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De faire entrer chez vous le desir des sciences,
De vous insinuer les belles connoissances;

Et la pensée enfin où mes vœux ont souscrit,
C'est d'attacher à vous un homme plein d'esprit :
(montrant Trissotin.)

Et cet homme est monsieur, que je vous détermine
Avoir comme l'époux que mon choix vous destine.

Moi! ma mère ?

HENRIETTE.

PHILAMINTE.

Oui, vous faites la sotte, un peu 7.

BELISE d Trissotin.

Je vous entends; vos yeux demandent mon aveu
Pour engager ailleurs un cœur que je possède.
Allez, je le veux bien. A ce nœud je vous cède ;
C'est un hymen qui fait votre établissement.

Je ne

TRISSOTIN & Henriette.

sais que Vous dire en mon ravissement, Madame; et cet hymen dont je vois qu'on m'honore, Me met

HENRIETTE.

Tout beau! monsieur; il n'est pas fait encore;

Ne vous pressez pas tant.

PHILAMINTE.

Comme vous répondez !

Savez-vous bien que si...Suffit. Vous m'entendez.

(a Trissotin.)

Elle se rendra sage. Allons, laissons-la faire.

SCENE VII.

HENRIETTE, ARMANDE.

ARMANDE.

On voit briller pour vous les soins de notre mère; Et son choix ne pouvoit d'un plus illustre époux

HENRIETTE.

Si le choix est si beau, que ne le prenez-vous?

ARMANDE.

C'est à vous, non à moi, que sa main est donnée.

HENRIETTE.

Je vous le cède tout, comme à ma sœur aînée.

ARMANDE.

Si l'hymen, comme à vous, me paroissoit charmant, J'accepterois votre offre avec ravissement.

HENRIETTE.

Si j'avois, comme vous, les pédans dans la tête,
Je pourrois le trouver un parti fort honnête.

ARMANDE.

Cependant, bien qu'ici nos goûts soient différens,
Nous devons obéir, ma sœur, à nos parens.
Une mère a sur nous une entière puissance;
Et vous croyez en vain, par votre résistance-

SCENE VIII.

CHRYSALE, ARISTE, CLITANDRE, HENRIETTE, ARMANDE.

CHRYSALE & Henriette, lui présentant Clitandre.

Allons, ma fille, il faut approuver mon dessein;
Otez ce gant. Touchez à monsieur dans la main ;
Et le considérez désormais dans votre ame,
En homme dont je veux que vous soyez la femme.

ARMANDE.

De ce côté, ma sœur, vos penchans sont fort grands.
HENRIETTE.

Il nous faut obéir, ma sœur, à nos parens;
Un père a sur nos vœux une entière puissance.

ARMANDE.

Une mère a sa part à notre obéissance.

Qu'est-ce à dire ?

CHRYSALE.

ARMANDE.

Je dis que j'appréhende fort

Qu'ici ma mère et vous ne soyez pas d'accord;

Et c'est un autre époux―

CHRYSALE.

Taisez-vous, péronelle,

Allez philosopher tout le saoul avec elle,
Et de mes actions ne vous mêlez en rien.
Dites-lui ma pensée ; et l'avertissez bien
Qu'elle ne vienne pas m'échauffer les oreilles.
Allons vite.

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Quel transport! Quelle joie! Ah! que mon sort est doux!

CHRYSALE à Clitandre.

Allons, prenez sa main, et passez devant nous ; Menez-la dans sa chambre. Ah! les douces caresses! (à Ariste.)

Tenez, mon cœur s'émeut à toutes ces tendresses:
Cela ragaillardit tout-à-fait mes vieux jours;
Et je me ressouviens de mes jeunes amours.

FIN DU TROISIEME ACTE.

ACTE IV.

SCENE I.

PHILAMINTE, ARMANDE.

ARMANDE.

Oui, rien n'a retenu f son esprit en balance;
Elle a fait vanité de son obéissance;

Son cœur, pour se livrer, à peine devant moi
S'est-il donné le tems d'en recevoir la loi;
Et sembloit suivre moins les volontés d'un père,
Qu'affecter de braver les ordres d'une mère.

PHILAMINTE.

Je lui montrerai bien aux lois de qui des deux
Les droits de la raison soumettent tous ses vœux;
Et qui doit gouverner, ou sa mère ou son père,
Ou l'esprit ou le corps, la forme ou la matière.

ARMANDE.

On yous en devoit bien, au moins, un compliment; Et ce petit monsieur en use étrangement

De vouloir, malgré vous, devenir votre gendre.

PHILAMINTE.

Il n'en est pas encore où son cœur peut prétendre.
Je le trouvois bien fait, et j'aimois vos amours;
Mais, dans ses procédés, il m'a déplu toujours.
Il sait que, Dieu merci, je me mêlé d'écrire ;
Et jamais il ne m'a prié de lui rien lire.

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