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sente logiquement et grammaticalement, est celui sur lequel l'attention se porte et se fixe d'une manière à peu près exclusive; dans les exemples qui suivent, la concordance grammaticale est donc d'accord avec le sens :

C'est un de mes procès qui m'a ruinė.

C'est UN DES procès qui m'oNT ruiné.

C'est plus le GÉNÉRAL que les officiers QUI EST BLÅMABLE.

C'est moins le général que les officiers qui sont blamables. ( Boniface.)

D'après ces principes, il faudra dire au singulier : C'est UN de nos meilleurs grammairiens qui a fait cette faute, parce qu'il s'agit d'un GRAMMAIRIEN qui a fait cette faute; et au pluriel : Votre ami est UN des hommes qui PÉRIRENT dans la sédition, parce qu'il s'agit de plusieurs hommes qui périrent.

Ainsi, on doit dire, comme l'a très-bien établi Lemare,

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Dans les phrases de la première colonne, le verbe, l'adjectif et le participe sont mis au singulier, parce qu'ils se rapportent au substantif sous-entendu après un : C'est UN de mes enfants qui s diné chez vous; l'action de dîner est faite par un de mes enfants. Dans les phrases contenues dans la seconde colonne, le verbe, l'adjectif et le participe sont mis au pluriel, parce qu'ils se rapportent au substantif pluriel mis après un de ou un des: C'est un des enfants qui ont diné chez vous; tous les enfants participent à l'action de dîner. Voici des exemples en parfait accord avec ces principes:

UNB des plus belles maximes de la milice romaine ÉTAIT qu'on n'y louait fausse valeur. (Bossuet.)

pas la

UNE des choses qu'on imprimait le plus fortement dans l'esprit des Égyptiens ÉTAIT l'estime et l'amour de la patrie. (Le même.)

Le passage du Rhin est UNE DES plus merveilleuses actions qui AIENt été faites. (Boileau.)

Ce dessin m'a fourni une des scènes qui ont le plus réussi dans ma tragédie. (Racine.) L'empereur Antonin est regardé comme UN DES plus grands princes qui aient régné. (Rollin.)

M. de Turenne a eu tout ce qu'il fallait pour faire UN DES PLUS GRANDS CAPITAINES qui FURENT jamais. (Mascaron.)

Henri VIII était un des PLUS GRANDS FLÉAUX qu'ait ÉPROUVÉS la terre. (Voltaire.) L'exorde de l'oraison funèbre de Turenne est UN DES MORCEAUX les plus finis qui SOIENT sortis de la plume de Fléchier. (La Harpe.)

Tasse eut pour père UN DES ÉCRIVAINs qui contribuèreNT le plus efficacement à mettre en honneur la poésie italienne. (Suard.)

Après un de ceux qui, le verbe de la proposition incidente se met toujours au pluriel :

Je suis peut-être UN DE CEUX QUI CULTIVENT les lettres, en France, avec le moins de succès. (Voltaire.)

VI. Nombre du verbe être après le pronom ce.

I. Le verbe être, précédé de ce, se met généralement au pluriel, lorsque l'attribut de la proposition est un nom ou un pronom pluriel de troisième personne :

CE FURENT LES PHÉNICIENS qui, les premiers, inventèrent l'écriture. (Bossuet.) D'un courage naissant sont-ce là les essais? (Racine.)

CE SONT les ouvrages médiocres qu'il faut abréger. (Vauvenargues.)

Ce n'étaient plus ces jeux, ces festins et ces fêtes,
Où de myrte et de rose ils couronnaient leurs têtes.

(Voltaire.)

Ce ne SONT ni les arts ni les métiers qui peuvent dégrader l'homme, CE SONT les vices. (Bernardin de Saint-Pierre.)

Mais on dira avec le singulier, pour éviter une cacophonie :

EST-CE les sons de l'orgue qui vous ont ému à ce point?

