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1° Suppression de toute lettre inutile ou nulle dans la prononcia

tion;

2o Adoption des mêmes signes pour les sons identiques.

Des accents orthographiques.

Nous avons trois accents orthographiques :

L'accent aigu,

L'accent grave,

L'accent circonflexe (1).

L'accent aigu (é) se met sur tous les é fermés: bonté, charité, aimé, pré, vérité.

L'accent grave (è), sur tous les è ouverts qui terminent la syllabe accès, procès, succès, règle, prophète, etc.

La lettre s, à la fin d'un mot, n'empêche pas qu'on ne donne à ce mot le son qui lui est propre : bontés, succès, etc.

L'accent circonflexe (é) se met sur toutes les voyelles longues par suite d'une contraction: béte, téte, tempête, même, apôtre, le nôtre, etc.

L'accent circonflexe se place sur dû, participe du verbe devoir, pour le distinguer de du article.

Aujourd'hui l'accent circonflexe s'emploie rarement comme signe de distinction; c'est presque toujours comme signe de contraction.

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Apostrophe, tréma, cédille, trait-d'union.

L'apostrophe (') (1) est un petit trait placé à droite et en haut d'une lettre, qui indique que la voyelle qui suivait cette lettre a été supprimée : l'enfant pour le enfant; l'histoire pour la histoire; s'il vient pour si il vient.

Le tréma (ë) (2), qu'on nomme aussi diérèze (3), consiste en deux points placés horizontalement sur la seconde lettre d'une voyelle double : il indique qu'au lieu de prononcer ces deux voyelles d'une seule émission de voix, il faut les séparer dans la prononciation; ainsi on met le tréma sur judaïque, prosaïque, coïncider, héroïne, haïr, ambiguë, ciguë, afin que chacune des voyelles ai, oi, ue, se prononce, ce qui n'a pas lieu dans les mots dais, je sais, coin, je hais, brigue, intrigue.

La cédille (ç) (4) est un petit signe que l'on place sous le c devant a, o, u, et qui indique que le c prend devant ces lettres le son sifflant qu'il a devant l'e et l'i: traça, traçons, reçu.

Le trait-d'union (-) est un petit trait horizontal placé entre deux mots tellement joints entre eux, dans l'usage ordinaire, qu'ils semblent n'en faire qu'un.

On joint au moyen du trait-d'union les divers éléments de beaucoup de mots composés : blanc-seing, garde-manger, etc.

Très, suivi d'un adjectif ou d'un adverbe, prend toujours ce trait-d'union très-sage, très-humblement; anciennement il ne formait qu'un seul mot avec le terme qu'il modifiait, et l'on écrivait tressage, tresbon, etc.

On place le trait-d'union après les verbes employés interrogativement et suivis de leurs pronoms que dis-je? que fais-tu? plait-il?

On s'en sert enfin, en imprimerie, à la fin de la ligne quand on est forcé de rejeter au commencement de l'autre ligne la dernière partie d'un mot.

(1) Aπócτρopos, apostrophe; gr.

(2) Teñpa, trou ; gr.

(3) ▲raíçɛ0:5, division; gr.

(4) Cedilla, petit c; espagnol.

DEUXIÈME PARTIE.

LEXICOGRAPHIE.

On entend par lexicographie (1) la partie de la grammaire qui traite de l'orthographe ou des diverses modifications que peut subir la forme des mots, et qui analyse les divers éléments dont ils se composent.

CHAPITRE PREMIER.

DU NOM OU SUBSTANTIF.

Le nom ou substantif est un mot qui exprime un objet considéré en lui-même et indépendamment des qualités qui lui sont propres : animal, homme, métal, bonté, justice, grandeur.

Des noms propres et des noms communs.

On divise les substantifs en noms propres et en noms communs ou appellatifs, à cause de l'appellation commune aux individus de toute une espèce.

Le nom propre est celui qui désigne un seul individu ou un seul objet, ou celui qui ne convient qu'à une individualité distincte : Alexandre, Corneille, Paris, la Seine.

Le nom commun ou appellatif est celui qui exprime une idée qui convient à toute une classe d'objets homme, arbre, oiseau.

On doit remarquer deux choses dans les noms : la compréhension de l'idée et l'étendue de la signification.

Par la compréhension de l'idée, on entend toutes les idées partielles qui constituent la nature commune de l'être exprimé par le nom; ainsi le mot animal comprend l'idée générale d'être et l'idée particulière d'être animé, vivant; le mot homme comprend, comme animal, les idées d'être et d'être vivant, et, de plus, celles d'être intelligent, raisonnable, sociable, etc.

