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CHRYSALE.

Et je lui veux faire aujourd'hui connoître Que ma fille est ma fille, et que j'en suis le maître, Pour lui prendre un mari qui soit selon mes vœux.

ARISTE.

Vous voilà raisonnable, et comme je vous veux.

CHRYSALE.

Vous êtes pour Clitandre, et savez sa demeure,
Faites-le moi venir, mon frère, tout-à-l'heure.

J'y cours tout de ce pas.

ARISTE.

CHRYSALE.

C'est souffrir trop long-tems,

Et je m'en vais être homme à la barbe des gens'

10

FIN DU SECOND ACTE.

ACTE III.'

SCENE I.

PHILAMINTE, ARMANDE, BELISE, TRISSOTIN,

LEPINE.

PHILAMINTE.

Ah! mettons-nous ici pour écouter à l'aise
Ces vers que mot à mot il est besoin qu'on pèse.

Je brûle de les voir.

ARMANDE.

BELISE.

Et l'on s'en meurt chez nous.

PHILAMINTE d Trissotin.

Ce sont charmes pour moi, que ce qui part de vous.

ARMANDE.

Ce m'est une douceur à nulle autre pareille.

BELISE.

Ce sont repas friands qu'on donne à mon oreille.

PHILAMINTE.

Ne faites point languir de si pressans desirs.

ARMANDE.

Dépêchez.

BELISE.

Faites tôt, et hâtez nos plaisirs.

PHILAMINTE.

A notre impatience offrez votre épigramme.

TRISSOTIN a Philaminte.

Hélas! c'est un enfant tout nouveau né, madame; Son sort assurément a lieu de vous toucher,

Ét c'est dans votre cour que j'en viens d'accoucher.

PHILAMINTE.

Pour me le rendre cher, il suffit de son père.

TRISSOTIN.

Votre approbation lui peut servir de mère.

Qu'il a d'esprit !

Belise.

SCENE II.

HENRIETTE, PHILAMINTE, BELISE,
ARMANDE, TRISSOTIN, LEPINE.

PHILAMINTE & Henrictte qui veut se retirer.
Hola! pourquoi donc fuyez-vous?

C'est de peur

HENRIETTE.

de troubler un entretien si doux.

PHILAMINTE.

Approchez, et venez, de toutes vos oreilles,
Prendre part au plaisir d'entendre des merveilles.

Je sais

HENRIETTE.

peu les beautés de tout ce qu'on écrit, Et ce n'est pas mon fait que les choses d'esprit.

PHILAMINTE.

Il n'importe aussi bien ai-je à vous dire ensuite Un secret dont il faut que vous soyez instruite.

TRISSOTIN d Henriette.

Les sciences n'ont rien qui vous puisse enflammer, Et vous ne vous piquez que de savoir charmer.

HENRIETTE.

Aussi peu l'un que l'autre ; et je n'ai nulle envie

BELISE.

Ah! songeons à l'enfant nouveau né, je vous prie.

PHILAMINTE à Lépine.

Allons, petit garçon, vîte, de quoi s'asseoir. (Lépine se laisse tomber.)

Voyez l'impertinent! Est-ce que l'on doit cheoir Après avoir appris l'équilibre des choses?

BELISE.

De ta chûte, ignorant, ne vois-tu pas les causes, Et qu'elle vient d'avoir du point fixe écarté Ce que nous appelons centre de gravité ?

Lepine.

Je m'en suis apperçu, madamę, étant par terre.

Le lourd aud!

PHILAMINTE à Lépine qui sort.

TRISSOTIN.

Bien lui prend de n'être pas de verre.

ARMANDE.

Ah! de l'esprit par-tout!

BELISE.

Cela ne tarit pas.
(Ils s'asseyent.)

PHILAMINTE.

Servez-nous promptement votre aimable repas.

TRISSOTIN.

Pour cette grande faim qu'à mes yeux on expose,
Un plat seul de huit vers me semble peu de chose;
Et je pense qu'ici je ne ferai pas mal

De joindre à l'épigramme, ou bien au madrigal,
Le ragoût d'un sonnet qui, chez une princesse,
A passé pour avoir quelque délicatesse.

Il est de sel Attique assaisonné par-tout,
Et vous le trouverez, je crois, d'assez bon goût.

ARMANDE.

Ah! je n'en doute point.

PHILAMINTE.

Donnons vite audience.

BELISE interrompant Trissotin chaque fois qu'il se disposé à lire.

Je sens d'aise mon cœur tressaillir par avance.
J'aime la poésie avec entêtement2,

Et sur-tout quand les vers sont tournés galamment.

PHILAMINTE.

Si nous parlons toujours, il ne pourra rien dire.

TRISSOTIN.

So

BELISE & Henriette.

Silence, ma nièce.

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