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une véritable condamnation pour ces enfants, condamnation qui est le résultat de la faute originelle. Sans doute naturellement l'homme n'a nul droit à cette gloire céleste, et par les seules forces de sa nature il ne saurait ni y prétendre ni y atteindre; mais Dieu ne l'a point créé pour un ordre purement naturel, il l'a créé sur un plan plus élevé, il l'a fait pour un bonheur surnaturel; en sorte que pour cette créature privilégiée ne pas atteindre ce bonheur c'est être déchue, en être écartée et privée c'est subir une condamnation : elle est condamnée à ne point jouir du bien pour lequel elle était faite. On comprend donc d'après cela qu'il est permis de dire que le péché originel entraîne la damnation et qu'ainsi les enfants morts souillés de ce péché sont damnés; on voit même que, pour demeurer dans la rigueur du langage théologique, il n'est pas permis de parler autrement.

Nous verrons plus tard ce qu'entraîne la damnation pour l'homme qui est mort la conscience souillée d'un péché mortel commis par sa volonté propre et personnelle; qu'il nous suffise ici d'avoir fixé le sens strict et rigoureux de ce terme.

Nous croyons avoir exposé d'une manière nette et assez complète la doctrine catholique sur le péché originel, que nous avons considéré et dans sa cause et en lui-même et dans ses effets ou ses suites tant en ce monde qu'en l'autre. Nous sommes convaincu que bien des difficultés s'évanouiront devant cette simple exposition de l'enseignement de l'Eglise; le dogme du péché originel ne

choque beaucoup d'esprits que parce qu'ils le connaissent mal.

Il nous faut maintenant constater l'origine divine de ce dogme.

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Il n'est pas nécessaire de nous étendre longuement pour établir la divine origine du dogme du péché originel. Il y a peu d'hommes aujourd'hui, parmi ceux qui admettent franchement la divine inspiration des Ecritures, qui ne regardent cet article de notre foi comme une doctrine vraiment révélée de Dieu. Aussi je ne comprends point la possibilité pour un esprit droit et sincère de soulever le plus léger doute à cet égard. L'Ecriture sainte est pleine de la pensée de la chute comme elle est pleine de la pensée de la réhabilitation par Jésus-Christ: ces deux pensées sont corrélatives, elles se répondent et se supposent mutuellement. Toutes les prophéties du vieux Testament qui annoncent la venue du divin Libérateur sont autant de témoignages irrécusables de la déchéance de l'homme, car la nécessité du Libérateur ne s'explique que par cette déchéance; c'est ce qu'indique expressément la première de toutes les prophéties, celle que Dieu fit le jour même de la chute de l'homme lorsqu'il lui promit de briser la tête du serpent ou de l'ennemi du genre humain

par un rejeton de la femme (1): Satan vient de triompher dans la ruine de l'homme, et à l'instant même un réparateur est annoncé qui relèvera l'homme en écrasant son ennemi. Toutes les autres prophéties relatives au Sauveur du monde ne sont que le développement de celle-là, et elles ont la même signification. Partout où il est parlé du Réparateur, la chute est supposée. Et ce que nous disons des prophéties de l'ancien Testament, nous devons le dire de toutes les pages du nouveau; car le nouveau Testament est littéralement plein de Jésus-Christ, il n'y a pas une page qui n'en parle ou qui ne le suppose, et toujours comme Réparateur et Rédempteur de l'humanité déchue; partout donc le péché originel est supposé. M. Laurent lui-même, qui attaque si vivement le dogme du péché originel, reconnaît et proclame avec nous cette corrélativité de la chute et de la réparation dans la religion chrétienne. « La vague croyance d'une chute, dit-il, a été formulée en dogme positif par saint Paul; c'est sur ce dogme que l'Apôtre des Gentils bâtit l'édifice du christianisme. La corruption de l'homme demande un réparateur: Dieu l'envoya à l'humanité en la personne de son Fils. L'incarnation et le péché originel sont unis d'un lien indissoluble; les deux dogmes n'en forment pour ainsi dire qu'un, et ils servent de base à toute la théologie chrétienne (2). Oui, déchéance et réhabilitation, voilà les deux termes auxquels se ramène toute l'économie de la

(1) Gen. III. 15.

(2) Etudes sur l'histoire de l'humanité, Le christianisme, p. 445. Gand 1855.

religion chrétienne, et, pour qui sait lire, c'est là aussi ce qui forme la partie principale et vraiment fondamentale. des Ecritures, tant de l'ancien que du nouveau Testament.

Nous n'entrerons pas dans le détail des nombreux passages de l'Ecriture Sainte qui expriment ou supposent la doctrine du péché originel, nous nous bornerons à signaler rapidement quelques-uns des textes où cette doctrine est énoncée d'une manière plus spéciale et plus formelle.

Et d'abord ne résulte-t-il pas évidemment du récit même de la chute de nos premiers parents, tel que la Genèse nous l'offre, que la prévarication d'Adam, comme parle le concile de Trente, n'a pas nui à lui seul, mais à sa race tout entière? N'est-il pas manifeste, d'après tous les traits de ce récit que nous avons rapporté plus haut, que l'arrêt prononcé contre Adam et Eve à cause de la transgression du précepte de Dieu est porté nonseulement contre leurs personnes, mais contre tous leurs descendants? Le soulèvement de la chair contre la raison, signe si douloureusement éclatant de la déchéance de l'état surnaturel et royal où l'homme était établi ; la terre maudite, le travail à la sueur du front; l'enfantement dans la douleur pour la femme, l'assujétissement à la domination de l'homme; la mort enfin pour couronnement de ces misères diverses; tout cela, dans la pensée de l'écrivain sacré, ne s'applique-t-il pas à l'espèce humaine tout entière dont Adam et Eve étaient les représentants? Evidemment oui. Le récit de la Genèse contient donc visiblement toute la doctrine catholique du péché origi

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