Images de page
PDF
ePub

>> l'une et l'autre auroient les qualitez nécessaires, celle qui feroit sa résidence à Paris.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

>> Monsieur Corneille fut pourtant reçu ensuite (1), >> au lieu de monsieur Maynard, parce qu'il fit dire à la compagnie qu'il avoit disposé ses affaires de telle sorte qu'il pourroit passer une partie de l'année à Paris (2).» Monsieur de Ballesdens avoit été proposé aussi, et comme il avoit l'honneur d'être à monsieur le chancelier, l'Académie eut ce respect pour son protecteur de députer vers lui cinq des académiciens, pour savoir si ces deux propositions lui étoient agréables. Monsieur le chancelier témoigna qu'il vouloit laisser une entière liberté à la compagnie. Mais lorsqu'elle commençoit à délibérer sur ce sujet, monsieur l'abbé de Cérisy lui présenta une lettre de monsieur de Ballesdens, pleine de beaucoup de civilitez pour elle et pour monsieur Corneille, qu'il prioit la compagnie de vouloir préférer à lui, protestant qu'il lui déféroit cet honneur comme lui étant dû par toutes sortes de raisons. La lettre fut Jue et louée par l'assemblée, et depuis il fut reçu en la première place vacante, qui fut celle de monsieur de Malleville; mais je ne trouve pas en quel jour; car, de

[ocr errors]

(1) Corneille ne fut reçu qu'en 1647 à l'Académie, dont il mourut doyen en 1684.

(2) Les lignes devant lesquelles on voit ici des guillemets ne se trouvent que dans la première édition de cette Histoire. Apparemment elles ont été retranchées des éditions suivantes, sur ce qu'on s'est imaginé que, d'avoir essuyé deux refus avant que d'obtenir une place à l'Académie, ce n'étoit pas une chose honorable au grand Corneille. Mais pour des hommes tels que lui, comme rien ne peut augmenter leur gloire, rien aussi ne peut la diminuer. (Note de l'abbé d'Olivet. )

puis ce temps-là, les longues et fréquentes indispositions du secrétaire de l'Académie ont laissé beaucoup de vuide dans les regîtres; de sorte que je n'y ai rien vu de cette réception, non plus que des cinq suivantes, de messieurs de Mézeray, de Montereul, de Tristan, de Scudéry et Doujat. Tout ce que j'en ai pu savoir, c'est qu'ils ont succédé à monsieur de Voiture, de Sirmond, de Colomby, de Vaugelas et Baro.

Ensuite monsieur Charpentier fut reçu au lieu de monsieur Baudouin, après qu'on eut lu une lettre de monsieur le chancelier, alors absent, par laquelle il témoignoit à monsieur de Ballesdens qu'il approuvoit cette élection sur la connoissance qu'on lui avoit donnée du mérite de celui qu'on proposoit et sur la lecture de l'ouvrage qu'on lui avoit envoyé. C'étoit la vie de Socrate, et les Choses Mémorables de ce même philosophe, traduites du grec de Xénophon.

Monsieur l'abbé Tallemant, aumônier du Roi, a aussi succédé depuis à monsieur de Montereul.

Enfin, comme j'écrivois cette relation, monsieur de l'Estoile étant venu à mourir, monsieur le chancelier fit demander la place vacante pour monsieur le marquis de Coaslin, son petit-fils, ne croyant pas pouvoir mieux cultiver l'inclination et les lumières que ce jeune seigneur témoigne pour toutes les belles connoissances. Il fit dire pourtant à la compagnie avec beaucoup de civilité qu'il demandoit cela comme une grace, qu'il n'entendoit point aussi que cette réception tirât à conséquence, ni qu'elle fût faite d'autre sorte que les précédentes. Et en effet, la compagnie ayant agréablement reçu cette proposition, l'élection fut faite huit jours après par billets qui se trouvèrent tous favorables, et il fut ordonné que l'Académie iroit en corps remercier mon

sieur le chancelier de l'honneur qu'il lui avoit fait; ce lui avec

qui fut exécuté sur l'heure même et reçu par

une civilité extrême.

Je vous ai parlé de tous ceux qui ont été reçus dans l'Académie depuis son institution. Vous aurez remarqué sans doute que le nombre de quarante, dont elle doit être composée, ne fut rempli qu'à la réception de monsieur de Priézac, en l'année 1639, cinq ou six ans après son premier établissement. Monsieur Patru, qui fut le premier reçu ensuite, entrant dans la compagnie y prononça un fort beau remerciment dont on demeura si satisfait qu'on a obligé tous ceux qui ont été reçus depuis d'en faire autant. Il y a parmi les papiers de l'Académie treize de ces remercimens, qui sont ceux de messieurs Patru, de Bezons, de Salomon, Corneille, Balesdens, de Mézeray, de Montereul, Tristan, Scudéry, Doujat, Charpentier, l'abbé Tallemant, et du marquis de Coaslin.

Or, de ce grand nombre d'académiciens, sans parler de monsieur le chancelier, qui d'académicien est devenu protecteur de la compagnie, et dont les éloges se verront en des histoires plus importantes et plus fameuses que celle-ci, il y en a dix-sept qui ne sont plus.

[blocks in formation]

DU CHEVALIER BALTHAZAR GERBIER

ET SES ASSOCIEZ,

A MONSEIGNEUR L'ILLUSTRISSIME

ARCHEVESQUE DE PARIS,

TOUCHANT

LE MONT-DE-PIÉTÉ,

ET QUELQUES MAUVAIS BRUITS QUE NOMBRE D'USURIERS SEMENT CONTRE CE PIEUX, UTILE ET NÉCESSAIRE

ESTABLISSEMENT.

A PARIS,

Chez FRANÇOIS PREUVERAY, rue de la Grande-Bretonnerie, Proche la porte Saint-Jacques.

1643.

AVERTISSEMENT.

La France fut une des dernières parmi toutes les nations de l'Europe à emprunter à l'Italie les établissements de Monts-dePiété, destinés à remplacer, dans l'intérêt des classes pauvres, les maisons de prêt à bureau ouvert. Cependant, dès 1626 l'établissement d'un Mont-de-Piété fut autorisé sous certaines restrictions; mais on ne laissa pas le temps à cet essai de produire le résultat qu'on en avait espéré, et, le 24 mars 1627, l'édit qui l'avait approuvé fat révoqué dans une déclaration de ce jour. Depuis cette époque jusqu'à l'ouverture du Mont-de-Piété de Paris, qui ne se fit définitivement qu'en 1777, plusieurs tentatives eurent lieu, avec l'agrément et le concours même du pouvoir, pour faire adopter à la France l'institution italienne. Les pièces que nous donnons ici attestent les efforts qui furent faits dans ce but en 1643, et les genres d'obstacles que ces efforts avaient alors à surmonter. Outre les renseignements sur l'origine, les ressources et les opérations premières, la conception et le but primitif de ces établissements, le lecteur y trouvera quelques données précieuses sur le commerce de l'argent et l'état du paupérisme en France sous Louis XIII.

« PrécédentContinuer »