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Les poëtes dérogent à ce principe toutes les fois que la mesure ou l'harmonie l'exige; si cette licence n'était pas accordée à la poésie, les plus habiles renonceraient à faire des vers :

(Voltaire.)
(Corneille.)

(J.-B. Rousseau.)

Je pardonne à la main par qui Dieu m'a frappé.
Soutiendrez-vous un faix sous qui Rome succombe?
Du haut de la montagne où sa grandeur réside
Il a brisé la lance et l'épée homicide
Sur qui l'impiété fondait son ferme appui.

Lequel, laquelle, etc., compléments d'une préposition, se disent des personnes et des choses:

La pierre philosophale de l'orgueil humain, la chimère après LAQUELLE l'amourpropre court en aveugle, le terme que les hommes se proposent toujours et qu'ils n'atteignent presque jamais, c'est l'indépendance. (J.-J. Rousseau.)

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Un des écueils contre LEQUEL la justice fait souvent naufrage, c'est la PRÉVENTION : les grands, surtout, ne donnent que trop souvent dans cet écueil.

(J.-J. Rousseau.)

Les poëtes dérogent à ce principe toutes les fois que la mesure ou l'harmonie l'exige :

Je pardonne à la main par qui Dieu m'a frappé. (Voltaire.) Les plaisirs sont des terres MARÉCAGEUSES sur lesquelles il faut courir fort légèrement sans y arrêter le pied. (Fontenelle.)

IV. Il est donc indifférent d'employer qui ou lequel précédé d'une préposition, quand l'antécédent est un nom de personne. Le goût seul décide quel est celui des pronoms qui convient le mieux à la phrase: L'homme A QUI OU AUQUEL vous vous adressez est tout-puissant. Les femmes POUR QUI OU POUR LESQUELLES vous faites ces emplettes, etc.

Il y a des hommes EN QUI la politesse n'est que l'expression d'un sentiment habituel de bienveillance. (Azaïs.)

Dont, duquet, d'où.

Dont, complément d'un verbe ou d'un adjectif, peut se rapporter ou à un nom de personne ou à un nom de chose :

Heureux le peuple DONT l'histoire est ENNUYEUSE. (Montesquieu.)

Le sénat attachait à Rome des ROIS DONT elle avait peu à CRAINDRE. (Le même.)

Il prévoyait l'avenir par la profonde sagesse qui lui faisait connaître les hommes et les DESSEINS DONT ils sont capables. (Fénelon.)

Il y a de certaines CHOSES DONT la médiocrité est insupportable: la poésie, a musique, la peinture, le discours public. (La Bruyère.)

II. Dont, duquel, ne s'emploient pas l'un pour l'autre; dont précède toujours le substantif auquel il sert de complément :

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Duquel peut seul être placé après le substantif auquel il se rapporte, lorsque celui-ci est précédé d'une préposition :

Les paysans attachés à la glèbe étaient la propriété de leurs seigneurs, au POUVOIR DESQUELS rien ne pouvait les soustraire. (J.-J. Rousseau.)

III. Dont, d'où, employés comme compléments des verbes qui expriment une idée d'extraction, de sortie, de séparation, ne doivant plus aujourd'hui être pris l'un pour l'autre.

On emploie dont pour exprimer une relation morale, l'idée d'être issu, d'être né.

L'hymen vous lie encore aux dieux dont vous sortez.

(Racine.) On emploie d'où pour exprimer la sortie d'un lieu, la séparation considérée sous un point de vue matériel :

Vénus remonte dans le nuage D'où elle était sortie. (Fénelon.)

IV. Toutes les fois qu'on veut exprimer une idée de localité, c'est d'où qu'il faut employer: Le lieu d'où je sors; Le péril D'où je m'échappe.

Dans les autres cas, on doit se servir de dont : La famille DONT je sors; Le péril DONT je me dégage.

