66 pas Réponse du comte de Bussi. Pour la comédie des Femmes Savantes, je l'ai “trouvée un des plus beaux ouvrages de Molière. 66 "Le caractère de Philaminte avec Martine, n'est pas na“turel; il n'est pas vraisemblable qu'une femme fasse tant de "bruit, et enfin chasse sa servante, parce qu'elle ne parle pas "bien François; il l'est encore moins que cette servante, après avoir dit mille méchans mots, comme elle doit en "dire, en dise de fort bons et d'extraordinaires, comme quand "Martine dit, σε "L'esprit n'est point du tout ce qu'il faut en ménage, "Il n'y a point de jugement à faire dire le mot de quadrer pår une servante qui parle fort mal, quoiqu'elle puisse avoir "du bon sens; mais enfin, pour parler juste de cette comé"die, les beautés y sont grandes et sans nombre, et les dé"fauts rares et petits." Que penser, en voyant M. le comte de Bussi se réunir au P. Rapin, sur l'opinion qu'il y avoit d'autres ridicules à donner aux Femmes Savantes, que ceux que Molière leur avoit donnés? Quels pouvoient être ces autres ridicules? N'étoientils pas du genre de ceux qu'une sage modération interdit au théâtre? Etoient-ils faits pour produire l'effet convenable à la scène? Personne n'a mieux vu que Molière; mais tout ce qu'il voyoit, ne lui paroissoit pas également propre à son art. Rien n'est si commun que de voir proposer pour le théâtre des choses qui n'y seroient pas supportables. Nous devons à Molière la justice de dire que peu de gens, à cet égard, sont faits pour lui donner des leçons. Un de nos journalistes prétend que les femmes de ce siècle fourniroient au divin Molière, s'il revenoit parmi nous, le sujet d'une nouvelle comédie, peut-être plus piquante encore que celle qu'il nous a laissée sur les femmes de son tems. "L'hôtel de Rambouillet," dit-il, “étoit au moins rempli "de femmes de qualité, qui, malgré leur langage précieux, "avoient beaucoup de mérite et d'esprit; mais nos femmes philosophes d'aujourd'hui sont, la plupart, de petites bour"geoises ennuyeuses, qui négligent leurs ménages pour protéger les lettres." 66 LES FEMMES SAVANTES, COMEDIE. ACTE I. SCENE 1. ARMANDE, HENRIETTE. ARMANDE. QUOI! le beau nom de fille est un titre, ma sœur, Dont vous voulez quitter la charmante douceur ? Et de vous marier vous osez faire fête? Ce vulgaire dessein vous peut monter en tête? Oui, ma sœur. HENRIETTE, ARMANDE. Ah! ce oui se peut-il supporter? Et sans un mal de cœur sauroit-on l'écouter? HENRIETTE. Qu'a donc le mariage en soi qui vous oblige, HENRIETTE. Comment? ARMANDE. Ah! fi! vous dis-je. Ne concevez-vous point ce que, dès qu'on l'entend, De quelle étrange image on est par lui blessée ? N'en frissonnez-vous point? et pouvez-vous, ma sœur, HENRIETTE. Les suites de ce mot, quand je les envisage, ARMANDE. De tels attachemens, ô ciel! sont pour vous plaire ? HENRIETTE. Et qu'est-ce qu'à mon âge on a de mieux à faire Se faire les douceurs d'une innocente vie? ARMANDE. appas ? Mon Dieu! que votre esprit est d'un étage bas! |