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d'un régime singulier: La plupart de ceux qui aiment la vertu et la liberté l'ont suivie. (Fénelon.)-Quelquesuns sont revenus, mais la plupart sont morts.—La plupart du Sénat fut d'un avis contraire.

8. Quand les sujets sont liés par une des conjonctions ou locutions conjonctives, comme, ainsi que, de même que, aussi bien que, non plus que, le verbe s'accorde seulement avec le premier des sujets, il n'a aucun rapport au suivant, qui est celui d'un verbe sous-entendu : L'âme, comme le corps, ne se développe que par l'exercice. (Bern. de St. Pierre.)-L'histoire, ainsi que la physique, n'a commencé à se débrouiller que vers la fin du seizième siècle. (Voltaire.)

Rem.-Le même principe se retrouve, quand les sujets sont liés par la préposition avec mise pour ainsi que: Le farouche Phalante, avec ses Lacédémoniens, fut surpris de trouver ses entrailles attendries. (Fénelon.)

V 9. L'Académie met indifféremment le singulier ou le pluriel après l'un et l'autre: L'un et l'autre est bon, l'un et l'autre sont bons. Le dernier est cependent préférable. Quand le verbe précède l'un et l'autre, le pluriel est de rigueur: Ils sont coupables, l'un et l'autre. 10. Quoique l'expression plus d'un réveille une idée de pluralité, elle exige le verbe au singulier:

Plus d'un charmant ouvrage était perdu pour moi.

(Delille.) Plus d'un héros, épris des fruits de mon étude, Vient quelquefois chez moi goûter la solitude. (Boileau.) Mais quand plus d'un est suivi d'un verbe pronominal, l'idée de réciprocité amène nécessairement le pluriel :

Plus d'un fripon se dupent l'un l'autre. (Marmontel.)

11. Quand deux ou plusieurs sujets sont liés par la conjonction ni, on fait accorder le verbe avec les différents sujets, si toutefois ils concourent ensemble à l'action exprimée par le verbe. S'il n'y a qu'un des

sujets qui y prenne part, on ne fait accorder le verbe qu'avec le dernier. On écrira donc au pluriel :

Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux.

(Lafontaine.) parce que tous deux, divisés ou réunis, ne rendent point heureux.

Mais il faudra dire: Ni le cardinal A., ni le cardinal B. ne sera élu pape au prochain conclave.-Ni l'une ni l'autre de ces dames n'est la reine, parce qu'on n'élit qu'un pape, et qu'une seule de ces dames peut être la

reine.

V 12. Le verbe être précédé de ce, ne se met au pluriel que quand il est suivi d'un substantif pluriel faisant la fonction de sujet, ou d'un pronom de la troisième personne du pluriel employé dans la même fonction. On dira donc :

Ce sont là nos oracles. (Racine.)

Ce sont eux, ce ne sont pas mes amis. Mais il faudrait dire au singulier: C'est des Français que nous vient la mode.-C'est moi, c'est nous, c'est vous, c'est Auguste et Louis.

✓ Rem.-Si ce n'est, pris dans le sens d'excepté, ne s'emploie guère au pluriel: Qui aura soin de cet enfant, si ce n'est ses parents?

13. Quand le pronom relatif qui est séparé du sujet par un attribut tel que le seul, le premier, ou un substantif, cet attribut est le véritable antécédent du pronom relatif: Je suis le premier qui ait fait connaître en France la poésie anglaise. (Voltaire.)-Vous êtes un génie tutelaire, qui est venu consolider la paix. (Laveaux.) -Je suis, je crois, le premier auteur moderne, qui ait donné la description de la Laponie. (Châteaubriand.)—Nous sommes les deux hommes, qui ont échappé au naufrage.

Rem. Si l'attribut n'était pas précédé de l'article, l'esprit le considèrerait comme ne faisant qu'un avec le sujet, et l'accord se ferait avec ce dernier: Nous sommes deux qui avons échappé au naufrage.

14. Quelquefois le pronom sujet qui est séparé de

son verbe par un substantif ou par un mot employé substantivement, mais il n'en détermine pas moins l'accord du verbe : C'est vous qui, la terreur des méchants, m'avez délivré de mes ennemis.

✓ 15. Quand, dans une proposition affirmative, un substantif propre, employé comme attribut et sans déterminatif, précède le pronom qui, ce substantif n'exerce aucune influence sur le verbe. Qui dans ce cas a pour véritable antécédent le sujet du verbe : Je suis Diomède, qui blessai Vénus au siége de Troie. (Fénelon.)

Il n'en serait pas de même, si la proposition était interrogative, ou négative, ou enfin si le substantif propre était précédé d'un déterminatif: Es-tu Samson (tu n'es pas Samson, tu es ce Samson) qui a fait écrouler les murailles du temple? (Girault Duvivier.)

16. Un mot en apostrophe, placé entre l'antécédent et pronom relatif, est sans influence sur le verbe: Estce toi, mon enfant, mes plus chères délices, qui reviens consoler ta mère ?

