Déjà de ce moment la barbare longueur Faut-il encor pour vous conferver des bontés, Et vous voir m'outrager par tant d'indignités ? D. GARCIE. Un cœur ne peut jamais outrager quand il aime; fait l'amour, il l'excuse lui-même. Et ce que D. ELVIR E. L'amour n'excufe point de tels emportemens. D. GARCIE. Tout ce qu'il a d'ardeur paffe en fes mouvemens; Et plus il devient fort, plus il trouve de peine... D. EL VIR E. Non, ne m'en parlez point, vous méritez ma haine. D. GARCI E. Vous me haïffez donc ? D. EL VIR E. J'y veux tâcher au moins: Mais, hélas ! je crains bien que j'y perde mes foins Et que tout le courroux qu'excite votre offense Ne puiffe jufques-là faire aller ma vengeance. D. GARCIE. D'un fupplice fi grand ne tentez point l'effort, Puifque pour vous venger je vous offre ma mort ; Prononcez-en l'arrêt, & j'obéis fur l'heure. D. ELVIR E. Qui ne fauroit haïr, ne peut vouloir qu'on meure. Et moi, je ne puis vivre, à moins que vos bontés Hélas! j'ai trop fait voir ce que je puis réfoudre Par l'aveu d'un pardon ; n'eft-ce pas fe trahir, Ah! c'en eft trop; fouffrez, adorable Princeffe.... Laiffez; je me veux mal d'une telle foibleffe. Enfin je fuis... SCÈNE VII. D. GARCIE, D. LOPE D. LOPE SEIGNEUR, je viens vous informer D'un fecret dont vos feux ont droit de s'alarmer. D. GARCI E. Ne me viens point parler de fecret ni d'alarme A tous ces vains rapports doit fermer mon oreille, D. LOPE. Seigneur, je veux ce qu'il vous plaît; Mes foins entout ceci n'ont que votre intérêt. J'ai cru que le fecret que je viens de furprendre, Et que D. GARCI E. La Castille du moins n'aura pas la victoire, D. LO PE. Seigneur, je n'ai rien à vous dire. D. GARCI E. Va, va, parles, mon cœur t'en donne le pouvoir. D. LO PE. Vos paroles, Seigneur, m'en ont trop fait savoir, Et, puifque mes avis ont de quoi vous déplaire, Je faurai déformais trouver l'art de me taire. D. GARCIE. Enfin, je veux favoir la chofe abfolument. D. LOPE. Je ne réplique point à ce commandement. |