qu'il en donnoit deux cens ; & moi, dit un de ces Meffieurs, je renchéris par deffus vous tous, car je donne quatre mille francs au mien. Cela eft exorbitant, dirent les autres, & jamais on n'a tant donné à un Maître d'Hôtel. Quelqu'un de la compagnie s'avifa de lui demander Mais le paiez-vous ? Oh! non dit-il.

....

Une maxime que je confeillerai toujours à mes amis, c'eft d'être bien avec les J. pour moi je m'en fuis toujours bien trouvé. Un Courtisan difoit il n'y a pas longtems, qu'il y avoit autant de différence entre-eux & les autres Religieux, qu'il y en a entre un Gentilhomme & un roturier.

Ifaac de la Peyrére de Bordeaux eft l'auteur d'un Livre intitulé les Pré-Ada

mites, où il prétend faire voir qu'A dam n'est pas le premier de tous les hommes. Ce bon homme demeuroit en pension à Notre-Dame des Vertus chez les Peres de l'Oratoire. Il étoit toujours entêté de ses Pré-Adamites, & apparemment qu'il est mort dans cette fantaiie. Il auroit été bien aite s'il avoit fû qu'il y a un Rabin qui a fait mention du nom du précepteur d'Adam. Mais ce Rabin étoit un Rabin, & c'est tout dire.

Lorsque le Livre des Pré- Adamites parut, il fut condamné à être brûlé par la main du bourreau. Je priai l'auteur, qui étoit de mes amis de me l'envoier avant qu'il fût mis en lumiére. Il comprit ma raillerie & me l'envoia avec ce vers d'Ovide en changeant le mot d'urbem en celui d'ignem.

Parve , nec invideo, fine me, liber ibis in ignem.

Il est amplement parlé des PréAdamites de la Peyrére dans le 6e livre de la vie non imprimée de Claude Saumaise écrite en Latin par Philibert de la Mare, Conseiller au Parlement de Dijon. Bayle dans fon Dictionnaire au mot Peyrère en parle aussi fort au long. Ifaac la Peyrére mourut l'an 1677.

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