EUVRES DE MOLIERE, AVEC DES REMARQUES GRAMMATICALES, DES AVERTISSEMENS, ET DES OBSERVATIONS SUR CHAQUE PIECE, PAR M. BRET. TOME HUITIEME. A LONDRES: CHEZ J. JOHNSON; J. WALKER; J. RICHARDSON; J. FAULDER; ACTEURS. CHRYSALE, bourgeois. PHILAMINTE, femme de Chrysale. ARMANDE, } filles de Chrysale et de Philaminte, ARISTE, frère de Chrysale. BELISE, sœur de Chrysale. CLITANDRE, amant d'Henriette. TRISSOTIN, bel esprit. VADIUS, savant.. MARTINE, servante. LEPINE, valet de Chrysale. La Scène est à Paris, dans la maison de Chrysale. AVERTISSEMENT DE L'EDITEUR SUR LES FEMMES SAVANTES. CETTE Comédie, en vers et en cinq actes, fut représentée sur 'le théâtre du Palais Royal, le 11 Mars 1672. Le coup que Molière avoit porté, treize ans auparavant, aux Précieuses, n'en avoit pas si généralement détruit l'espèce, que l'indigente et basse médiocrité ne pût en réunir quelques-unes qui protégeassent et la prose languissante, et les petits vers de société moins soutenables encore. Les hôtels de Rambouillet et de Longueville étoient alors deux asyles très-honorables pour les lettres, mais dangereux pour le goût de la nature et du vrai, puisque Cotin et Pradon y étoient reçus et admirés. Un grand nombre de femmes croyoient avoir évité le ridicule des anciennes Précieuses, parce qu'elles avoient allié aux bagatelles du bel-esprit la prétention des connoissances supérieures; mais une affectation pédantesque de philosophie rendoit, leur jargon moins intelligible encore; et Descartes, qui avoit fait faire un grand pas à la raison humaine, étoit devenu bien innocemment coupable des folies nouvelles de nos fausses Savantes. Molière s'arma une seconde fois contre ce dangereux abus de l'esprit et des connoissances. La raison la plus vigoureuse appuya les traits du ridicule; et l'inimitable comédie des Fem◄ mes Savantes détruisit, pour ce siècle, les derniers asyles du jargon, des pointes, et du pédantisme en cornettes. |