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fage. Ifabelle lui apprend que Léandre, loin de fe corriger, a gliffé un billet à travers la fente de la porte, avec une bourfe de 400 louis, qu'elle remet au docteur pour les lui faire reprendre.

Le pédant s'acquitte exactement de fa commiffion, & étonne bien le jeune homme, à qui, pour l'éloigner du deffein de corrompre Ifabelle, il dit ces vers inconcevables, qui donneront une idée du ftyle de l'ouvrage, & qui feront voir combien Molière s'élève au-deffus de fon fiècle..

Enfin elle m'a dit que toutes fes vertus
Prenant fon intérêt ne t'épargneront plus,
La vertu-chou viendra pour te caffer la tête,
La vertu bleu le nez, de même qu'à la fête,
La vertu guienne encor ne t'épargnera pas,
Et les autres vertus te cafferont les bras.

Léandre reçoit bientôt une nouvelle correction pour avoir efcaladé le mur du jardin, & s'être gliffé le long d'un figuier dans l'appartement d'lfabelle. Cette indication précife conduit le jeune écolier chez la femme du Capitan; mais au milieu du rendez-vous on entend le mari revenir. Ifabelle s'avife de faire paffer fon amant pour un efprit; elle fait des cris effrayans qui intimident le matamore. qui l'efprit fait rendre fon épée; Ifabelle, dans les convulfions de fon effroi, fe jette au cou du reveTome II.

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nant pour lui demander grace, & le Capitan admire le courage de fa femme.

Tel eft le dénouement de cette farce, où Molière, en habile homme, faifit quelques foibles lueurs, dont le fieur Dorimont avoit bien mal profité pour se conduire. Tel eft, par exemple, cette fcène où Léandre tient des difcours à Trapolin, qui ne font bien entendus que par Ifabelle, & qui, probablement, a infpiré à Molière les tournures fines de Valère & d'Ifabelle, qui fe font les plus vives proteftations d'amour, fans que Sganarelle préfent y foupçonne rien. Voyez l'admirable scène 14° du 2o acte.

Molière s'eft bien gardé de faire choisir à Isabelle un confident fans intérêt comme le Docteur. Il avoit

trop de respect pour les bienséances pour donner d'autres vues à sa jeune perfonne que celles d'un établissement; enfin l'art du théâtre, avec mille pièces comme celle de Dorimont, pouvoit refter dans fon chaos, & l'Ecole des Maris étoit faite pour l'en tirer, & pour fervir à jamais de règle à tous les auteurs dramatiques.

C'eft de ce chef-d'œuvre de notre Théâtre que le Sieur de Vifé ofa dire que s'il avoit cinq actes, il pouroit marcher après le Menteur & les Vifion

naires.

L'École des Maris fut le premier ouvrage que

Molière dédia; & chef de la Troupe de Monfieur, dont la protection l'avoit retenu à Paris, ce fut à ce Prince qu'il confacra fon premier ouvrage litté

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ACTEURS.

SGANARELLE, frère d'Arifte.

ARISTE, frère de Sganarelle.

ISABELLE, fœur de Léonor.

LÉONOR, fœur d'Ifabelle.

VALÈRE, amant d'Ifabelle.

LISETTE, fuivante de Léonor.
ERGASTE, valet de Valère.

UN COMMISSAIRE.

UN NOTAIRE.

DEUX LAQUAIS.

La fcène eft à Paris, dans une Place publique.

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