II. Suivi d'un pronom pluriel de première ou de seconde personne, le verbe étre se met toujours au singulier :

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Quand les vices nous quittent, nous nous flattons de la créance que C'EST NOUS qui les quittons. (La Rochefoucauld.)

C'est vous, braves amis, que l'univers contemple.

(Voltaire.)

III. Le verbe étre se met encore au singulier, s'il est suivi de plusieurs noms ou pronoms de nombre singulier :

C'EST ELLE et LUI qui vous invitent.

L'aliment de l'âme, C'EST LA VÉRITÉ et la JUSTICE. (Fénelon.)

C'EST votre ORGUEIL et votre EMPORTEMENT qui vous trompaient. (Le même.) Dans les ouvrages de l'art, c'EST le TRAVAIL et l'achèvement que l'on considère, au lieu que dans les ouvrages de la nature, c'EST le SUBLIME et le prodigieux.

(Boileau.)

(Racine.)

Ce n'est plus le jouet d'une flamme servile, C'est Pyrrhus, c'est le fils et le rival d'Achille. C'EST le NOMBRE du peuple et l'ABONDANCE des animaux qui font la vraie force et la vraie richesse d'un royaume. (Fénelon.)

IV. Mais si le verbe être, suivi de plusieurs substantifs de nombre singulier, est précédé d'un pluriel avec lequel il se trouve en rapport plus immédiat, il prend alors le nombre pluriel :

LES PLUS GRANDS POËTES dont la France se glorifie, CE SONT Corneille, Racine, Molière et la Fontaine.

Quelles sont LES TROIS VERTUS théologales? CE SONT la Foi, l'Espérance et la Charité. (Condillac.)

V. Le verbe être, précédé du pronom ce et suivi d'un complément indirect de nombre pluriel, se met toujours au singulier :

Cruel! c'est à ces dieux que vous sacrifiez. (Racine.) C'EST des contraires que résulte l'harmonie du monde.

(Bernardin de Saint-Pierre.)

Dans ces phrases, et dans celles qui sont analogues, le substantif pluriel mis à la suite du verbe être, appartient à un verbe qui suit : dans la première phrase, c'est sacrifiez, et dans la seconde, c'est résulte.

VI. Si l'attribut est un nom ou un pronom de nombre pluriel, suivi d'une proposition incidente, le verbe étre se met généralement au pluriel si l'incidente commence par qui (sujet), et au singulier si elle commence par que (complément) :

Ce sont les mœurs qui font la bonne compagnie. (La Chaussée.) Ce n'est pas les Troïens, c'est Hector qu'on poursuit. (Racine.) Ce ne sont pas les pierres qui font le temple, c'est la pensée. (E. Alletz.) C'est eux que j'en atteste; ils sont tous trois mes guides,

Ils vous arracheront aux mains des parricides.

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(Voltaire.)

OBSERVATION.- -On rencontre dans les écrivains beaucoup d'exemples en opposition avec ces principes; on peut même dire que le verbe étre a été indifféremment employé jusqu'ici au singulier ou au pluriel dans les deux cas que nous avons cru devoir signaler.

Ainsi on trouve :

Ce sera nos descENDANTS QUI nous jugeront. (Planche.)

Ce ne SONT point LES MÉDECINS Qu'il joue, c'est la médecine. (Molière.)

CE SONT moins Leurs ennemis que les animaux fuient, que la présence de l'homme. (Buffon.)

Quoi qu'il en soit, nous croyons que l'emploi du singulier dans la première de ces phrases est une concession faite à l'harmonie, et que l'emploi du pluriel dans les deux autres est une négligence; dans l'une, en effet, le substantif pluriel fixe particulièrement l'attention, c'est l'objet principal de la pensée, et c'est avec lui seul que l'accord du verbe peut et doit s'établir; car la phrase équivaut à celle-ci : NOS DESCENDANTS SERONT CEUX qui nous jugeront; dans les autres, au contraire, l'attention se porte, non sur les substantifs pluriels, mais sur les propositions incidentes qui renferment l'idée principale et dominante; pour s'en convaicre, il suffit de les analyser : IL N'EST POINT VRAI QU'IL JOUE les médecins, c'est la médecine QU'IL JOUE. IL EST VRAI QUE LES ANIMAUX FUIENT moins leurs ennemis que la présence de l'homme.