Dont et d'où, qui ont une même étymologie (de unde), s'employaient anciennement l'un pour l'autre :

Hélas! dont venez-vous, bonhomme,

Par la voye que vous tenez?

(Débat de l'Iver et de l'Esté.)

Où.

Où, pour auquel, dans lequel, etc., est d'un usage fréquent dans les vers et dans le langage familier :

L'instant où nous naissons est un pas vers la mort.

(Voltaire.)

C'est un mal où mes amis ne peuvent porter remède. (Montesquieu.)

Et moi, par un bonheur où je n'osais penser,

L'un et l'autre à la fois je puis vous embrasser. (Racine.)

Ne pénétrez pas dans les abîmes de l'infini: laissez à Dieu cette nuit profonde où il lui plaît de se retirer avec sa foudre et ses mystères. (Le P. Guénard.)

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J'ai cru qu'il fallait m'exercer

Au mépris des grandeurs où j'allais renoncer. (Regnard.)

On dit que les pilotes craignent au dernier point ces mers pacifiques où l'on ne peut naviguer, et qu'ils veulent du vent, au hasard d'avoir des tempêtes.

(Fontenelle.)

Quoi.

Quoi, complément d'une préposition, s'emploie pour lequel, lesquels, quand l'antécédent est un terme indéfini : Il n'y a RIEN sur QUOI l'on ait plus écrit.

Les prosateurs et les poëtes l'employaient autrefois avec un antécédent déterminé :

Un sergent baillera de faux exploits sur quoi vous serez condamné. (Molière.) Madame, à vrai dire,

Ce n'est pas le bonheur après quoi je soupire. (Le même.)

Si l'antécédent est le pronom ce employé comme complément direct, il est élégant de l'ellipser; ainsi, au lieu de dire: Je ne puis deviner CE A QUOI il pense, on dit mieux: Je ne puis deviner A QUOI il pense.

Voilà sur quoi je veux que Bajazet prononce.

Que.

(Racine.)

Que s'emploie quelquefois pour à quoi, de quoi, en quoi, dans les propositions interrogatives: QUE sert votre mauvaise humeur? Qu'avez-vous à vous plaindre? Qu'a-t-il besoin de mes conseils? Cet emploi de que est fort restreint.

OBSERVATION. Il faut avoir soin de ne pas multiplier les qui et les que dans une même phrase, et l'on doit éviter surtout de les rapprocher de manière à ce qu'il en résulte une construction désagréable. Ainsi, dire :

C'est un procès qu'on a cru qu'on perdrait.

Quelques-uns ajoutent même des détails qu'il serait à souhaiter qui fussent vrais. c'est s'exprimer d'une manière contraire à l'élégance. Il faut dire :

C'est un procès qu'on a cru perdre.

Quelques-uns ajoutent des détails qu'il serait à souhaiter de voir se vérifier.

Emploi des pronoms possessifs.

I. Les pronoms possessifs le mien, le tien, le sien, le nôtre, le vôtre, le leur, etc., sont très-souvent employés substantivement, 1o Au singulier, pour signifier ce qui appartient à chacun :

LE TIEN et LE MIEN sont la source de toutes les divisions et de toutes les querelles. (La Rochefoucauld.)

2o Au pluriel, pour désigner les parents, les amis, les proches, les compatriotes, les partisans d'une personne, etc Moi et LES MIENS; lui et LES SIENS.

II. Hors de là, tout pronom possessif se rapporte toujours à un substantif exprimé, et s'accorde avec lui en genre seulement; le nombre auquel le pronom figure est subordonné au sens et à la pensée :

J'ai été élevé avec vous; vos PLAISIRS ont été LES MIENS, jamais mon cœur ne connut d'autres INTÉRÊTS que LES VÔTRES. (Raynal.)

LA MUSIQUE des anciens Grecs était fort différente de LA NÔTRE. (Voltaire.)

Ne doublons pas leur force en divisant les nôtres,

A nos armes contre eux réunissez les vôtres. (L. Arnault.)