Mais quand le pronom qui a pour antécédent un substantif placé en apostrophe, le verbe est toujours à la seconde personne: 0 Dieu! qui sondes le cœur des hommes, tu sais mon innocence !-Déesses, qui vengez les morts, écoutez-moi! (Laharpe.)-Salut! majestueuses forêts, qui, plus d'une fois, avez calmé mes passions. (Bern. de St. Pierre.)-Notre père, qui es aux cieux!

17. Après les locutions un de ceux qui, un des premiers qui, un des hommes qui, et autres semblables, le verbe se met au pluriel: L'empereur Antonin est un des meilleurs princes qui aient régné.—Pardon, M. le Maréchal, je suis dans un de ces moments qui doivent tout excuser. (J. J. Rousseau.) On ne met le verbe au singulier que quand les sens le réclame impérieusement, comme dans cet exemple: Votre père serait bien étonné de voir un de ses enfants qui fait de si bons vers français. (Voltaire.) (Il n'y en a qu'un qui fasse des vers.)

18. Quand le pronom qui a pour antécédents deux ou plusieurs substantifs singuliers, qui se rapportent

à la même personne, le verbe reste au singulier: C'est un lâche et un impie, qui a trahi la sainte cause que nous défendons.

v 19. Après ce qu'il y a, tout ce qu'il y a, le verbe être se met au pluriel, s'il est suivi d'un attribut pluriel : Après les bonnes leçons, ce qu'il y a de plus instructif sont les ridicules. (Duclos.) La répétition de ce, qui semble ici nécessaire, expliquerait suffisamment l'emploi du pluriel, mais dans l'exemple suivant, où figure un autre verbe, on ne pourrait en faire usage, et néanmoins le verbe est au pluriel: Tout ce qu'il y a d'habitants nés libres ont accouru. (D'Olivet.)

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20. Après un sujet singulier beaucoup d'écrivains ont employé le verbe être au pluriel, quand il est suivi d'un attribut pluriel: L'effet du commerce sont les richesses. (Montesquieu.)-La partie la plus piquante des contes sont les scènes dialoguées. (Marmontel.)-Sa maladie sont des vapeurs. (Me. de Sévigné.)

Rem.-Sans vouloir condamner cette construction, on ne peut se dissimuler qu'elle offre quelque chose d'étrange, résultant de la discordance de nombre entre le verbe et son sujet; il vaudrait mieux dans ce cas, surtout quand le sujet serait d'une certaine étendue, faire précéder le verbe être du pronom ce: La partic la plus piquante des contes, ce sont les scènes dialoguées.

21. De même que tout verbe doit montrer un sujet, tout sujet doit avoir un verbe. On doit donc regarder comme fautives des phrases telles que les suivantes : Je passai près d'une frégate anglaise, qui, m'ayant aperçu, tous mes rameurs se jetèrent à l'eau. (Courrier.)

Avez-vous pu penser qu'au sang d'Agamemnon,
Achille préférât une fille sans nom,

Qui, de tout son destin ce qu'elle a pu comprendre, C'est qu'elle sort d'un sang qu'il brûle de répandre? (Racine.) Ces deux qui, annoncés comme sujets, ne montrent pas de verbe,

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Du régime.

PREMIER COURS.

$ 91.

1. Le régime est un membre de phrase, qui complète le sens d'un mot, dont il est ordinairement précédé, et qu'on appelle le mot régissant. Ainsi, en commençant une phrase par ces deux mots, je raconte, je puis compléter la pensée de différentes manières, en y ajoutant des régimes: Je raconte une histoire du siècle passé aux enfants du colonel. Voilà quatre régimes, dont deux appartiennent au verbe et les deux autres aux substantifs, dont ils complètent la signification. Je raconte quoi? Une histoire. Une histoire de quoi? Du siècle passé. Je raconte à qui? Aux enfants.-De qui? Du colonel.-En conséquence, histoire et enfants sont les régimes du verbe raconte, siecle est régime du substantif histoire, et colonel l'est du substantif enfants.

2. Le régime est appelé direct, quand il répond à la question qui est-ce qui? ou qu'est-ce qui? who or what? Il s'appelle régime indirect, quand il répond aux mots qui? quoi? précédés d'une préposition, comme à qui? à quoi? de qui? de quoi? par qui? par quoi? etc. Ainsi le régime histoire est direct, tandis que les trois autres sont indirects.

3. Le régime direct ne peut jamais appartenir qu'à un verbe transitif: Ecoutez mes conseils. Les régimes indirects appartiennent au verbe, au substantif ou à l'adjectif: Il parle de la guerre.-Vous êtes l'ennemi du méchant.-Restez fidèle au roi.

4. Dans la construction de la phrase, le régime. directe se place ordinairement avant le régime indirect: Donne le bras à Louise. Cependant, si, par les mots qui le complètent, il était remarquablement plus long que le régime indirect, ou s'il était l'antécédent d'un pronom relatif, il faudrait le renvoyer après le 9*

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