(1) Λέξις, mot, γράφω, j'écris; gr.

Par l'étendue de la signification, on entend la quantité d'individus auxquels on applique actuellement l'idée de la nature commune annoncée par le nom; ainsi le mot étre, qui s'applique à tout ce qui existe, a une étendue de signification plus grande que animal, qui s'applique exclusivement aux êtres animés et vivants, et animal, à son tour, a une étendue de signification plus grande que homme, qui ne s'applique qu'aux animaux doués de raison.

De ce qui précède, il résulte que moins il entre d'idées partielles dans la compréhension, plus il y a d'individus auxquels on peut appliquer l'idée générale; qu'au contraire plus la compréhension renferme d'idées partielles, moins il y a d'individus auxquels on puisse l'appliquer; et qu'enfin tout changement fait à la compréhension d'un nom entraîne un changement contraire dans l'étendue de sa signification.

Des noms collectifs.

Parmi les noms communs ou appellatifs, on distingue les noms collectifs.

On nomme collectifs les noms qui expriment une réunion d'êtres de même nature, et l'idée de plusieurs personnes ou de plusieurs choses peuple, armée, troupe.

Les collectifs sont ou partitifs, ou généraux.

Les noms collectifs partitifs sont ceux qui désignent seulement une partie des choses ou des personnes dont on parle, et qui n'expriment qu'une quantité vague et indéterminée; ils sont ordinairement précédés de un, une : UNE FOULE de soldats, UNE QUANTITÉ de fruits.

Les noms collectifs généraux sont ceux qui marquent la totalité des personnes ou des choses dont ont parle, ou qui expriment un nombre déterminé, une quantité certaine; ils sont toujours précédés de le, la, les, ce, cette, mon, ton, notre, etc.: LE NOMBRE des troupes, LA TOTALITÉ des élèves, LA FOULE des soldats, LA MOITIÉ des fruits, CETTE SORTE de poire.

Du genre.

Le genre est la propriété qu'ont les noms de représenter le sexe réel ou fictif des êtres.

Il y a en français deux genres, le masculin et le féminin.

Primitivement, le genre a été l'expression du sexe de l'être représenté par le nom; aujourd'hui encore la plupart des êtres mâles sont désignés par des noms du genre masculin, et presque tous les

êtres femelles, par des noms du genre féminin. Les êtres inanimés, n'ayant point de sexe, ne devraient être ni masculins ni féminins, et l'on aurait dû leur attribuer à tous le genre que les Grecs et les Latins appelaient neutre: cette distinction toute logique n'ayant pas été faite, les noms désignant des objets inanimés ont reçu arbitrairement ou le genre masculin ou le genre féminin.

Des noms masculins se forme un très-grand nombre de noms féminins correspondants par l'addition de l'e muet ou par une simple modification de la finale: ours, ourse; lapin, lapine; berger, bergère; chien, chienne; chat, chatte; lion, lionne; loup, louve; daim, daine; etc.

Souvent on désigne le mâle et la femelle par des noms tout à fait différents homme, femme; taureau, vache; cerf, biche; bélier, brebis; sanglier, laie; etc.

Très-souvent aussi on se sert du même mot pour désigner le mâle et la femelle, et ce mot est ou masculin ou féminin.

Ainsi les noms masculins suivants désignent les animaux mâles et femelles : écureuil, corbeau, perroquet, requin, rhinocéros, crabe, crapaud, etc.;

Et les noms féminins qui suivent se disent à leur tour du mâle aussi bien que de la femelle : baleine, corneille, grenouille, perruche, etc.

Mais, comme nous l'avons dit, on a attribué arbitrairement aux noms de choses un de ces deux genres; et, en prenant pour raison la finale masculine ou féminine, l'étymologie ou la dérivation, on a fait les uns masculins et les autres féminins.

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De cette classification arbitraire, il est résulté des changements fréquents dans le genre qu'on leur a attribué; quelques-uns sont devenus féminins de masculins qu'ils étaient primitivement, et d'autres ont quitté le genre féminin pour prendre le masculin (1): il est résulté de là qu'aujourd'hui même on est incertain du genre que l'usage a décidément attribué à beaucoup d'entre eux.

Nous croyons donc devoir donner le tableau des noms dont le genre pourrait être aujourd'hui l'objet d'un doute.

(1) Les écrivains du seizième siècle faisaient du genre masculin: affaire, date insulte, rencontre, etc.; et du genre féminin: áge, art, exemple, navire, ouvrage, poison, etc. V. SUPPLÉMENTS HISTORIQUES, t. II.

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