Pour que le sens soit net et l'expression claire, il faut que le pronom se rapporte à un terme précédent; on ne doit donc pas imiter la construction suivante :

En défendant le tien, tu nous as convaincu

Que tu sais respecter le culte des vaincus. (C. Delavigne.)

Car de cette construction il résulte souvent une amphibologie :

Je suis avec les miens la trace de ses piés,
Comme si ce contact les eût sanctifiés!

(Lamartine.)

III. On doit donc abandonner au style du commerce les formes suivantes: En réponse à LA MIENNE du 20 dernier, LA VÔTRE du 30 m'annonce, etc.; car les pronoms ne sont en rapport avec aucun substantif. On doit dire, pour être correct: En réponse à MA LETTRE, LA VÔTRE, etc.

. IV. Dans le style familier, on emploie quelquefois le pronom possessif sans article, ou précédé de l'article indéfini un. Dans le premier cas, il est toujours joint à un substantif qu'il suit : Cette découverte est MIENNE. Dans l'autre, il précède toujours le substantif: UN MIEN parent m'a assuré le fait.

V. Les noms de choses employés figurément pour des noms de personnes, doivent être représentés par des pronoms personnels, et non par des pronoms possessifs.

On dira donc, en parlant d'un écrivain: Il n'y a pas de meilleure PLUME que LUI, et non que LA SIENNE; et d'un magistrat : Il n'y a pas au palais de plus forte TÊTE que vous, et non pas que LA VÔTRE, parce que, dans le premier exemple, l'instrument (la plume) est pris pour celui qui s'en sert (l'écrivain), et que, dans le second, la partie (la tête) est prise pour le tout (l'homme, le magistrat).

Emploi des pronoms démonstratifs.

Ce.

I. Ce, pronom invariable, représente des substantifs employés aux deux nombres :

C'est le fils de nos rois, c'est le sang de Cresphonte,

C'est le mien, c'est le seul qui reste à ma douleur. (Voltaire.)

CB furent les Phéniciens qui les premiers inventèrent l'écriture. (Bossuet.)
C'est un méchant métier que celui de médire. (Boileau.)

II. Ce est employé pour cela, comme sujet du verbe être, quand l'attribut est un adjectif :

C'est urgent, car il a le transport au cerveau. (C. Delavigne.)

III. Cela est préférable quand on veut donner à l'expression un sens plus positif et plus précis :

Oh! Monsieur, avoir un carrosse à soi, ou être obligé d'emprunter ceux de ses amis, CELA est bien différent. (Lesage.)

J'aime cette maxime_chinoise : L'âme n'a point de secrets que la conduite ne révèle. CELA est vrai à Paris comme à Pékin. (Suard.)

IV. Ce est employé très-élégamment pour il, ils, elle, elles, quand l'attribut de la proposition n'est pas un adjectif:

La modestie est belle, enchâssée à propos;
Mais, hors de son endroit, c'est la vertu des sots.

C'est-à-dire : ELLE est la vertu des sots.

(Boursault.)

Chez eux, ces hommes sont des despotes; à la cour, CE sont des valets. Bien loin d'être des demi-dieux, ce ne sont pas même des hommes. (Fénelon.) La louange est quelquefois l'hommage que l'admiration rend aux vertus, ou la reconnaissance au génie; sous ce point de vue, c'est une des choses les plus grandes qui soient parmi les hommes. (Thomas.)

V. Dans les phrases interrogatives, ce donne à la pensée beaucoup plus de vivacité que il :

Quoi donc, à votre avis, fut-ce un fou qu’Alexandre?

(Boileau.)

Changez la construction et dites : Alexandre FUT-IL un fou? la pensée sera la même, mais l'expression sera moins vive et moins rapide.

VI. Ce doit être employé toutes les fois qu'on veut déterminer d'une manière précise l'objet de la pensée: Quelle heure est-CE? C'est

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