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Nous voici arrivés au dogme qui est véritablement le centre de l'ordre religieux. Depuis la chute, nous l'avons vu, tout se rapporte à Jésus-Christ et tout relève de lui: il n'y a de grâce et de salut que par lui. Jésus-Christ c'est tout le christianisme : tout part de lui et tout se ramène à lui, afin que lui-même reporte tout au Père dont il est sorti; car tel est le but suprême du christianisme, comme nous le comprendrons à mesure que nous connaîtrons Jésus-Christ.

Jésus-Christ, étant la pierre angulaire de tout l'édifice religieux, devait être l'objet principal des attaques de l'esprit d'erreur et de mensonge. Aussi n'y a-t-il pas de dogme qui ait provoqué autant de luttes et de discussions. Du jour même où l'Eglise naquit du sang de ce Dieu fait homme, elle dut entrer en lice pour combattre mille ennemis, secrets ou avoués, qui s'élevaient de toutes parts contre lui. Dès les premiers siècles, elle se vit obligée de

défendre point par point tous les articles et même, si je puis le dire, toutes les nuances de sa foi sur la personne et sur l'œuvre de son divin fondateur. Dans la suite, une multitude d'erreurs déjà foudroyées reparurent et suscitèrent de nouveaux combats. Plus tard enfin une révolte radicale et totale éclata contre Jésus-Christ au sein même de la société chrétienne; cette révolte continue aujourd'hui, et chaque jour nous voyons toute une classe d'hommes faire la guerre à l'Homme-Dieu. Le dogme de l'Incarnation et de la Rédemption est le grand signe de contradiction entre les deux classes qui se partagent la société contemporaine, la classe des croyants et celle des incroyants.

Il importe donc souverainement de bien connaître Jésus-Christ et de se rendre un compte exact de la croyance de l'Eglise sur cet objet capital. D'ailleurs quoi de plus doux pour un chrétien que de contempler Celui qui est l'auteur et le consommateur de sa foi, Celui dans les entrailles duquel il puise cette vie supérieure et divine dont l'épanouissement doit faire son bonheur éternel?

Pour être complet autant que nous pouvons l'être sur ce beau et grave sujet, nous exposerons d'abord la doctrine de l'Eglise; puis, après en avoir constaté rapidement la divine origine, nous signalerons les attaques les plus considérables dont elle a été l'objet ; nous tâcherons ensuite par des considérations théologiques et rationnelles de placer dans un plus grand jour la vérité et la sublimité touchante de cette doctrine.

CHAPITRE I.

Doctrine de l'Eglise sur Jésus-Christ.

La doctrine catholique touchant Jésus-Christ embrasse deux points généraux: la personne même de Jésus-Christ, ou l'Incarnation, et son œuvre, c'est-à-dire la Rédemption. Nous devrons donc traiter successivement de ces deux points. On peut en outre distinguer un troisième point qui résulte de ces deux-là, et qui concerne les titres et les qualités de Jésus-Christ. Nous en dirons un mot en particulier.

§ I.

Doctrine catholique sur la personne de Jésus-Christ.

Incarnation.

<«< Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle (1). » « Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous (2). » Le Verbe s'est fait chair, le Fils unique du Père éternel, la seconde per

(1) Joan. II, 16.

(2) « Et Verbum caro factum est et habitavit in nobis. » Joan. 1, 14.

sonne de la très-sainte Trinité, a pris la nature humaine et se l'est unie d'une union hypostatique ou personnelle, voilà en deux mots le mystère de l'Incarnation tel que l'Eglise le croit et le professe. L'Incarnation consiste dans l'union hypostatique ou personnelle du Verbe de Dieu avec la nature humaine en Jésus-Christ; en sorte que Jésus-Christ est tout à la fois Dieu et homme, bien qu'il n'y ait en lui qu'une seule personne, la personne divine du Verbe. De là, pour donner une idée complète de l'Incarnation, on a coutume de la définir: l'union hypostatique de la nature divine et de la nature humaine dans la personne unique du Verbe fait chair, appelé Jésus-Christ. Cette définition, qui comprend toute la doctrine de l'Eglise, va s'éclaircir par l'exposition détaillée de cette doctrine.

La croyance catholique, consignée déjà en termes assez clairs dans le symbole des Apôtres, est exprimée avec plus de développement dans un symbole reçu également dans toute l'Eglise, le symbole de saint Athanase. Voici ce que nous lisons dans ce symbole: « Il est nécessaire, pour le salut éternel, de croire fidèlement à l'incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Or la vraie foi est que nous croyions et que nous confessions que Notre-Seigneur JésusChrist, Fils de Dieu, est Dieu et homme. Il est Dieu, étant engendré de la substance de son Père avant les siècles; et il est homme, étant né de la substance de sa mère dans le temps. Dieu parfait, homme parfait, ayant une âme raisonnable et une chair humaine. Egal au Père selon la divinité, et inférieur au Père selon l'humanité. Quoiqu'il soit Dieu et homme, il n'y a cependant pas deux Christs, mais il est un seul Christ. Un, non que la divinité ait été

changée en l'humanité, mais parce que Dieu a pris l'humanité et l'a unie à sa divinité. Un donc, non par confusion de substance, mais par unité de personne. Car, comme l'âme raisonnable et le corps sont un seul homme, de même Dieu et l'homme ne sont qu'un seul Christ. »

Notre croyance sur la personne de Jésus-Christ est pleinement exprimée dans cette profession de foi. Il ne reste qu'à la mettre en relief.

Il y a trois points distincts énoncés dans cette profession de foi 1° la nature divine de Jésus-Christ; 2o sa nature humaine; 3o l'union de ces deux natures dans une seule personne qui est la personne du Verbe. Considérons successivement ces trois points.

I

Nature divine ou divinité de Jésus-Christ.

Tous les enfants de l'Eglise tiennent Jésus-Christ pour Dieu. Nous avons vu précédemment que la foi catholique reconnaît en Dieu trois personnes réellement distinctes quoiqu'ayant la même substance, la même nature, la même divinité. Eh bien! nous croyons que la seconde de ces personnes, le Verbe ou le Fils de Dieu, s'est réellement et véritablement incarné en Jésus-Christ. Nous affirmons donc qu'il a la nature divine dans le sens propre et rigoureux de ce mot, et qu'à ce titre il est consubstantiel au Père, Dieu comme lui, parfait et infini comme lui : Dieu parfait et égal au Père, comme parle le symbole de

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