VII. On dit : C'EST HUIT HEURES QUI sonnent, parce qu'ici le nombre cardinal est employé pour le nombre ordinal, et qu'on a dans l'esprit, non huit heures, mais une heure précise, la huitième; mais on dirait très-bien: CE SONT QUATRE HEURES QUI m'ont paru longues, parce qu'il s'agit ici, non de la quatrième heure, mais de plusieurs heures, de quatre heures.

CE SONT DEUX HEURES qui s'écoulent rapidement pour un condamné que celles qui précèdent son supplice.

C'est deux heures qu'il vous faut au moins pour terminer votre travail.

VIII. Il en est de même si la phrase est interrogative :

Sont-ce des RELIGIEUX et des prêtres qui parlent de cette sorte? (Pascal.)
EST-CE LES ANGLAIS QUE vous aimez ? (Académie.)

IX. Dans les phrases interrogatives, le verbe être se met au singulier par raison d'euphonie toutes les fois qu'il pourrait résulter du rapprochement de la finale plurielle et du pronom un concours de sons désagréable à l'oreille: ainsi, au lieu de furent-ce, seront-ce, on dit fut-ce, sera-ce, etc.

SERA-Ce de nouveaux barbares qui domineront un jour sur cette contrée?

X. Quand si ce n'est est suivi de pas ou de point, le verbe être est soumis aux règles que nous avons établies :

Si ce ne SONT Point vos talents qui vous font des amis, ce sont vcs bonnes qualités.

Si CE ne SONT PAS les ennemis qui vous poursuivent.

XI. Mais quand si ce n'est est employé sans une des particules négatives pas ou point, il forme une expression invariable qui équivaut à sinon, et le verbe être qui en fait partie figure toujours au nombre singulier:

Qui a corrompu et perdu la république romaine, SI CE N'EST les richesses des peuples vaincus?

VII. Nombre du ver e être après plusieurs infinitifs

employés comme sujets.

I. Dans une proposition où plusieurs infinitifs sont employés comme sujets, si l'attribut est de nombre pluriel, le verbe se met au pluriel :

LIRE trop et LIRE trop peu sont deux DÉFAUTS. (Lemare.)

VIVRE chez soi, ne RÉGLER que soi et sa famille, ÊTRE simple, juste et modeste, SONT des vertus pénibles, parce qu'elles sont obscures. (Fontenelle.}

II. Mais si l'attribut est du singulier, c'est à ce nombre que presque toujours le verbe est employé :

BIEN ÉCOUTER et BIEN RÉPONDRE EST UNE des plus grandes perfections qu'on puisse avoir dans la conversation. (La Rochefoucauld.)

VIVRE libre et TENIR peu aux choses de la vie, EST le meilleur moyen d'apprendre à mourir. (J.-J. Rousseau.)

III. Dans ce dernier cas, il est plus élégant de placer le pronom ce avant le verbe être :

PRENDRE les choses comme elles sont et les EMPLOYER comme les circonstances de permettent, c'est la sagesse pratique de la vie. (Lacretelle.)

PRODUIRE et CONSERVER, C'EST l'acte perpétuel de la puissance.

Être allié de Rome et s'en faire un appui,
C'est l'unique moyen de régner aujourd'hui.

(J.-J. Rousseau.)

(Corneille.)

DES COMPLÉMENTS DES VERBES.

1. Les compléments ou régimes sont, comme nous l'avons déjà dit, les termes qui achèvent ou complètent le sens que le verbe ne peut exprimer seul.

II. Un verbe ne peut avoir qu'un complément direct et qu'un complément indirect, simples ou composés :

Le dernier degré de la perversité est de faire servir LES LOIS À L'INJUSTICE. (Voltaire.)

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